La campagne a été longue, parfois rude, mais elle a permis à Éric Lacour (63 ans) et Jonathan Blondy (33 ans) de rencontrer la quasi-totalité des clubs de Dordogne, afin de présenter leurs projets pour les quatre années à venir. Les deux candidats vont désormais se soumettre au vote lors de l’assemblée générale élective, prévue samedi 22 juin, à Périgueux.
Pourquoi avez-vous décidé de vous (re)présenter ?
Éric Lacour Parce que c’est un mandat frustrant qui touche à sa fin pour moi, on n’a pas fini ce qu’on voulait faire. Il y a eu le Covid qui a impacté deux saisons, même si l’épidémie a débuté à la fin du mandat de Patrick Mattenet. Frustrant aussi parce que cette année a été compliquée à cause du mauvais temps. Cela a créé une charge de travail colossale pour les comités et les employés. Il faut remercier les clubs de jouer le jeu avec des matches en semaine et les jours fériés.
Jonathan Blondy J’avais des idées, venant de ma proximité avec les clubs. J’ai été élu en 2020 avec Éric, mais je me suis vite rendu compte que je n’avais pas la même vision. J’ai aussi vu que ma vision du football de demain et mes idées étaient partagées par de nombreux acteurs.
Quel tableau dressez-vous de la situation actuelle dans le District ?
EL Nous sommes à +6% de licences cette saison, nous sommes repassés au dessus des 14 000 adhérents. C’est aussi parce que certains ont plusieurs licences mais nous, nous sommes plutôt bons. Financièrement, nous sortons de deux années difficiles même si les fonds propres restent solides. Nous sommes en équilibre sur le budget du chef-lieu de District [NDLR : à Marsac]. Il y a une retraite qui ne sera pas remplacée. Nous travaillerons différemment pour mieux faire dans la recherche de partenaires. Le budget est compris entre 450 000 et 470 000 euros.
JB La situation du District est délicate puisqu’il est déficitaire depuis plusieurs saisons. Derrière cela, ce sont souvent les clubs qui sont impactés. Nous devons repenser la manière de le gérer, avec une approche plus professionnelle. Près de 500 000 euros de budget, des salariés, un siège social, il faut le gérer comme une microentreprise. Un audit financier est nécessaire à réaliser. Nous rencontrerons les employés très rapidement pour restructurer les opérations. En ce qui concerne le football départemental, nous avons plus de licences mais pas plus de licenciés : nous avons plus de gens qui sont multitâches. Il y a un ralentissement du volontariat, il faut le promouvoir.
« Ce qui me tient à cœur, c’est de servir de facilitateur auprès des communes »
Le District gagne des licences mais perd des clubs. Comment préserver ces associations ?
EL Nous sommes en zone rurale, la population diminue. C’est comme en politique, il y a des communautés de communes, des villes qui se regroupent pour se renforcer, des clubs font pareil. Mais les fusions ne réussissent pas toujours ; ils doivent être bien préparés. Nous avons encore de nombreux clubs familiaux de moins de 50 membres qui font vivre les villages.
JB En quatre ans, on est passé de 120 clubs à moins de 100. Il faut pouvoir arrêter l’hémorragie. Le football est le reflet de la société, il y a un désinvestissement assez massif dans nos communautés, qui ne se rendent pas compte de l’attrait du tissu associatif. Les clubs doivent être mieux structurés, mieux accompagnés par le District dans leur rapport au politique, administrativement. Les bénévoles s’arrêtent car les tâches sont trop lourdes. Nous devons les aider, cela contribuera à les ramener.
Éric Lacour avec Philippe Diallo, président de la FFF, à l’occasion des 100 ans du District.
Michel Faure
Comment développer le football chez les femmes et les jeunes ?
EL Avant la fusion des ligues, l’Aquitaine était à la traîne du Centre-Ouest. Nous avons essayé de rattraper notre retard en créant des U15 et des U18 féminins. On a encore 15 à 20 équipes seniors à 8, à 11, ça se développe, des clubs vont se lancer la saison prochaine. Nous proposons des compétitions communes avec les Districts voisins, également entre jeunes.
JB Le football féminin doit être traité comme le football masculin. La commission féminine ne sera pas là pour gérer les compétitions, ce seront les commissions sports et jeunesse qui s’en chargeront. A partir de la saison 2025-2026, nous mettrons en place un système de va-et-vient, y compris dans le football à 8. Nous souhaitons encourager le regroupement de ces équipes le week-end pour découvrir le football à 11. Nous pouvons avoir notre propre championnat féminin à 11, mais nous devons aider les équipes à 8 à changer et à alléger les contraintes. Chez les jeunes, il faut arrêter le « championnat » avant les U13.
« Modifier le calendrier général en donnant la priorité aux championnats dans les premiers mois »
La longue saison qui s’achève a été marquée par des reports et des matchs en semaine en raison des conditions météorologiques. Faut-il revoir l’organisation des compétitions ?
EL On reviendra à 12 équipes en D1. Il faudra tirer les leçons de cette saison et peut-être revoir la pyramide une fois la réforme nationale et régionale digérée. Je ne veux pas aller à 10 équipes, c’est trop peu de matches.
JB Nous ne pouvons pas nous cacher derrière la météo. Nous souhaitons modifier le calendrier général en donnant la priorité aux championnats des premiers mois de la saison, y compris les tours de Coupe de France ou régionales où, très vite, peu de clubs de District sont concernés. Les coupes départementales attendront décembre. Notre idée est de maintenir la D1 à 14 pendant encore deux ans pour absorber la réforme. Ensuite, on peut revenir à des poules de 12.
Jonathan Blondy est arbitre au niveau régional.
Archives Philippe Greiller
Que peut faire le District pour mieux aider, mieux soutenir les clubs, dans les demandes de subventions, le financement des employés, l’administration, etc. ? ?
EL Ce qui est important pour moi, c’est de servir de facilitateur auprès des municipalités. Lorsqu’on est au courant dès le début d’un projet, celui-ci réussit très souvent. Je souhaite qu’on mette en place des rencontres par secteurs avec les communes et les clubs. Plus les infrastructures progressent, plus nous pouvons garder nos jeunes. On peut toujours faire mieux, mais on soutient déjà les clubs sur un point administratif.
JB Les clubs ont besoin d’une réponse le vendredi soir, le mercredi, le week-end, lorsqu’ils sont des lieux très fréquentés. C’est ce que nous proposons. Le soutien des bénévoles aidera à développer les clubs. Un mot m’est cher, c’est la structuration des clubs. Nous pouvons être actifs et bénévoles, mais différemment. Il y a un rajeunissement des dirigeants.
Les relations avec la Ligue, parfois tendues ces dernières années, devraient-elles s’apaiser ?
EL Je soutiens Matthieu Raby, je ne m’en cache pas. Je connais aussi François Grenet et je crois être assez sage pour travailler avec lui s’il est élu dans l’intérêt de tous.
JB Nous devons travailler main dans la main avec la Ligue, quel que soit le président élu. Nous n’avons aucun intérêt à ce que nos clubs soutiennent une liste plus qu’une autre.
Seriez-vous prêt à travailler avec des membres de la liste d’opposition ?
EL La porte n’est fermée à personne sauf à une ou deux personnes avec lesquelles elle a été très conflictuelle. Je n’exclus personne. Je suis un homme de dialogue.
JB Nous voulons être un projet fédérateur. Nous souhaitons rassembler tout le monde dans l’intérêt du football départemental. Si les membres de mon équipe veulent travailler avec Eric s’il est élu, tant mieux. Nous n’avons rien contre Eric et les membres de sa liste.
Manuel
Les élections auront lieu samedi 22 juin lors de l’assemblée générale organisée à Périgueux, au centre départemental Joséphine-Baker. Les clubs disposent de deux à dix voix, proportionnelles à leur nombre de licenciés. Les 26 membres de la liste ayant obtenu la majorité seront élus au comité directeur pour quatre ans.
