elle a été témoin du tragique accident des 24 Heures du Mans

elle a été témoin du tragique accident des 24 Heures du Mans
elle a été témoin du tragique accident des 24 Heures du Mans

« Nous avions fait fabriquer des sièges par un menuisier afin que nous puissions nous asseoir très haut et voir par-dessus tout le monde. Nous étions au premier rang. Je n’ai vu que le dessous de la voiture l’air [celle de Pierre Levegh], Je ne connaissais pas les distances. Je me suis dit : “Ça y est, ça va me tomber sur la tête.” Je vais mourir. « .

Venir de Cérans-Foulletourte en autocar

Près de soixante-dix ans plus tard, Denize Joyeau est toujours là, chez elle au Mans. Du haut de ses 101 ans, avec une profusion de détails, elle raconte à ses petits-enfants – dont moi – cette journée du 11 juin 1955 qui reste gravée dans sa mémoire. Elle venait de fêter ses 32 ans.

Coiffeuse à Cérans-Foulletourte, Denize avait fait le déplacement avec son mari Maurice et un couple d’amis, Max et Liliane. Un évènement ! S’ils étaient déjà venus assister aux essais, ils n’avaient jamais suivi en direct la compétition phare des 24 Heures du Mans, dont la première édition a débuté en 1923, sept semaines seulement après la naissance de Denize.

Denize Joyeau, 101 ans, est née le 7 avril 1923 à Mansigné, sept semaines avant la première édition des 24 Heures du Mans. | OPHÉLIE JOSSIER
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Denize Joyeau, 101 ans, est née le 7 avril 1923 à Mansigné, sept semaines avant la première édition des 24 Heures du Mans. | OPHÉLIE JOSSIER

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Après quelques heures de course, tout va mal. « Il y avait trop de queues de poisson. Il fallait voir la vitesse ! » En quelques secondes, la fête tourne au drame. La Mercedes s’envole dans la foule tandis que l’Austin qu’elle a heurtée se perd dans les stands. Le temps se fige et puis tout s’emporte. Panique générale.

Touché à l’épaule dans la panique générale

“J’ai sauté de mon siège et j’ai couru dans un sens, poursuit Denize Joyeau. Il y a un monsieur, étrangement gros et fort, qui s’enfuyait dans une autre direction. Il ne m’a pas vu, il est tombé sur moi et m’a meurtri l’épaule. Il était fort, dis-je ! Il s’est levé, m’a enjambé et a couru à nouveau. Je ne sais même pas s’il l’a remarqué. Nous étions tous un peu fous, cette voiture en l’air nous faisait tellement peur. C’était chacun pour soi. »

« Liliane, la femme de Max, a perdu une chaussure dans la panique. Ce jour-là, je portais une veste jaune. C’est comme ça que Papi m’a trouvé. Il y avait des gens, des gens, des gens qui revenaient. « Sans ta veste, je ne t’aurais pas reconnu », m’a dit Maurice. Nous avons décidé de retourner dans les tribunes, pour éviter la foule. Avant de partir, Papi a cherché un conducteur pour lui annoncer son départ et obtenir un billet pour revenir le lendemain. Nous ne nous en sommes pas rendu compte ! Nous en avons pris conscience par la suite. »

Morts et blessés en attente d’évacuation

« Maurice a vu beaucoup de morts blessés à la tête, une dizaine. Ils étaient couchés derrière la porte, hors de vue, attendant d’être évacués. Je vois encore un homme avec beaucoup de sang partout, on aurait dit qu’il avait la rougeole. Il marchait bizarrement, comme un automate. Il a suivi tant bien que mal un blessé évacué sur une civière, en lui tenant le pied. »

« Je me souviens aussi qu’il y avait des gens qui rentraient en voiture, à côté de nous. Ils ne trouvèrent pas de couple anglais pour séjourner avec eux. Ils étaient inquiets. Il faut l’avoir vécu. Nous ne pouvons même pas imaginer. Et encore une fois, je n’ai pas vu grand chose en arrière-plan. Certains ont vu des morts à côté d’eux, c’était encore pire. C’est le cas d’un ami que j’avais à Mansigné, celui qui a eu le bras cassé et a reçu un million [d’anciens francs]. »

Le bilan des morts est estimé à environ 80 personnes, mais selon Denize, il s’agit « plutôt d’une centaine ». | ARCHIVES OUEST-FRANCE
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Le bilan des morts est estimé à environ 80 personnes, mais selon Denize, il s’agit « plutôt d’une centaine ». | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Après l’accident, beaucoup de choses ont été dites, mais Denize insiste : « Ceux qui disent avoir tout vu, ce n’est pas vrai. Tout le monde voyait où étaient ses yeux. À l’époque, on ne se rendait pas compte qu’il y avait autant de morts. » Environ 80 officiellement, mais selon elle, “Plutôt une centaine, y compris ceux qui n’ont pas survécu à leurs blessures.” »

Première rangée pour les fournitures

Ce n’est que plus tard que chacun a pu reconstituer l’ampleur de l’événement : « Le médecin de Cérans-Foulletourte était dans les tribunes. Il a vu le moteur passer [de la Mercedes de Levegh]. Ton grand-père, qui voulait suivre le premier ravitaillement, était devant le stand lorsque la voiture {Austin-Healey de Lance Macklin] était intégré. Il a vu un homme tomber du stand … Mort. »

Denize s’en sort avec un tendon sectionné à l’épaule. « J’ai fait des séances de physiothérapie. Nous sommes allés à la chambre de commerce. C’est là que nous avons récupéré notre argent. Je viens de déclarer les frais de car. À l’époque, je n’avais pas dit que je ne pouvais plus travailler et que je devais embaucher quelqu’un pour me remplacer. »

Denize Joyeau n’est jamais revenue sur le circuit. « Ton grand-père y est allé le lendemain matin. Il n’est pas resté longtemps, car il a été choqué de voir du sang partout et des corps encore là. » Mais ils ont toujours suivi les 24 Heures à la télé. Et lorsque le mois de juin arrive chaque année, le rugissement aigu des moteurs atteint toujours son balcon.

 
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