Deux ans après le meurtre de Lola à Paris, une instruction qui trouve une traduction judiciaire. Dahbia Benkired sera jugée aux assises pour « le meurtre d’une mineure de 15 ans accompagné ou précédé de viols, de tortures ou d’actes barbares, au préjudice de la jeune Lola, ainsi que pour les viols commis sur mineure avec tortures ou actes barbares », L’AFP a appris vendredi 15 novembre le parquet. Dahbia Benkired, qui était soumise à une obligation de quitter le territoire au moment des faits, risque la réclusion à perpétuité.
Avocate de la famille de Lola, Me Clotilde Lepetit saluée “une instruction qui montre le sérieux et le travail qui a été consacré à cette affaire pénale hors du commun”. la mère de Lola « Madame Daviet a souhaité que se tienne un débat juridique au plus haut niveau afin que soient jugés les crimes terribles commis contre sa fille. Nous l’aurons”. « Nous espérons que les débats nécessaires à la vérité judiciaire se dérouleront dans le calme, loin de l’agitation médiatique et des absurdités des réseaux sociaux », ont réagi auprès de l’AFP Mes Alexandre Silva et Lucile Bertier, les avocats de la défense.
Agressions sexuelles et lésions multiples
Tard dans la soirée du vendredi 14 octobre 2022, Lola, qui n’était pas rentrée du collège dans l’après-midi, a été retrouvée sans vie dans une caisse en plastique, dans la cour intérieure de l’immeuble de la capitale où elle habitait. Alors qu’il cherchait sa fille, son père, gardien de la résidence, avait vu sur des images de vidéosurveillance Lola entrer dans le hall vers 15h15 avec une femme qu’il ne connaissait pas. Cette dernière, qui avait rejoint sa sœur qui habitait l’immeuble, a quitté la résidence vers 17 heures en tirant de lourds bagages dont une malle en plastique.
La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne avait interpellé samedi matin à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) la suspecte, Dahbia Benkired, une jeune Algérienne née en 1998, entrée légalement en France en 2016 avec un titre de séjour. ‘étudiant. En garde à vue, elle a déclaré avoir “imposé [à Lola] se doucher avant de commettre contre elle des agressions sexuelles et d’autres violences qui ont entraîné la mort. Elle aurait caché le corps dans la caisse. La procureure de Paris, Laure Beccuau, l’avait alors signalé dans un communiqué. L’autopsie a révélé que Lola était morte par asphyxie. Son corps montrait «plusieurs autres lésions», surtout au niveau du cou, mais pas « de blessure traumatique à la sphère sexuelle ».
Face à la violence des événements et à l’incohérence des propos du suspect, ce dernier a fait l’objet d’une expertise psychiatrique. L’examen n’avait pas noté « aucun trouble psychique ou neuropsychologique ayant aboli ou altéré son discernement » même si, “sur le plan social (et non sur le plan psychiatrique), sa dangerosité doit retenir toute l’attention”. Dans son ordonnance de renvoi, le parquet rapporte que deux autres médecins ont alors conclu que « l’existence d’un comportement manipulateur résultant d’une personnalité pathologique ou d’une stratégie, et non d’une pathologie psychiatrique majeure ».
Reprise politique
Son fait qu’elle soit encore présente en France avait suscité des critiques virulentes à droite et à l’extrême droite, Eric Zemmour ayant pris les devants avec le terme de « francocide », lorsque le sénateur LR de l’époque Bruno Retailleau avait déposé une proposition de loi pour punir. “non-assistance aux Français en danger”. Le gouvernement en retour fustigé “indécence” de ceci « reprise politique ». “Utiliser le cercueil d’une jeune fille de 12 ans comme on utiliserait un escabeau est une honte”, a tonné Eric Dupond-Moretti. Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, commentait : « Elle arrivait régulièrement comme étudiante sur le territoire national. Cela fait à peine un mois qu’elle a dû quitter le pays. [en réalité, près de deux, ndlr]les choses se sont donc déroulées dans des conditions malheureusement imprévisibles, d’autant plus que cette personne est probablement elle-même connue comme victime de violences conjugales.
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux collégiens, ont participé à une émouvante marche blanche en hommage à Lola, au cours de laquelle sa mère a pris la parole : « C’est dans ces temps difficiles, d’une extrême violence, que le meilleur côtoie le pire. Le meilleur c’est toi ici présent, c’est la solidarité, c’est la fraternité […]. Le pire, c’est l’utilisation de l’image de notre fille à des fins commerciales ou politiques.»
Le père de Lola, “dévasté” tragiquement, est décédé début 2024. février. « Johan Daviet avait la tête et le cœur trop près de l’enfer depuis les actes commis contre sa fille. Il dégringolait. Sa crise cardiaque est l’épilogue de cette descente aux enfers. a commenté son avocat, qui représente toujours la mère de Lola.