Un scénario difficilement envisageable pour les milices chiites, qui le rejettent pour l’instant. Ces derniers disposeraient de suffisamment d’armes et de matériel pour mener à bien «une longue guerre» contre l’État hébreu, a assuré lundi le porte-parole du Hezbollah, Mohammed Afif. S’il est vrai que le « parti de Dieu » continue de porter des coups à l’armée israélienne, il n’en est pas moins affaibli. Essaie-t-il de retarder l’inévitable ?
David contre Goliath
Au moins 36 soldats et réservistes des forces israéliennes sont morts au Liban depuis le 30 septembre. Mais de sa part”Le Hezbollah n’a jamais été aussi affaibli, tant en termes de capacités militaires, d’image symbolique dans le monde arabe que de commandement sur le terrain.», estime Adel Bakawan, directeur du Centre français de recherches sur l’Irak (CFRI). Selon les dernières estimations de l’armée israélienne, la milice a vu près de 70 % du stock (avant le 7 octobre 2023) de ses unités de drones être détruit par Tsahal. Des propos démentis lundi par Mohammad Afif : «Comment notre approvisionnement en missiles peut-il diminuer alors qu’il y a quelques jours nous avons ciblé la périphérie de Tel-Aviv ? […] et a utilisé des missiles Fateh pour la première fois Deux Israéliens ont été tués mardi à Nahariya (nord) après des tirs de roquettes depuis le Liban.
Le Hezbollah libanais n’a pas encore dévoilé toutes ses cartes : « Les unités spécialisées en missiles ne sont pas encore engagées dans la bataille »
Même si la guerre fait également rage au niveau des communications, les ressources militaires du groupe armé ont pour le moins été considérablement réduites. Ses capacités de fusées et de missiles ont été dégradées au point que le Hezbollah doit être «économe» dans l’utilisation de ses munitions, affirment les Israéliens. Depuis plus d’un mois, Tsahal cible systématiquement les infrastructures du mouvement chiite dans tout le sud du Liban, dégradant les capacités des forces d’opérations spéciales de Radwane, l’unité d’élite du Hezbollah désignée pour mener des raids terrestres en territoire israélien.
“Israël n’a jamais été aussi fort et puissant dans la gestion de l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient.», commente Adel Bakawan. Au point d’oublier les échecs militaires subis par Tsahal lors de l’invasion du Liban en 2006. Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a approuvé la prolongation des opérations terrestres dans le sud du Cedro Terra, selon des informations révélées dimanche. soir par la chaîne publique israélienne Kan 11. Les nouveaux plans approuvés par le Commandement du Nord incluraient notamment l’extension des manœuvres terrestres à de nouvelles zones, avec la participation de plusieurs milliers de soldats, dans un message sur le Hezbollah.
“Donald Trump”
Très affaibli, le Hezbollah pourrait-il accepter les conditions israéliennes ? “Je n’imagine pas une seconde que le Hezbollah capitulera», déclare Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Une trêve temporaire pourrait toutefois permettre aux milices de reconstituer leurs forces et leurs stocks d’armes avant de reprendre la confrontation avec Israël. “Si le Hezbollah acceptait de se démilitariser et de devenir exclusivement un parti politique, il n’aurait plus les moyens de reconstituer ensuite ses milices.», explique Adel Bakawan. De même, un retrait du groupe armé du sud Liban”cela le privera de tous les mécanismes qui lui permettront de se remettre sur pied», c’est-à-dire ses infrastructures et tunnels.
En bref, “tout dépendra de la stratégie iranienne et de la question de savoir si les États-Unis, Israël et le Liban trouveront un accord de cessez-le-feu», explique Razoux. Il est toutefois peu probable que le gouvernement libanais conclue une trêve sans l’accord des milices chiites, véritable « État dans l’État » au Liban et puissance politique majeure.
Au Liban, « le Hezbollah est parfaitement capable de diriger, d’organiser et de déterminer les principales stratégies politiques du pays »
Une seule certitude : la cérémonie d’investiture de Donald Trump à la présidence américaine, le 20 janvier 2025, représentera un tournant décisif. “L’arrivée du Républicain est déterminante dans la négociation d’un accord de cessez-le-feu», acquiert M. Bakawan.Pour les Iraniens et le Hezbollah, [le président américain actuel] Joe Biden est un homme de principes, avec qui il est difficile de négocier. Donald Trump est un homme d’affaires pour qui tout s’achète« . Et j’en conclus que”se base sur les premières décisions du milliardaire selon lesquelles l’Iran et le Hezbollah reconfigureront effectivement leur positionnement dans l’équilibre des pouvoirs« devant Israël.