Le Rassemblement national a donné, ce lundi 10 juin, les premiers éléments de sa campagne en vue des élections législatives du 30 juin. Le parti arrivé en tête aux élections européennes gardera le même visage pour ce nouveau scrutin.
Attention, une campagne peut en cacher une autre. Ce lundi 10 juin, les partis relancent l’opération séduction en vue des élections législatives anticipées déclenchées par Emmanuel Macron, après la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le Rassemblement national est sorti grand vainqueur des européennes avec 31,47% des suffrages exprimés, soit plus du double de la majorité présidentielle, selon le décompte officiel du ministère de l’Intérieur. Pour poursuivre sur cette lancée, le parti compte conserver sa tête d’affiche : Jordan Bardella.
Le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a annoncé ce lundi sur RTL faire de l’eurodéputé un « candidat pour aller à Matignon ». “Les choses sont très claires, ce serait Jordan Bardella Premier ministre”, a également assuré Laure Lavalette, l’autre porte-parole du parti.
« Une personnalité qui peut avoir le soutien de la majorité »
Dans le cas où le Rassemblement national obtiendrait la majorité absolue lors des prochaines élections législatives anticipées, la France tomberait dans la cohabitation. Le président de la République serait donc tenu de nommer un représentant de ladite majorité à la tête du gouvernement, comme l’explique le Conseil constitutionnel.
« Le Président de la République a vocation à nommer à la tête de ce Gouvernement une personnalité pouvant avoir le soutien de la majorité à l’Assemblée nationale », peut-on lire sur le site de l’organisation.
Mais pourquoi envoyer le jeune de vingt ans à Matignon et non Marine Le Pen, figure historique du parti lors des trois précédentes élections présidentielles ? C’est la disposition historique de ce couple politique, comme l’explique encore sur RMC-BFMTV le 6 mai l’adversaire d’Emmanuel Macron au second tour des deux précédentes élections présidentielles.
“Nous pensons que le duo que nous formons et que nous présentons aux Français, qui potentiellement, c’est dans trois ans, on ne sait pas ce qui pourrait arriver, mais potentiellement me verrait comme candidat à la présidentielle et lui comme Premier ministre si je Je suis élu, c’est un duo réussi», a jugé Marine Le Pen – avant toute cette série de rebondissements politiques.
Jordan Bardella, portrait de l’ambitieux président du RN
La cheffe du RN assoit donc sa supériorité hiérarchique sur son cadet, même si un sondage Odoxa-Mascaret du 30 avril 2024 donnait une cote de popularité plus élevée à Jordan Bardella (36% d’opinion favorable) qu’à Marine Le Pen (35%).
Marine Le Pen rêve plutôt de l’Élysée
Ce scénario d’un couple Le Pen-Bardella semble pensé depuis longtemps, puisqu’elle l’avait déjà détaillé dans le Journal du Dimanche du 13 janvier, saluant au passage la « complémentarité » entre leurs deux profils.
“J’ai une relation de respect, de travail et d’égalité d’investissement (…) Je ne prends pas Jordan pour mon fils et je ne le traite pas comme mon fils”, a-t-elle assuré.
Le 1er avril 2023, lors d’un entretien à Ouest-France, Marine Le Pen expliquait par SMS qu’elle ne pourrait pas prendre sa place à Matignon, précisant qu’elle envisageait « d’être présidente de la République » en 2027.
En tout cas, le premier parti d’opposition se dit prêt à “exercer le pouvoir si les Français (leur) font confiance lors de ces futures élections législatives”, comme l’a assuré Marine Le Pen dimanche soir après l’annonce de la dissolution.
Fiction politique ? Le dernier sondage Ipsos révélé par l’Obs le 15 mars accordait entre 243 et 305 sièges au RN en cas d’élections législatives anticipées, potentiellement une majorité absolue.
