2 596 tonnes d’or non déclaré importées d’Afrique vers les Émirats arabes unis entre 2012 et 2022.

Dans une nouvelle étude sur l’or africain publiée le 30 mai 2024, l’organisation suisse SWISSAID indique qu’entre 321 et 474 tonnes d’or artisanal sont produites chaque année en Afrique sans être déclarées, et qu’au moins 435 tonnes d’or ont été introduites clandestinement depuis l’Afrique. continent rien qu’en 2022. Des chiffres conséquents qui représentent, selon l’organisation, un manque à gagner important pour de nombreux Etats africains.

Pour l’organisation, ce manque de contrôle de l’État reflète d’autres problèmes parmi lesquels la corruption, le financement des conflits armés ou la violation des droits de l’homme. Le rapport indique qu’il n’est pas facile de retracer le parcours de l’or depuis son extraction jusqu’à son utilisation finale. Car, après avoir été extrait, le métal précieux sera à son tour vendu, transporté, transformé, exporté, retraité puis revendu. Et dans ce processus, il passe entre les mains de nombreuses personnes, dans différents pays. Avant d’ajouter qu’une grande partie du commerce de l’or est opaque. Afin de suivre la trace du métal précieux, des chercheurs de SWISSAID, notamment Marc Ummel et Yvan Schulz (responsables du dossier matières premières), ont quantifié la production et le commerce de l’or, déclarés et non déclarés, pour l’ensemble des 54 pays. de l’Afrique sur une période de plus de dix ans.

Or non déclaré

Selon les résultats, chaque année, entre 321 et 474 tonnes d’or artisanal sont produites en Afrique sans être déclarées. Cela équivaut à une valeur comprise entre 24 et 35 milliards de dollars ainsi qu’entre 72 et 80 % de la production totale d’or africain extrait de manière artisanale. Les recherches mettent également en lumière un phénomène inquiétant, notamment la contrebande d’or en Afrique, qui ne cesse de croître. Il a plus que doublé entre 2012 et 2022. Selon les auteurs de l’étude, ces chiffres sont d’autant plus importants quand on sait que l’or est la principale source de revenus de nombreux États africains, un outil de financement des groupes armés et la cause du terrorisme. de graves violations des droits de l’homme et de dégradation de l’environnement. « Faire la lumière sur le commerce de l’or africain est essentiel pour responsabiliser les États et les industries face à leurs responsabilités »explique Yvan Schulz, chef de projet chez SWISSAID et co-auteur de l’étude.

Véritable origine cachée

L’étude a clairement montré que la Suisse est l’un des trois principaux pays africains importateurs d’or, aux côtés des Émirats arabes unis (EAU) et de l’Inde. Et de poursuivre qu’en 2022, la Suisse est responsable de 21% des importations directes d’or africain à l’étranger. Outre les importations directes d’Afrique, la Suisse importe également une quantité importante d’or de Dubaï (plus de 1’670 tonnes d’or entre 2012 et 2022). Les Émirats arabes unis n’ont pas de mines sur leur territoire et importent donc également de l’or, en grande partie d’Afrique. Mais cet or n’est pas toujours déclaré.

L’étude révèle qu’entre 2012 et 2022, 2 596 tonnes d’or d’exportation non déclarées ont été importées d’Afrique vers les Émirats arabes unis. En raison de la législation suisse, qui fait du dernier lieu de transformation le lieu d’origine, l’or importé des Émirats arabes unis est considéré comme émirati même si son origine réelle se situe ailleurs, par exemple en Afrique.

«Cette situation est problématique, car depuis de nombreuses années, de l’or de contrebande potentiellement lié à des conflits ou à des violations des droits de l’homme arrive en Suisse en toute légalité.» a déploré Marc Ummel, responsable de l’unité matières premières chez SWISSAID et co-auteur de l’étude.

Quatre des neuf plus grandes raffineries présentes en Suisse

Les auteurs notent que la Suisse a un réel rôle à jouer dans cette situation. Parce qu’elle possède sur son territoire quatre des neuf plus grandes raffineries du monde et voit transiter entre un tiers et la moitié des importations mondiales d’or. S’il légiférait plus strictement sur ces importations, cela aurait un réel impact sur le commerce mondial de l’or. La loi douanière qui doit être débattue au Parlement à l’automne est une opportunité à saisir pour renforcer le cadre juridique et améliorer la traçabilité des matières premières. Pour cela, l’étude tombe à point nommé et SWISSAID espère qu’elle fera pencher la balance vers une législation plus stricte susceptible d’améliorer les conditions de vie des populations du Sud. Résumé Boubacar Païtao

Quatre questions à Marc Ummel et Yvan Schulz, auteurs de l’étude :

Qu’est-ce qui vous intéressait exactement dans votre nouvelle étude ?

Yvan Schulz : Nous avons analysé les flux d’or de chacun des 54 pays africains. Pour ce faire, nous avons collecté des données sur la production, les exportations et les importations d’or des pays africains et comparé ces données avec les importations d’or africain déclarées par les pays importateurs (qui sont presque exclusivement des pays non africains). ). C’est un aspect important, car l’or non déclaré représente une perte de revenus pour les États africains. Ils ne peuvent pas investir ces revenus dans des services publics tels que l’éducation ou le système de santé.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans vos recherches ?

Marc Ummel : Plusieurs choses. La quantité d’or non déclarée en Afrique est par exemple bien plus élevée qu’on ne le pensait auparavant et certains pays importateurs, dont la Suisse, présentent des lacunes dans leur cadre juridique qui rendent l’importation possible et probable. or non déclaré ou provenant de zones de conflit.

Nous avons également été surpris de voir que certains États africains qui produisent beaucoup d’or n’enregistrent pratiquement aucune exportation officiellement, tandis que d’autres qui produisent peu en exportent. Cela montre que le renforcement de la législation et l’augmentation des contrôles au niveau des pays importateurs non africains, aussi importants soient-ils, ne suffisent pas à résoudre les problèmes qui se posent ; tout le travail doit également être réalisé en Afrique elle-même, en particulier aux niveaux national et régional.

Pourquoi SWISSAID a-t-elle entrepris cette étude?

UM : En documentant les flux illégaux d’or, les exportations non déclarées et les quantités blanchies, et en pointant du doigt les pays impliqués, nous augmentons la pression pour que des directives efficaces soient enfin promulguées !

Mais l’objectif va bien au-delà de la réglementation ; A terme, cela devrait permettre d’améliorer les conditions de travail et de vie de millions d’artisans mineurs et de leurs familles, d’augmenter les revenus des États africains et de lutter contre les atteintes aux droits humains et à l’environnement.

Cette étude s’inscrit donc dans la continuité de nos activités de développement dans le domaine et contribue concrètement à faire bouger les lignes.

Qu’apporte cette étude au secteur aurifère ?

Oui : Notre étude porte sur un phénomène déjà connu, mais dont on ne pouvait jusqu’à présent qu’imaginer l’ampleur. En examinant le continent africain dans son ensemble et en quantifiant tous les flux d’or, SWISSAID a pu prouver que la contrebande d’or en Afrique était bien plus importante qu’on ne le pensait auparavant.

Plus généralement, l’étude a considérablement accru la transparence du commerce de l’or africain, ce qui obligera les décideurs politiques des pays concernés et d’autres décideurs à renforcer les cadres juridiques, les contrôles douaniers et les exigences. concernant la diligence raisonnable des entreprises.

Réalisé par Boubacar Païtao

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