« L’Europe n’a aucun contrôle sur la menace russe »

Un expert compare la situation actuelle en Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. A ses yeux, les démocraties occidentales devraient se réveiller après l’élection de Donald Trump.

Christoph Cöln / t-online

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La guerre en Ukraine dure depuis plus d’un an et demi et ne semble pas devoir se terminer de sitôt. Pour Karl Schlögel, expert militaire allemand, le risque d’un conflit généralisé augmente dans un Occident confronté à des menaces internes et externes. Il s’est adressé à la presse locale allemande et n’a pas mâché ses mots :

« On se retrouve dans une situation d’avant-guerre qui, sans tomber dans l’analogie, a beaucoup à voir avec les années 30 »

Karl SchlögelPoste rhénane

Karl Schlögel voit des parallèles avec les années 1930.Docteur

Et ce spécialiste connaît bien l’Europe de l’Est. Ce professeur allemand de 76 ans a beaucoup voyagé au cours de ses études en Tchécoslovaquie et en Union soviétique. Il étudie notamment à Moscou. Il raconte ensuite l’histoire, la culture et la mentalité slave à travers de nombreuses œuvres.

Même dans les années 1930, selon lui, il se passait quelque chose qu’on sentait très bien, sans pouvoir l’évaluer précisément. La situation géopolitique actuelle est soumise, selon lui, au même climat, et la guerre en Ukraine en est la représentation la plus emblématique.

« La question est de savoir si nous ferons face aux dangers ou si nous céderons et capitulerons. Je n’aurais jamais pensé qu’un tel scénario se produirait et que nous nous retrouverions face à une épreuve aussi difficile.

Karl Schlögel

L’historien continue de faire des parallèles avec la situation à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Même alors, il y avait « un surmenage analytique, intellectuel et politique ».

Poutine, « un sadique »

Dans un premier temps, il nous a exhorté à ne pas sous-estimer le dirigeant russe Vladimir Poutine. Elle le décrit comme un « gestionnaire du pouvoir formé au KGB ». un « sadique », soumis à des « fantasmes impériaux ».» alors qu’ils menaient une « cyberguerre postmoderne ». Il tente avec beaucoup d’habileté de « diviser les Européens ».

Pour Karl Schlögel, il est difficile de savoir comment l’Europe parviendra à surmonter ces pièges. Il le jugeelle « n’a aucun contrôle sur la menace russe » et note des « contradictions internes » et des « développements autodestructeurs » dans les sociétés laïques occidentales et leurs politiciens, y compris « le désir de capituler devant la force brutale ». Il préfère toutefois être optimiste. À ses yeux, tout laisse penser que l’Union européenne est bien plus forte qu’elle ne le paraît aujourd’hui.

« Changer » avec Donald Trump

Il refuse également de penser que le futur président américain Donald Trump abandonnera l’Ukraine, car cela signifierait abandonner « tout ce que les États-Unis représentent ». Mais « il y aura certainement un changement ». Reste à trouver comment s’y adapter.

« Les États-Unis ne supporteront plus seuls la charge de défendre l’Occident et de soutenir l’Ukraine. Il y aura une nouvelle répartition des rôles. C’est exactement ce qui attend l’Europe et l’Allemagne.”

Karl Schlögel

Pour Karl Schlögel, le populisme qui se développe également sur le Vieux continent est un symptôme à prendre très au sérieux :

« Si la volonté des électeurs conduit à un renforcement des démagogues et à une polarisation à gauche ou à droite, cela signifie que la démocratie est dysfonctionnelle »

Karl Schlögel

Selon l’historien, finalement, la situation n’est pas si surprenante et on aurait pu se préparer bien plus tôt. Karl Schlögel estime que le personnel politique des démocraties occidentales doit s’adapter à ce « nouveau type de leader ». Sa demande est restée lettre morte, du moins pour le moment.

(Traduit de l’allemand par Valentine Zenker)

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