Agé de 22 ans au moment de sa première visite, Charly A., qui a rendu visite au couple six fois en cinq ans, assure n’avoir pas répondu aux demandes du septuagénaire, qui lui avait pourtant fourni des somnifères.
“M. Pélicot, n’y avait-il qu’un soir dans l’année où Gisèle pouvait espérer que tu lui accorderais un répit ? » demande M. Stéphane Babonneau de l’accusé, ce vendredi 15 novembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse. “Malheureusement, il n’y en avait pas assez. répond le septuagénaire depuis son box, de retour après des examens médicaux.
Deux hommes occupés sur un corps inanimé
Le tribunal vient de visionner des images terribles, filmées le 7 décembre 2018, où l’accusé et un jeune homme, Charly A., alors âgé de 24 ans, s’affairent à maltraiter Gisèle, inanimée, son mari lui tenant la bouche ouverte pour la livrer à son complice. .
“C’était l’anniversaire de ma femme.” confirme Dominique Pelicot, qui a amené le jeune Charly à Mazan, près de Carpentras, six fois en 2016 et 2020. L’analyse de dizaines de vidéos saisies a montré qu’elle avait également été violée la veille de Noël, le 31 décembre, jour de la Saint-Valentin. Avec Charly A., Dominique Pelicot a tourné 47 vidéos, et pris de multiples photos.
L’impact massif de la pornographie sur les adolescents
« Avez-vous eu l’impression d’être dans un film pornographique ? demande un évaluateur au jeune homme. Il secoue la tête en signe de déni. Juste avant, le docteur Mathieu Lacambre, chef du service de psychiatrie légale du CHU de Montpellier, qui l’a examiné, a longuement insisté sur l’impact qu’avait la pornographie sur sa sexualité. Une consommation de pornographie qui a débuté vers 12 ans, et qui dix ans plus tard était devenue addictive.
“UNAujourd’hui, on considère qu’un enfant sur deux qui entre à l’école secondaire a déjà vu de la pornographie. Nous avons environ 10, 11 ans. C’est une entrée dans une sexualité dysfonctionnelle. Le scénario habituel, c’est le plombier qui vient déboucher l’évier et la dame, qui est selon les mots-clés des sites une « mature », une « milf », vient lui faire des propositions. Tout cela est très standardisé et les jeunes considèrent cela comme la norme.» précise le psychiatre.
Un contrat pervers
« Charly A. est entré dans la sexualité en étant très stimulé par la pornographie. Logiquement lorsqu’on lui a proposé la princesse endormie, la Milf qui était l’objet de ces fantasmes formatés par la pornographie, à 30 minutes de route de chez lui, le voilà » décrypte l’expert. “C’est ce qu’on appelle un contrat pervers, quand on transforme le sujet en objet.”
Charly A. a été filmé une cinquantaine de fois en train de pénétrer sexuellement Gisèle Pelicot inconsciente, mais il nie pourtant l’avoir violée. «Pour moi, elle faisait semblant de dormir», explique-t-il. Le Président : « Aurait-elle pu vous choisir comme partenaire sexuel ? » “Non, mais quand j’ai parlé avec monsieur, il m’a dit qu’elle était d’accord, consentant, endormi. Je ne voulais pas blesser cette femme, cette famille, parce que j’en ai une aussi», répond l’accusé.
Le projet de soumettre sa mère au même sort
Le plus inquiétant reste à venir : le projet de faire subir le même sort à la mère du jeune homme.
Le Président : « Qui va avoir cette idée ? »
“C’est M. Pelicot qui me demande si je veux refaire ça sur quelqu’un que je connais, dans ma famille ou proche de moi, et je dis oui, ma mère, comme ça.”
De légères traces trouvées dans ses cheveux
« Il prend les choses au sérieux ? “Oui.” “Il te donne des pilules?” “Oui, deux ou trois.” « VAllez-vous les utiliser ? “Absolument pas, je les jetterai par la fenêtre de la voiture en rentrant chez moi.” Cependant, de légères traces d’anxiolytiques ont été trouvées dans les cheveux de sa mère, même si elle jure ne jamais en avoir pris. «Je n’ai jamais donné de médicaments à ma mère», assure-t-il.
Fesses féminines en plastique et culotte en dentelle noire
Lors de la perquisition à son domicile, où il vivait à l’époque, la police a découvert toute une série d’objets à caractère sexuel. « Un un pénis masculin en érection, des fesses féminines en plastique avec deux trous, un gode, deux stimulateurs sexuels” énumère un magistrat.
“Oui, je me cherchais” il admet. L’évaluateur : « Un collants noirs et culottes en dentelle noire. À qui appartient-il ? Silence. “Est-ce que c’était celui de ta mère?” Il acquiesce. “Quand vous dites, je me cherche, est-ce en termes d’orientation sexuelle ?” “Oui.”
“C’est à ce moment-là que ça a cliqué pour moi”
Décrit comme “solitaire, soumis, naïf » Selon les experts, Charly A. suggère une forme de contrôle que Dominique Pelicot aurait exercé sur lui. “Il était rassurant, directif, entreprenant. ». Le juge : “Vous avez dit que vous ne preniez aucun plaisir à ces scènes, alors pourquoi y revenir ? “Parce qu’il insiste.” Selon lui, c’est lorsque Dominique Pelicot convoitait sa mère qu’il a coupé les ponts. «Ça m’a énervé, au bout d’un moment j’en ai peut-être pris conscience. Quand il est trop insistant envers ma mère, c’est là que ça déclique.