Biden autorise l’Ukraine à lancer des missiles à longue portée contre la Russie… ou presque !

Grèves en Russie…

Ce dimanche 17 novembre, lePresse associée a annoncé que Joe Biden, président des États-Unis, avait autorisé l’Ukraine à utiliser des armes à longue portée fournies par les États-Unis lors d’attaques en Russie. Auparavant, les forces armées ukrainiennes se limitaient à attaquer en Russie, mais à proximité de la frontière avec l’Ukraine. Désormais, selon des sources anonymes de l’AP, les missiles balistiques à courte portée (SRBM) du Army TACtical Missile System, plus connus sous l’acronyme ATACMS, pourront donc toucher des cibles bien plus éloignées de cette zone frontalière.

…mais pas partout !

Mais cette décision en cache une autre ; alors que de nombreux médias publient des cartes de cibles potentielles en Russie, le New York Times annonce:

Les autorités ont déclaré que les Ukrainiens utiliseraient probablement d’abord les missiles contre l’Ukraine. [militaires] Russes et Nord-Coréens menacent les forces ukrainiennes [l’oblast] depuis Koursk, Biden pourrait les autoriser à utiliser ces armes ailleurs.

La fin de cette déclaration est très importante car elle annonce indirectement que le président américain n’autoriserait ces attaques qu’en Russie et à longue distance… autour des positions ukrainiennes dans la seule région de Koursk. Alors évidemment les sources du New York Times annoncent la possibilité de frappes en dehors de l’oblast mais seulement avec l’autorisation du président Biden. Cela n’autorise cependant pas, pour l’instant, ces attaques à longue distance « dans toute la Russie ».

En tout cas, c’est une nouvelle fois une ligne rouge annoncée par les partisans de l’Ukraine qui est franchie : avant il était hors de question de fournir des avions de combat F-16AM Fighting Falcon, des missiles de croisière longue portée, des missiles balistiques,… et à chaque fois , avec un peu de temps, ces lignes rouges ont été franchies. A noter que ces lignes rouges ont été tracées par les mêmes pays qui les ont annoncées. C’est aussi, une fois de plus, la démonstration que l’autorisation arrive trop tard, après plus de deux ans et demi de guerre et avec, une fois de plus, une limitation non pas du nombre de F-16 ou de missiles fournis, mais du moins de les zones qui pourraient être touchées, à savoir la région de Koursk.

Des restrictions déjà en place

Il convient de noter que les armes, fournies ou non par les États-Unis et ayant une certaine portée et précision, sont à chaque fois utilisées par les forces armées ukrainiennes avec des restrictions quant à leur utilisation. Aucune annonce officielle ne confirme ces restrictions mais les différents usages filmés permettent d’en connaître deux.

La première règle autoriserait l’utilisation de ces armes uniquement dans le cadre d’attaques contre des cibles militaires. Cela peut paraître logique, par exemple avec les attaques de missiles de croisière SCALP-EG/Storm Shadow sur le quartier général de la flotte russe de la mer NoireIls sont un sous-marin et un navire de débarquement à Sébastopol ou même un Attaque ATACMS sur l’épave du même sous-marin. Mais cette règle inclut également des objectifs qui, à première vue, ne sont pas militaires. Cela était particulièrement vrai en août 2023, lorsqu’un une partie des ponts routiers et ferroviaires entre la Crimée et l’Ukraine ont été détruits des hits SCALP-EG/Storm Shadow. Ces ponts, en effet, utilisés par les civils, servaient aussi et surtout à la logistique des forces armées russes pour soutenir les différentes unités déployées dans le sud et le sud-ouest de l’Ukraine.

Au niveau de la deuxième règle, elle limite la première au niveau de certains objectifs spécifiques. En effet, même si des cibles militaires peuvent être touchées, certaines sont totalement intouchables. Pour rester sur les ponts, l’un d’entre eux est hautement stratégique : il s’agit du pont de Crimée, un ouvrage comprenant un pont ferroviaire et un pont routier. Sans ce véritable cordon ombilical, la Crimée n’est reliée à la Russie que par quelques navires… ou par un immense détournement via le sud de l’Ukraine. Cependant, les bombardiers tactiques Su-24 Fencer équipés de missiles de croisière SCALP-EG/Storm Shadow peuvent frapper ce pont depuis les lignes ukrainiennes. La confirmation a été fournie par les Ukrainiens eux-mêmes, lorsque la corvette Askold avait été touchée coup sur coup par deux de ces missiles. Il a ensuite été amarré à la base navale de Zaliv, à seulement 8 kilomètres au sud des ponts de Crimée. Il semble cependant que la valeur stratégique de ce pont empêche les militaires ukrainiens de disposer de la précieuse autorisation de frapper cette structure.

ATACMS en solo ?

Reste à savoir si cette autorisation s’applique uniquement aux SRBM ATACMS ou à d’autres systèmes longue portée fournis par les États-Unis. En effet, les forces armées ukrainiennes ont reçu de nombreuses munitions américaines d’une certaine ampleur :

  • missile antiradar AGM-88 HARM
  • Missile balistique à courte portée ATACMS, dans sa version M39 Block I (sous-munitions) d’une portée de plus de 160 kilomètres. Une version similaire mais avec une portée plus longue (300 kilomètres) se trouve peut-être en Ukraine mais il n’est pas possible de confirmer cette livraison avec une image.
  • Bombes planantes Munition d’attaque directe conjointe à portée étendue (JDAM-ER)largué par des avions de combat ukrainiens et capable de planer sur 72 kilomètres (diminue en fonction de l’altitude et de la vitesse de chute).
  • Bombe planante de petit diamètre GBU-39B, notamment vue sous un avion de combat ukrainien MiG-29 Fulcrum et capable de planer sur plus de 111 kilomètres (diminutions en fonction de l’altitude et de la vitesse de chute).
  • bombe suspendue Bombe lancée au sol de petit diamètre (GLSDB)la version SDB mais tirant sol-sol, à partir de lance-roquettes multiples M142 HIMARS ou M240 MLRS et avec une portée de 150 kilomètres.

Il est à noter que les attaques à longue distance nécessitent, par définition, un certain temps avant de lancer le tir : il faut localiser la cible, transmettre l’information aux centres de commandement, autoriser l’attaque et éventuellement demander l’autorisation au pays. qu’il l’a fait. l’arme à longue portée, active le système capable de lancer la munition en question… et enfin tire la munition vers sa cible. Il est donc totalement impensable d’utiliser ces armes – en Russie ou même dans les zones occupées par les forces russes en Ukraine – sur des systèmes mobiles. En fonction de la charge emportée, ces systèmes cibleront alors des cibles ou des installations faiblement mobiles. Outre les missiles anti-radar, il faut donc s’attendre à des attaques contre des bases aériennes, des postes de commandement, des groupes de troupes, des dépôts de munitions… Par ailleurs, la première attaque ATACMS confirmée a vu pas moins de 21 hélicoptères de modèles différents endommagés ou détruits sur place. Aéroports de Louhansk et Berdiansk. Le 23 juin, une attaque avec ces mêmes missiles a vu le destruction des installations du centre spatial russe en Crimée.

De nombreuses inconnues

Cette annonce ne concerne que les systèmes américains, mais le Royaume-Uni avait par exemple annoncé qu’il refuserait toute autorisation à l’Ukraine pour des attaques à longue portée en Russie pour suivre la ligne américaine. La n’avait pas annoncé de décision similaire mais le fait est qu’aucun Storm Shadow (anglais) ni SCALP-EG (français) n’a touché une cible en Russie à longue distance de la frontière avec l’Ukraine. Il faudra donc voir si cette décision de la Maison Blanche va « lancer » ces missiles vers la Russie, dans la région de Koursk ou plus loin ?

Cette annonce ouvre donc de nombreuses questions : la décision entraînera-t-elle uniquement l’utilisation d’ATACMS, d’autres munitions américaines ou encore de munitions similaires provenant d’autres pays ? Ces utilisations seront-elles limitées à Koursk uniquement ? Les objectifs militaires seront-ils priorisés et dans quel but ?… Encore une fois, les réponses à ces nombreuses questions viendront peut-être d’éventuelles annonces officielles mais aussi et surtout du terrain grâce aux informations disponibles dans les sources ouvertes (OSINT).

 
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