Enlevez votre chapeau de cowboy et lâchez les chevaux : le chanteur Adé négocie un virage rock avec « Inside out Mvmt », disponible vendredi, un deuxième album à « une énergie féroce » qui laisse rugir des paroles intimistes.
Pour ses débuts en solo avec « E poi ? (2022), enregistré en partie aux Etats-Unis, l’ancien chanteur du groupe Therapie Taxi avait choisi d’explorer une pop country entraînante à l’image de sa chanson « Tout savoir ». Son look devait être occidental, avec de longs cheveux bruns au vent et un chapeau essentiel.
Mais c’était avant. Avant qu’Adé ne fasse sa révolution rock et apparaisse, deux ans plus tard, dans une version plus rebelle d’elle-même, coupe courte, pantalon en cuir et look déterminé.
« Inside out Mvmt », contraction de « mouvement » qui signifie ici renverser, laisse la part belle aux guitares saturées, aux percussions rageuses et à une voix qui erre ou tonne en français comme en anglais.
– « Nu » –
“C’est un deuxième aspect de moi et je l’ai vraiment pensé comme ça car un album, c’est une coupe de vie, des phases de réflexion, un âge qui avance”, explique à l’AFP le chanteur de 29 ans.
Très programmée dans les festivals cette année, Adé – abréviation d’Adélaïde – a commencé à enregistrer ce disque parallèlement à ses concerts, blottie dans son bus de tournée avec une guitare, un ordinateur et une carte son comme compagnons de voyage.
Son idée : “revenir vraiment à l’énergie du rock et aussi de la musique électronique, à ce que j’écoutais quand j’avais entre 12 et 17 ans”, les groupes anglo-saxons The Cramps et The Kills qui l’ont présenté à son père, le duo La justice dont sa sœur était fan et la joie des premières émotions musicales live.
La palette sonore de l’œuvre oscille donc entre noise rock façon Sonic Youth, inspirations hardcore et tonalités électro.
Libérée de sa « coquille » initiale, l’artiste ose aussi « se mettre à nu » dans ses textes. “Mais je me protège avec le pouvoir du son, c’est un peu le concept, dire des choses super intimes avec beaucoup de pouvoir”, dit-il.
Dans la phase d’écriture et de composition, qu’elle compare à « une véritable activité cérébrale », l’auteure-musicienne a « beaucoup bricolé », « pris conscience » et a douté de son travail pendant des mois. «Ça me fait chaud à la tête», résume-t-il.
Une période de maturation est nécessaire avant le vêlage. Il est donc nécessaire de présenter ces modèles nouveau-nés.
“Je les ai envoyés au label (Tôt ou Tard, ndlr), je les ai fait écouter à mes parents et c’était horrible, ça faisait vraiment mal parce que j’avais l’impression d’être allongé nu sur une table et d’être là, voilà quoi faire.” ça vous semble “à la mode” ? confie la chanteuse qui se définit comme très timide.
-Cri-
Son évolution artistique se traduit par un cri, au premier plan sur la pochette de son album, tandis que deux mains lui saisissent les cheveux : « souffrance » comme celle qu’elle dit ressentir en créant ou pure exultation ? Il y a, dans les deux cas, « de l’intensité », décrypte-t-il. “Juste avant d’avoir 30 ans, j’avais besoin qu’il fasse son coming-out.”
Cette « énergie un peu féroce » lui permet de s’affirmer davantage mais aussi d’imaginer à quoi ressembleront les prochains concerts, entourée de ses quatre musiciens.
La scène ressemble à “une grande fête”, même si l’artiste, qui sera au Printemps de Bourges en avril, avoue avoir dû “faire de la violence”. «Je dois me remettre de moi-même pour en profiter. Si je m’écoute, je reste dans mon lit», sourit-il.
Vêtu d’un T-shirt à l’effigie de la star américaine Silvester Stallone, poings levés façon Rocky, Adé semble pourtant prêt à se jeter à nouveau dans l’arène.
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