25 ans après, “on en parle encore tout le temps” à Durban, village de l’Aude détruit par les intempéries

Ancienne directrice de l’école maternelle de la ville, Michèle Pla raconte avec force ses souvenirs d’un village dévasté par les intempéries il y a 25 ans, en novembre 1999, puis son engagement bénévole pour aider les sinistrés à avancer.

Avant qu’elles ne prennent les proportions qu’on connaît, Michèle Pla considère la pluie qui commence à tomber en fin de journée du 12 novembre 1999 comme une opportunité. « Il y avait déjà une sécheresse importante, donc nous étions contents ! Celle qui fut directrice de l’école maternelle de la commune, puis retraitée pendant deux ans, vient récupérer son petit-fils après l’école et rentre chez elle. Michèle Pla habite à l’étage, ce qui protégera la majeure partie de sa maison des futures inondations et explique aussi pourquoi une partie de sa famille se réfugie chez elle.

« À 21 heures, mon fils m’a amené ses deux jeunes garçons car l’eau montait derrière sa maison. Une demi-heure plus tard, ma belle-fille est arrivée : chez eux, une partie du plafond venait de s’effondrer. Même chez moi, il pleuvait tellement fort que l’eau s’infiltrait. Je me souviens d’un habitant qui a quitté sa maison avec son bébé tenu à bout de bras pour l’empêcher de se noyer.. La nuit passe, et Michèle Pla comprend que cet événement climatique défigure sa commune.

Michèle Pla n’a rien oublié de ces événements.
L’Indépendant – PHILIPPE LEBLANC

« Le lendemain, c’était l’horreur. Tout a été détruit. D’après la perception, il ne restait que les quatre murs. Tous les commerces ont été touchés. Et quand j’ai découvert l’état de mon école maternelle… » À cette désolation s’ajoute un sentiment d’isolement qui durera également plusieurs jours. « Pour rejoindre Durban, nous avons dû faire un énorme détour. Nous étions comme coupés du monde. ».

Pour autant, l’intéressée ne se laisse pas décourager et s’engage rapidement auprès de ceux qui ont tout perdu. « Régis Barailla, le maire de l’époque, m’a appelé dans la rue alors qu’il venait de me voir passer et m’a proposé de participer à l’activité du centre municipal, en s’occupant de la gestion des biens. J’ai bien sûr accepté, j’ai fait du bénévolat toute ma vie.. Michèle Pla travaille sur place avec trois autres Durbaniens, contribuant également à la mise en place progressive d’une aide plus globale.

Les rivières se sont transformées en véritables torrents.

J’ai pris la liberté d’appeler Lionel Jospin pour lui demander de ne pas oublier nos petits

« Des militaires arrivaient de Brignoles pour participer au ménage, ils habitaient au premier étage de la maison. Des jeunes, une vingtaine ou une trentaine. Ils sont restés au moins un mois, ils étaient au village toute la journée. ». Localement, le retraité constate un réel « élan de solidarité » entre villageois, et l’État ne reste pas non plus indifférent au sort de Durban. « Lionel Jospin, alors Premier ministre, s’y est rendu. J’ai pris la liberté de faire appel à lui, pour lui demander de ne pas oublier nos enfants et leur école. Il a posé sa main sur mon épaule et a répondu. : ‘Je vais reconstruire votre école’ et nous avons eu l’argent !

La sécheresse actuelle n’efface pas le traumatisme subi il y a 25 ans.
L’Indépendant – PHILIPPE LEBLANC

Michèle Pla ne tourne pas autour du pot. « La caserne des pompiers, la gendarmerie, la maison des jeunes, la piscine, les ponts… Ils ont reconstruit tout le village ». Mais si vu de l’extérieur, Durban a pansé ses blessures, le traumatisme est toujours là. « Nous parlons encore tout le temps de ces inondations. Dès qu’il pleut un peu fort, il y a toujours quelqu’un pour dire : ‘J’espère que ce n’est pas comme en 1999 !’

 
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