En 2008, Lise (1) perd son bébé Sofia, enceinte de cinq mois, un drame qui bouleverse sa vie mais qui a aussi forgé sa résilience.
« A cette époque, j’avais 31 ans et je vivais à la Réunion avec mon mari, Paul. J’étais déjà maman d’Alice, âgée de deux ans. Et quand j’ai appris que j’allais être maman pour la deuxième fois, je suis aux anges, c’est une grossesse paisible et je suis très heureuse.», se souvient-elle.
Mais à l’échographie du cinquième mois, tout a changé. “Je viens avec ma fille aînée. C’est lors de ce rendez-vous que l’on me communiquera le sexe du bébé. Mais très vite, lors de l’examen, le médecin se fige. Je comprends qu’il y a un problème.
Le verdict est sans appel : le cœur de Sofia s’est arrêté. La jeune maman est totalement abasourdie, le monde autour d’elle s’effondre. « Je suis abasourdi, perdu. Je sors de la salle d’échographie en croisant d’autres futures mamans, sans comprendre ce qui m’arrive.»
“Je porte la mort dans mon ventre”
Après l’annonce du décès de son bébé, Lise doit attendre trois jours avant d’être soignée à l’hôpital de La Réunion. “ La grossesse étant bien avancée, je dois accoucher de mon bébé. Je gère le quotidien, en prenant soin de ma fille Alice sachant que je porte la mort dans mon ventre. Heureusement, mon mari Paul est très présent. Il appelle tous les membres de notre famille pour expliquer la situation. Je me suis mis dans une bulle, me sentant terriblement coupable et ne voulant parler à personne.
Puis arrive le jour tant redouté de l’accouchement. « Je me retrouve à la maternité, entourée de femmes avec leurs bébés, et je suis la seule dans ce malheur. C’est une situation très déstabilisante, presque humiliante. Autour de moi, l’équipe médicale reste silencieuse, ne sachant que me dire, évitant mon regard.
Désemparée, Lise demande encore si elle doit voir son bébé et s’il est conseillé de le tenir dans ses bras. « L’infirmière qui m’accompagne suggère à mon mari d’attendre dans une pièce à l’extérieur, disant que voir un bébé mort peut être très traumatisant et qu’il vaut mieux qu’il reste à l’écart. Totalement impuissants, nous suivons ses recommandations.
“Elle est née sans un bruit”
C’est dans un silence froid, seule dans la salle d’accouchement, que Lise accouche de Sofia. “Elle est née sans un bruit. Comme l’a suggéré l’infirmière, je ne veux pas la voir. Je n’ai donc aucun souvenir d’elle. Avec le recul, je ne peux pas dire si je regrette cette décision ou non. Aujourd’hui, je me dis que c’est peut-être mieux ainsi.
Sofia a été enterrée dans un caveau spécial à Saint-Pierre quelques jours plus tard. Ensuite, les résultats de l’autopsie ont révélé un possible problème placentaire. « Le médecin n’est pas sûr à 100 % de la cause. J’ai subi une amniocentèse quelques semaines avant le décès de Sofia et mon mari et moi nous demandions depuis longtemps s’il y avait un lien. Aujourd’hui « Aujourd’hui, nous sommes résignés : nous ne connaîtrons jamais la vérité. »
Pour le couple, le plus dur est de rentrer chez eux. «Je n’ai bénéficié d’aucun soutien psychologique depuis l’annonce de la perte de Sofia jusqu’à mon retour chez moi. Avec le recul, je me dis que j’aurais vraiment eu besoin de soutien pour prendre les décisions liées à ce deuil, mais aussi pour affronter le regard des autres, leur gêne, leur pitié, leur silence, leurs paroles maladroites. J’ai peur de croiser quelqu’un dans la rue et qu’il finisse par me parler de ma grossesse. “
Lise doit aussi faire face à un retour au travail. “J’ai une boule au ventre depuis des semaines. Je retiens mes larmes, j’essaie de faire preuve de courage alors que je suis encore sous le choc.
Une date anniversaire qui reste un moment difficile
Malgré ce drame, Lise souhaite rapidement reprendre sa vie en main. Elle a fait une fausse couche puis est tombée enceinte quelques mois plus tard. “Je suis bien soigné mais j’ai peur de perdre un deuxième bébé. En 2009, elle donne naissance à une petite fille : Louise. Vient ensuite Marion, la plus jeune de la fratrie.
Seize ans après ce drame, le souvenir de Sofia, sa petite star disparue, est toujours présent. « Chaque année, l’anniversaire de sa naissance reste un moment difficile. Elle fait partie de moi et elle ne sera jamais oubliée. Malgré tout, avoir eu deux enfants après ce drame est la preuve que de belles choses peuvent arriver après l’impensable.»
1. Les prénoms ont été modifiés.
Des associations soutiennent les parents en deuil
De nombreuses associations d’accompagnement en deuil périnatal se sont développées, proposant des groupes de soutien et des ressources.
- Association Clara
Site Internet : association.clara.free.fr
- Association « L’Enfant Sans Nom »
Site Internet : lenfantsansnom.fr
Mail : [email protected]
- Association « Né et Vivre »
Site Internet : naitre-et-vivre.org
- Association « Vivre son deuil »
Site Internet : vivresondeuil.asso.fr
- Association « Nos petits »
Site Internet : nostoutpetitsdenice.org
Mail : [email protected]