Ce match France-Israël, qui se jouera ce jeudi soir au Stade de France, peut-il encore prétendre être un enjeu sportif ? Il faut l’espérer. Mais, avant même le coup d’envoi, cette rencontre s’est déplacée sur le terrain politique. Et ce, en raison des agressions contre des supporters juifs du Maccabi Tel-Aviv la semaine dernière à Amsterdam, après le match de leur club contre l’Ajax. Des attentats qualifiés d’Amsterdam, à Berlin, en passant par Bruxelles, Jérusalem et Paris d’actes antisémites. L’un des slogans des agresseurs était « Palestine libre ».
Pas question pour la France de reculer, pas question pour la France de se soumettre à tous les semeurs de haine. »
Fallait-il donc maintenir ce France-Israël à Paris où là aussi la guerre à Gaza qu’Israël mène en réponse aux massacres du 7 octobre perpétrés par les terroristes du Hamas est Source de tensions ? A cette question, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a répondu par l’affirmative, comme il l’a rappelé mardi à l’Assemblée : « Avec Michel Barnier, nous avons voulu que ce match se déroule là où il devait se dérouler, c’est-à-dire à le Stade de France. Pas question, comme certains me l’ont demandé, d’annuler. Pas question que la France recule, pas question que la France se soumette à tous les semeurs de haine. »
“Génocide”
Sa réponse s’adressait directement à La France insoumise. Depuis les attentats d’Amsterdam, les troupes de Jean-Luc Mélenchon ne cessent de réclamer l’annulation de ce match. Quelques minutes plus tôt, toujours à l’Assemblée, David Guiraud, le député LFI, accusait le gouvernement et ses partisans d’être « complices du génocide en cours à Gaza » : « Il ne sera jamais normal d’accueillir à bras ouverts Israël au milieu. de génocide, pourquoi n’interdisez-vous pas ce match ? »
Cette énième polémique illustre les divisions de la classe politique autour de la guerre à Gaza. Mais aussi et surtout la volonté de La France insoumise d’importer, ici, le conflit israélo-palestinien, au point d’en avoir fait son principal sujet de campagne lors des élections européennes. Depuis plus d’un an, LFI se pose en farouche défenseur de la cause palestinienne, accusant, dans chacun de ses discours, Israël de mener une guerre « génocidaire » à Gaza. Samedi, Bruno Retailleau a rapporté à la justice le tweet de la députée LFI Marie Mesmeur. Dans ce message, l’élu d’Ille-et-Vilaine conteste le caractère antisémite des attentats d’Amsterdam : « Ces gens, écrit-elle, n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais parce qu’ils étaient racistes et soutenaient le génocide. . »
En hausse de 192 %
En réaction à ce positionnement de LFI, le RN, dont on ne peut ignorer les accusations d’antisémitisme qui ont marqué le parcours de Jean-Marie Le Pen à la tête du FN, se fait désormais le défenseur des Juifs. Mardi, à l’Assemblée, c’est un député RN qui a demandé à Bruno Retailleau s’il était en mesure de garantir la sécurité des supporters israéliens pour le match de jeudi…
En fait, la France est loin d’être épargnée par la montée de l’antisémitisme. Selon une note de la direction nationale du renseignement territorial, les actes antisémites ont bondi de 192 % entre le premier semestre 2024 et le premier semestre 2023. Plus d’une agression raciste sur deux concerne un juif.