Quel bilan après la première édition de Villepinte ?

Quel bilan après la première édition de Villepinte ?
Quel bilan après la première édition de Villepinte ?

Changer un demi-siècle d’habitudes n’est pas chose facile. Depuis sa création en 1968, Euronaval, le plus grand salon international dédié au secteur naval de défense, se tient invariablement au parc des expositions du Bourget. Mais cette année, suite aux Jeux Olympiques de Paris qui ont mobilisé ce site et aux travaux de modernisation entrepris par la suite, ce lieu intimement lié à l’histoire d’Euronaval n’était pas disponible à cette période de l’année. Les organisateurs ont donc été contraints de choisir un nouvel espace pour la 29e édition, qui s’est finalement tenue à Villepinte du 4 au 7 novembre. Huit jours après la fin de l’émission, l’heure est au bilan et, selon Hugues du Plessis d’Argentré, c’est très positif : « Nous sommes très contents, nous ne boudons pas notre plaisir. Nous nous sommes évidemment posé quelques questions. Nous nous sommes demandé comment ces modifications du site, de l’organisation et de la configuration du salon seraient accueillies par les exposants et les visiteurs. C’était un véritable défi après 50 ans de pratique au Bourget. Au final, nos objectifs ont été atteints, voire dépassés, et les retours que nous avons reçus ont été globalement très bons », explique le directeur général de Sogena et d’Euronaval à Mer et Marine.

Hugues du Plessis d’Argentré.

Davantage de visiteurs et de délégations restent plus longtemps

L’organisation annonce 26 000 visiteurs, contre 22 000 lors de l’édition précédente, en 2022 (le salon se tient tous les deux ans), soit environ 20 % de plus. Un fait qui pourrait surprendre certains participants, qui ont eu l’impression d’une fréquentation moindre, qui s’explique apparemment par la configuration du salon : « Au Bourget nous avons un seul couloir central avec tous les principaux exposants, ce qui donne une impression de densité, tandis qu’à Villepinte nous avions plus de nefs, qui sont plus larges. Les principaux exposants étaient donc plus dispersés, tout comme les visiteurs.” Le salon a donc gagné en fluidité, une configuration qui a permis une meilleure répartition des visiteurs au profit des 483 exposants présents. Quant aux délégations officielles, « nous en avions environ 150 venues du monde entier, un nombre stable et conforme à ce que nous attendions. Ce sont des délégations de grande qualité, avec des chefs de gouvernement, des ministres, des chefs de cabinet, etc. Près de 1 500 rendez-vous ont été organisés avec ces délégations, ce qui est très important et possible étant donné qu’Euronaval est réputé pour le respect des programmes et des horaires, une qualité de prestations reconnue et inédite dans aucun autre salon au monde. Nous avons également remarqué que certaines délégations sont arrivées pendant toute la durée du salon, jusqu’au quatrième jour, ce qui est un bon signe.”

Conférence d’ouverture de l’exposition avec l’amiral Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale.

Une des nombreuses délégations étrangères présentes au salon.

Le Premier ministre roumain, Ion-Marcel Ciolacu, fait partie des personnalités politiques accueillies à Euronaval.

Il y avait aussi beaucoup de presse, avec plus de 300 journalistes accrédités, l’émission ayant bénéficié de ce point de vue d’un contexte international très dégradé, du regain d’intérêt des médias pour les thématiques militaires et maritimes. Et sans doute aussi la polémique sur les exposants israéliens finalement autorisés par la justice à pouvoir être présents à Euronaval.

Le contexte international dégradé et l’élection de Trump font beaucoup parler

Cet événement incontournable du secteur naval de défense, qui a présenté les dernières innovations en matière de guerre navale, notamment en matière de drones, de systèmes de connectivité, d’intelligence artificielle et d’armes conçues pour la guerre de haute intensité, s’est également produit à un moment très particulier. Au-delà du contexte sécuritaire international, avec la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, les attaques en mer Rouge, les tensions dans la région du Golfe arabo-persique et en Asie, c’est au sein d’Euronaval que se sont déroulées les élections présidentielles américaines. Avec, au lendemain de la victoire de Donald Trump, toutes les incertitudes sur la position stratégique du prochain occupant de la Maison Blanche, notamment sur le soutien des États-Unis à l’Ukraine et à l’Europe. « C’est un contexte très particulier et, naturellement, tout le monde dans les tribunes en parlait, notamment les Européens qui se demandaient où on allait et si on pouvait encore faire confiance aux Etats-Unis. Ces questions ont également émergé lors de conférences, même si nous n’avons pas pu en organiser une sur ce sujet spécifique, car le sujet est très délicat et personne ne veut encore s’exprimer officiellement. Mais le fait qu’Euronaval soit le premier grand rendez-vous international dans le secteur de la défense, de ce que l’on peut désormais considérer comme le début de l’ère post-Biden, était très important pour permettre des échanges internationaux et réfléchir aux conséquences de cet événement. Cela vaut aussi bien pour la coopération militaire qu’industrielle, notamment en Europe, où l’on sait bien que la garantie du parapluie américain au sein de l’OTAN n’est plus forcément garantie et que le renforcement de la défense européenne est devenu impératif. « Ce n’est pas un tournant mais nous assistons à une inflexion. Je dirais que les Européens sont venus voir ce qui se faisait à Euronaval et sont repartis en disant qu’il fallait commencer.”

L’entrée Euronaval du parc des expositions de Villepinte.

Présentation

Lors du salon Euronaval 2024, à l’entrée, les visiteurs ont été remis au nouveau magazine « Forze Navali – Focus sur la technologie française », que Mer et Marine, partenaire média du salon depuis 2010, édite à chaque édition pour offrir un aperçu de l’actualité du salon. solutions. proposé dans le secteur naval par l’industrie française.

Vue du séjour depuis l’entrée.

Un nouveau site populaire

Hormis ce contexte géostratégique qui a fait de ce salon un événement probablement encore plus précieux qu’à l’habitude, c’est globalement avec plaisir que les exposants et les visiteurs se sont retrouvés à Villepinte. Un espace plus grand et plus moderne, doté d’un plus grand nombre de points de restauration et desservi directement depuis Paris et l’aéroport Charles de Gaulle par le RER B, dont les rames s’arrêtent au pied du parc des expositions, tandis qu’au Bourget il faut ensuite prendre une navette pour rejoindre le site. Certains détails restent à améliorer, constate Hugues du Plessis d’Argentré, par exemple au niveau de la mise en page : « Ce n’est pas évident quand on ne sait pas du premier coup où placer les placements. Nous avons constaté que certains choix se sont avérés bien meilleurs que ce que nous pensions et, à l’inverse, dans certains cas, un peu moins bons. Les flux ne sont pas faciles à deviner, même quand on a de l’expérience», observe le directeur général de la Sogena, filiale du Groupement des Industries de Construction et Activité Navales (GICAN).

Villepinte o Le Bourget nel 2026?

Alors évidemment, la grande question est de savoir si, en 2026, Euronaval reviendra à Villepinte ou reviendra au Bourget ? « Les deux ont des avantages. Au Bourget par exemple, on peut faire atterrir des avions et il n’y a pas, comme à Villepinte, un deuxième spectacle ayant lieu en même temps. Par ailleurs, concernant les transports, le métro devra arriver au Bourget à partir de 2026, ce qui changera également la donne. Mais aujourd’hui je crois qu’une grande majorité souhaiterait rester à Villepinte, ce qui ne peut se conquérir pour une raison essentielle : le coût, qui est 40 % plus cher. Il y a donc deux solutions : soit augmenter le nombre d’exposants, mais le secteur naval est un secteur où le vivier d’opérateurs n’est pas excessif, soit augmenter les prix. Nous réaliserons une enquête de satisfaction minutieuse pour demander à nos exposants quel site ils préfèrent et pour quelles raisons. Ensuite, une fois notre étude terminée, ce sera au Conseil d’Administration du GICAN de trancher.”

© Un article de la rédaction Mer et Marine. Reproduction interdite sans le consentement du ou des auteurs.

 
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