La communauté musicale choquée par l’annonce du décès de Jodie Devos

La communauté musicale choquée par l’annonce du décès de Jodie Devos
La communauté musicale choquée par l’annonce du décès de Jodie Devos

Dimanche, l’annonce par l’agence artistique Intermezzo du décès, à Paris, de la soprano Jodie Devos à l’âge de 35 ans a créé un véritable émoi dans le monde de la musique classique, où l’artiste belge, qui a fait ses débuts au Québec en octobre dernier dans Lucie de Lammermoorlaisse une empreinte très forte.

« C’est avec une infinie tristesse que nous vous annonçons le décès de notre artiste Jodie Devos à Paris le 16 juin 2024. Personnalité exceptionnelle, lumineuse et aimée de tous, son départ brutal laisse un immense vide dans le cœur de tous ceux qui ont eu la chance. pour la connaître», précise le communiqué laconique d’Intermezzo.

Didier Martin, le directeur de son éditeur de disques, Alpha, où Jodie Devos a notamment laissé deux récitals (« Offenbach Colorature » et « Bijoux volés ») semblables à des diamants éternels et salués comme tels dans nos sélections discographiques, dit un peu plus : « Jodie combattait le cancer avec beaucoup de courage depuis plusieurs mois. Elle est revenue sur scène au Théâtre des Champs-Élysées le 30 avril avec beaucoup de détermination, mais son état s’est brutalement aggravé il y a quelques jours. »

Un artiste lumineux

Écrit : « Cette nouvelle, si irréelle et si injuste, nous bouleverse tous profondément. Jodie n’avait que 35 ans et était au sommet de sa forme. On sait combien elle était aimée de ses collègues, de toute la communauté musicale et du public bien sûr », résume Didier Martin le choc qui s’est abattu à la fois sur le public, qui appréciait cette lumineuse chanteuse, et sur les collègues qui travaillaient. avec elle et qui, pour la grande majorité, sont confrontés à une nouvelle à laquelle ils ne s’attendaient en aucun cas.

Quand Le devoir avait parlé à Jodie Devos en octobre 2023, avant ses prestations à l’Opéra de Québec, où elle était flamboyante, la chanteuse révélée par le Concours Reine Elisabeth (deuxième prix, 2014) nous a confié : « Je suis peut-être une mozartienne d’à bord. . Le baroque est venu plus tard avec Leonardo García Alarcón et Christophe Rousset. J’ai commencé ma carrière avec La Reine de la nuit, mais avec le répertoire français à côté. Leonardo García Alarcón, pour sa part, a entendu le Airs de concerts de Mozart dans ma voix. « .

Le grand chef argentin Leonardo García Alarcón lui a rendu dimanche le plus bel hommage : « Adieu, Jodie, adieu au Divin. Aucune musique sur terre ne pourra exprimer le manque que ton absence provoque en nous aujourd’hui, chère Jodie. Ta voix était gardienne de la beauté, le plus bel ornement de notre ciel et la lumière de toute la terre, la plus tendre caresse musicale que l’air ait connue. Je crois que je n’ai jamais éprouvé cette sensation, ce sentiment de vouloir offrir aujourd’hui ma propre existence en échange de la tienne, pour que ce monde continue de bénéficier de ton être, de ta voix, de ton Art et de ton sourire, ce sourire qui a pris soin du âmes de tous ceux qui vous entourent, de votre famille, de vos collègues et de votre public. Le monde ne sera plus le même sans vous : cette phrase semble avoir été inventée pour aujourd’hui. Quelle erreur monumentale de vie inattentive. Je suis confus, mais nous sommes tous en colère, et ne pas l’admettre serait insignifiant. Vous étiez pour beaucoup d’entre nous le sens ultime de ce qu’un être humain artistique doit provoquer lors de son passage dans ce monde, le symbole même de l’amour, de la passion, de l’humilité et du dévouement pour la musique. »

Rien en octobre dernier ne laissait présager ce qui ébranle aujourd’hui le monde musical. Nous avons conclu notre dialogue sur l’avenir ainsi : « J’aime pouvoir garder un pied dans tous les répertoires. Certains diront que c’est dangereux. Il pourrait être. Il faut le faire en pleine conscience. […] Peut-être qu’à un moment donné, ma voix se sentira mieux dans un certain style, et les théâtres ne me le demanderont plus, mais je me sens chanceuse de pouvoir me confier tous ces répertoires. J’adore chanter Rameau, c’est tellement puissant et intelligent ; Mozart me défie vocalement et me ramène à une technique solide, et dans Verdi j’explore des personnages fabuleux avec la musique que j’aime le plus. Je dois entretenir mon instrument pour être à la hauteur des défis vocaux. Et j’aime les défis. »

En effet, le potentiel d’évolution de la voix – une soprano colorature, mais avec beaucoup de matière – et l’éventail des répertoires dans lesquels elle était appelée à se déployer étaient quasiment illimités. Alexandre Dratwicki, le directeur artistique du Palazzetto Bru Zane, en avait fait son miel, notamment dans les deux récitals précités, publiés chez Alpha. « Nous aurons passé des moments ensemble. Et la liste des aventures futures était prête pour les 20 prochaines années. Mais… », a-t-il écrit hier.

Il existe des pertes qui ne peuvent être quantifiées ou mesurées. C’est un. Et elle tremble bizarrement.

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