La malbouffe gagne du terrain au Maroc

La malbouffe gagne du terrain au Maroc
La malbouffe gagne du terrain au Maroc

Le Maroc se distingue par Elkhir, je suis enceinte (abondance), grâce à la générosité de son terroir. Fruits, légumes, céréales et légumineuses, riches, diversifiés et savoureux, garantissent depuis toujours une alimentation équilibrée. Même si ces aliments ne sont plus totalement naturels à cause des engrais, ils restent moins nocifs que les produits ultra-transformés.

La cuisine marocaine, avec ses multiples plats, ses dizaines de variétés de tajine, ses desserts, constitue une alimentation saine. De renommée internationale, classée deuxième mondiale, elle est pourtant menacée.

« Malbouffe » : nourriture de mauvaise qualité ou de mauvaise qualité, industrialisée, nocive pour la santé. Des produits ultra-transformés, truffés d’additifs chimiques, dont des colorants, des conservateurs, des arômes artificiels, des émulsifiants et des exhausteurs de goût… Délicieux, car saturés de sucre, de sel et de graisse qui incitent à la consommation. Riches en calories, ils sont cependant pauvres en nutriments essentiels à la santé physique et mentale.

Pain industriel, pâtisseries, chips, biscuits, barres de céréales, bonbons, confiseries, boissons gazeuses, jus de fruits, yaourts sucrés et aromatisés, saucissons, nuggets, sauces, produits de snacking et de restauration rapide… Ces aliments entraînent une prise de poids et conduisent à l’obésité. Au Maroc, près de la moitié de la population est en surpoids et une personne sur cinq est obèse.

L’obésité provoque plusieurs maladies graves. Les enfants et les jeunes sont les plus exposés : ils ne bougent plus en raison de leur dépendance aux écrans, grignotent en position assise et mangent mal. Les parents cèdent facilement face aux enfants qui exigent des aliments ultra-transformés. Les déjeuners dans les écoles et les livraisons à domicile facilitent leur consommation.

Un enfant doit avoir une alimentation équilibrée et les parents doivent agir, ce qui n’est pas le cas. Lors d’une cérémonie de mariage, j’ai vu un père livrer un repas d’un célèbre fast-food à sa fille adolescente. “La pauvre, elle déteste la cuisine marocaine !» J’ai été scandalisé, surtout quand on connaît la diversité des aliments dans nos cérémonies.

La vie en ville impose de nouvelles habitudes. Le manque de temps, surtout lorsque les femmes travaillent à l’extérieur du foyer, encourage une consommation facile et rapide au lieu de cuisiner des aliments sains. Parfois, les prix abordables encouragent les familles qui ne vérifient pas la qualité de la nourriture. La malbouffe s’est même répandue dans les zones rurales où la consommation de yaourts, biscuits, boissons et autres devient courante.

Les horaires de travail favorisent la malbouffe. Les salariés mangent dans les restaurants de leur entreprise ou dans les snack-bars. Les plus sages signalent un repas cuisiné à la maison, mais le lieu de travail dispose rarement de locaux équipés pour leur consommation.

Avec la mondialisation, des chaînes de restauration rapide se sont implantées au Maroc et ont impacté la gastronomie traditionnelle. Un marketing et une publicité agressifs conditionnent nos jeunes, urbains ou ruraux, à travers la télévision, les réseaux sociaux et les panneaux publicitaires dans la rue.

« L’État devrait mener des campagnes de sensibilisation, initier une éducation nutritionnelle et surtout réglementer la publicité pour les produits alimentaires nocifs. »

Les consommateurs sont exposés au risque de multiples maladies chroniques : diabète, maladies cardiovasculaires, certains cancers, cholestérol, tension artérielle, accidents vasculaires cérébraux, etc. Au Maroc, le diabète touche 2,7 millions de personnes, dont 25 000 enfants. Plus de 2,2 millions de personnes sont pré-diabétiques, dans une phase intermédiaire qui, si elle n’est pas traitée, conduit au diabète.

Les enfants et les jeunes en pleine croissance manquent de nutriments essentiels absents des aliments ultra-transformés : vitamines, minéraux et fibres, ce qui entraîne des troubles digestifs comme la constipation, les ballonnements ou le syndrome du côlon irrité. Le système immunitaire s’affaiblit et le sujet devient vulnérable aux maladies et infections.

La malbouffe provoque dépression, anxiété et diminution de la concentration en raison du manque de vitamines et d’oméga, essentiels au bien-être mental. Sans parler des dommages causés par le sucre sur vos dents.

Consommés régulièrement, ces aliments provoquent de la fatigue et diminuent les performances physiques et mentales : le sucre contenu crée des pics d’énergie qui chutent brutalement, conduisant à l’épuisement.

La malbouffe est responsable de déséquilibres hormonaux : elle perturbe le système hormonal, comme les hormones thyroïdiennes et les hormones sexuelles. La fertilité peut en souffrir. Enfin, la malbouffe est responsable du vieillissement prématuré de la peau. Un régime sans fruits et légumes frais prive la personne d’antioxydants qui protègent la peau des radicaux libres, accélérateurs du vieillissement.

En résumé, la consommation régulière de malbouffe est dangereuse pour la santé physique et mentale.

Nous, Marocains, avons la chance de constater les excès alimentaires des pays développés qui sont en avance sur nous dans plusieurs domaines. Ces pays, qui ont inventé et développé des aliments ultra-transformés, tirent désormais la sonnette d’alarme pour stopper les dangers et revenir à une alimentation saine. De grandes campagnes de sensibilisation sont organisées pour réapprendre aux populations à manger des fruits, des légumes, des céréales, etc.

Il faut en tirer les leçons et éviter les mêmes excès, en mangeant des aliments frais peu ou pas transformés, en essayant de cuisiner plus souvent pour savoir ce que l’on mange et en revaloriser notre art culinaire et nos habitudes alimentaires traditionnelles.

L’État devrait mener des campagnes de sensibilisation, initier une éducation nutritionnelle et surtout réglementer la publicité des produits alimentaires nocifs. Il faut aussi taxer les produits gras et sucrés, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays. Tout cela pour protéger la population, et aussi parce que la malbouffe a un prix élevé, celui des soins médicaux.

Par Soumaya Naamane Guessous

15/11/2024 à 11h01

 
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