Deux femmes en or en quête de liberté au Saguenay

Deux femmes en or en quête de liberté au Saguenay
Deux femmes en or en quête de liberté au Saguenay

Depuis un bon moment, le duo de femmes en or s’affaire à revisiter la comédie érotique de Claude Fournier, écrite en 1970 pour le cinéma, puis adaptée il y a quatre ans au théâtre par Catherine Léger.

Il y a eu des reports pandémiques, deux séries de représentations à guichets fermés à La Licorne, et maintenant cette tournée à travers le Québec qui jusqu’en février donnera à l’œuvre encore un nouveau souffle.

Et à tout moment, depuis le début de l’aventure, il y aura eu des événements dans la « stratosphère » médiatique pour confirmer sa pertinence. Qu’il s’agisse de la diffusion d’un documentaire sur le discours masculiniste, de l’adoption d’un projet de loi affligeant chez nos voisins du sud ou de toute autre forme de recul des droits des femmes.

La pièce met également en vedette l’acteur Steve Laplante. (Suzane O`Neill/Théâtre La Licorne)

« C’est ça qui est fou. Cela fait quatre ans que nous travaillons là-dessus, et à chaque fois, nous disons combien c’est d’actualité. Il y a toujours quelque chose dans l’atmosphère sociale qui tourne autour de ça. C’est toujours d’actualité aujourd’hui, et cela fait 54 ans », souligne Isabelle Brouillette.

Après tout, poursuit-elle, la pièce, comme le film, aborde des questions centrales de notre société. Y compris « l’émancipation, la quête de liberté, le désir d’échapper au carcan ». Mais aussi le couple. Ce qui devient presque inévitablement un terrain fertile pour l’ennui, avec le temps, et qui voit parfois apparaître certaines crises. Passant ou existentiel.

Les voisins protagonistes de la pièce Deux femmes en or semblent pencher davantage vers la deuxième option. Eux qui, respectivement en arrêt maladie et en congé maternité, troqueront le vide laissé par leurs conjoints absents contre la plénitude de la liberté.

Celui qui s’acquiert grâce aux conquêtes. Dans le vacarme d’une monotonie brisée. Au détour d’une sexualité enfin libérée, à vivre pleinement.

Cela a quelque chose de « très confrontant » pour les spectateurs, disent les comédiennes, qui prennent encore un grand plaisir à leur lancer cette proposition, soir après soir.

Isabelle Brouillette et Sophie Desmarais ont pris le temps de discuter avec Le QuotidienMardi, quelques heures avant leur prestation prévue à la Salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière.

« C’est confrontant parce qu’on parle de monogamie, de couples qui ne font plus l’amour, de couples qui restent ensemble même s’ils ne sont plus heureux, d’un homme qui trompe sa femme alors qu’elle est toute seule à la maison avec le bébé. Vous ne voulez pas être dans leur situation. Mais, à un moment donné, on voit que les femmes vont exploser. Et ils explosent», explique Isabelle Brouillette.

Ensuite, c’est très agréable de jouer cette explosion sur scène, note Sophie Desmarais. « On s’éclate. On arrive à créer des rythmes, des ambiances. Nous y avons tellement joué maintenant qu’il est temps d’y aller. Pour moi, c’est la première fois que je joue autant le même personnage. Cela s’accompagne d’une forme de détente, on se réinvente un peu, on se provoque.

C’est un détail important, poursuit-elle, après quelque 75 représentations. Surtout dans la comédie. Il faut rester « éveillé » et ne pas tomber dans « le piège ».

Ce qui aide, certes, c’est le texte de Catherine Léger, qui a su ajouter ses propres couleurs à l’œuvre originale de Claude Fournier, en même temps qu’une belle touche de modernité – réseaux sociaux et mouvement #MoiAussi à la fois . ‘soutien.

Il donne « des dialogues percutants et étonnants », des situations qui nous confrontent dans nos « paradoxes humains », et une « mécanique comique » intacte. Ce qui dépasse le théâtre d’été et qui pousse beaucoup à dire au duo, en fin de soirée : “Je n’ai jamais ri comme ça au théâtre”.

Aujourd’hui encore, les deux actrices s’étonnent de l’ampleur de ce succès, ainsi que de « l’aura » de l’œuvre, toujours intacte. Même 50 ans plus tard. Même avec une version différente, portée par une équipe qui gardait néanmoins une distance raisonnable avec le film de 1970.

« Ce ne sont pas les mêmes personnages. Le passé n’avait aucun poids sur nous. Lorsque je suis tombé sur le texte, j’ai été ébloui par le rythme de la comédie de Catherine. Son acuité, sa lucidité. C’est ce qui m’intéressait. Cela dit, ce n’était pas joué d’avance », remet Sophie Desmarais dans son contexte.

La pièce compte désormais quelque 75 représentations. (Suzane O`Neill/Théâtre La Licorne)

«C’est l’une des plus grandes réussites de tous les temps au cinéma québécois. Et même si la salle est vraiment différente, et qu’on s’en est vite détaché, il faut reconnaître qu’elle attire beaucoup de monde. Nous voyons que Deux femmes en or continue d’avoir sa propre aura», affirme Isabelle Brouillette.

Mettant également en vedette Steve Laplante, Mathieu Quesnel et Léa Roy, la pièce mise en scène par Philippe Lambert sera présentée à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière ce mardi soir, à la salle Michel-Côté d’Alma mercredi, puis à la salle Maria-Chapdelaine. de Dolbeau-Mistassini jeudi.

La troupe terminera l’année avec des escales à Québec (24 novembre), Laval (29 novembre), Trois-Rivières (30 novembre), Drummondville (3 décembre) et Montréal (8 décembre). Avant de reprendre le col en 2025 avec un dernier tronçon qui passera notamment par Gatineau (24 et 25 janvier) et Montréal (19 au 23 février).

Si elle met ensuite un terme à sa vie théâtrale, l’œuvre Deux femmes en or en lancera presque immédiatement un autre, avec une adaptation à l’écran à l’été 2025. Un film dans lequel Isabelle Brouillette et Sophie Desmarais auraient aimé jouer, afin d’aller jusqu’au bout du projet, mais qui mettra plutôt en vedette Karine Gonthier. -Hyndman et Laurence Leboeuf.

 
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