Quand les données éclipsent la Fed

Quand les données éclipsent la Fed
Quand les données éclipsent la Fed

Conformément aux attentes, la Réserve fédérale (Fed) a maintenu son taux d’intérêt entre 5,25% et 5,5% tout en révisant à la baisse les perspectives d’assouplissement monétaire pour 2024. La prévision médiane des 19 membres du comité de politique monétaire (FOMC) ne préfigure qu’une seule réduction. du taux des Fed funds avec une marge comprise entre 5% et 5,25%. Le camp de ceux qui prédisent un taux inchangé jusqu’à la fin de l’année compte désormais quatre membres, tandis que huit participants prédisent deux baisses de taux en 2024.

Même si le dot plot suscite encore d’innombrables commentaires, il convient de garder à l’esprit la fragilité de ces prédictions. Les banquiers centraux qui se lancent dans le jeu des prévisions ne sont pas dupes et risquent de changer d’avis en fonction du message transmis par les sacro-saintes données. Ironiquement, la « capitulation » du FOMC a été éclipsée par la tendance encourageante de l’inflation en mai.

Inquiétante tout au long du premier trimestre, puis modérée en avril, la hausse des prix à la consommation s’est révélée modeste en mai (0,0 % sur un mois et 3,3 % sur un an). Hors énergie et alimentation, les prix à la consommation ont augmenté de 0,16% sur un mois et de 3,4% sur douze mois. Un bon chiffre mensuel ne devrait pas suffire à restaurer la confiance des banquiers centraux, mais une baisse significative au cours de l’été pourrait inciter la Fed à adopter un cap moins restrictif à partir de septembre.

La baisse des prix à la production en mai (-0,2% mensuel, 2,2% sur un an), la hausse régulière des demandes d’indemnisation du chômage et la dégradation de la confiance des consommateurs sont autant de symptômes qui devraient inciter la Fed à assouplir sa politique monétaire avant la la fin de l’année. Sur le marché des capitaux en dollars, le rendement du T-Note américain à 10 ans a chuté de plus de 20 points de base pour s’établir autour de 4,25%, bien en dessous du niveau de 4,6% observé fin mai.

En Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé sous la barre des 2,4%. Cette baisse est principalement imputable aux évolutions outre-Atlantique. La dette allemande affirme également son statut de valeur refuge par rapport à la dette française, récemment dégradée à AA- par Standard & Poor’s. Le pari risqué d’Emmanuel Macron, susceptible de conduire à une situation parlementaire chaotique, voire à une victoire de l’extrême droite populiste, mérite une prime de risque majorée. Le « spread » entre le Bund et l’OAT à 10 ans atteint 80 points de base, à comparer avec un spread d’un peu moins de 50 points de base avant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.

En dehors de la zone euro, les rendements en livres sterling et en francs suisses ont également fortement chuté dans le sillage des rendements en dollars. La Banque d’Angleterre devrait toutefois annoncer jeudi qu’elle maintiendra son taux directeur à 5,25 %. Malgré un léger ralentissement du marché du travail britannique, l’inflation des salaires se situe à un rythme proche de 6%, susceptible d’alimenter une « boucle prix-salaires ».

En Suisse, le statu quo a la cote depuis que Thomas Jordan a évoqué les risques d’inflation résultant d’une éventuelle sous-évaluation du taux d’intérêt d’équilibre. Toutefois, une réduction du taux de dépôt ne serait pas déraisonnable compte tenu du bon comportement de l’inflation et du récent rebond du franc.

 
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