Réédition du meilleur de Métal Hurlant et couvertures de Fluide Glacial : la nostalgie des belles heures du magazine de BD fait bon ménage en librairie, pour un média qui a perdu de sa superbe.
Il y a eu un lancement à la rentrée 2024, « Charlotte Mensuel », qui a réuni un grand casting autour de Bastien Vivès : Chris Ware, Florence Cestac, Louis Paillard illustrant Michel Houellebecq… Mais le modèle économique est fragile. « Il est trop tôt pour dire si ça va marcher. Je n’ai que les résultats du numéro 1, environ 10 000 exemplaires. Mais rien que le fait d’être le premier mensuel de bande dessinée généraliste lancé depuis la fin d’À suivre en 1997, c’est déjà quelque chose», estime son éditeur, Vincent Bernière. Il a été à l’origine de la relance de Métal Hurlant en 2021, sous la forme d’un trimestriel. Ce magazine mythique de bande dessinée de science-fiction fête ses 50 ans en 2025, de manière flamboyante. L’éditeur Les Humanoïdes Associés publie tous les deux mois une rétrospective par décennie. « Opus Humano 1975-1985 », numéro 1, est sorti en septembre. « Opus Humano 1985-1995 », 6 novembre. Les trois décennies suivantes paraîtront en janvier, mars et mai. “Cinquante ans, c’est beaucoup de matière”, concède à l’AFP l’un des cofondateurs, l’éditeur de bandes dessinées Jean-Pierre Dionnet. « Je voyais de plus en plus de jeunes qui, soit avaient hérité de la collection de numéros de Métal Hurlant de leur père, soit s’y intéressaient d’une autre manière. Ces jeunes croient en une mythologie des merveilleuses années 70. Je ne les induis pas en erreur, mais nous avions aussi nos soucis. Pour eux, c’était la liberté. Pour moi, des années avec des aspects sombres”, poursuit-il. La science-fiction des Druillet et autres Moebius le reflétait : « Quand on parlait du futur, on était dans une sorte de futurisme bienheureux, de rêve post-américain. Nous, Métal Hurlant, en avons fait un cauchemar, celui de « l’hyperconsommation ».
Même constat chez Jean-Pierre Dionnet et Vincent Bernière : le magazine est un format qui souffre du changement d’habitudes, celle d’aller chez son marchand de journaux. «C’est un énorme problème. Je suis à Livry-Gargan et il faut aller très loin pour en trouver un », constate le premier, qui habite en banlieue parisienne. « Le réseau, comme on dit, celui des points de vente, semble moins réactif d’année en année », ajoute le second.
Fluide Glacial, mensuel à l’humour irrévérencieux, fête également ses 50 ans en 2025. Il vit, sans publicité, soutenu par un éditeur de bandes dessinées, Bamboo, et, à l’occasion de ses 45 ans, il avait lancé un abonnement en ligne où il a déploré « la disparition progressive des points de vente, kiosques, maisons de presse ». Pas question de laisser passer Noël, période cruciale des soldes : il publie le 7 novembre sa rétrospective de « 50 ans de reprises », qui rassemble des dizaines de noms comme Gotlib, évidemment, Franquin, Tronchet, Larcenet, Charb, Sattouf. , et d’autres familiers aux amateurs de bandes dessinées humoristiques françaises. Le livre, à 34,90 euros, ne rapporte pas un an d’abonnement. Ainsi, sur la dernière page, le co-fondateur Gotlib, décédé en 2016, représente un vieil homme barbu vêtu de blanc qui se plaint de numéros manquants. « Vous aussi… Faites comme Dieu… Abonnez-vous !