Avant d’affronter Béziers en demi-finale, Jean-Noël Spitzer avait déclaré à ses joueurs : « Si vous gagnez contre Béziers, vous gagnerez la finale. » La prédiction du coach vannetais s’est réalisée. Cet après-midi, sur la pelouse d’Ernest-Wallon, le club breton est entré dans l’histoire. Vainqueur de Grenoble qui était déjà finaliste la saison dernière, Vannes est champion de France de Pro D2, et évoluera en Top 14 la saison prochaine.
Un exploit exceptionnel pour ce petit club breton qui évolue à La Rabine, dans un stade de 11 000 places. Il sait que la saison prochaine sera compliquée mais il ne pouvait pas se permettre de rater cette occasion en or, Jean-Noël Spitzer, nous expliquant la semaine dernière, dans l’intimité de son vestiaire, que la Pro D2, en 2024-2025 serait un enfer. avec des grosses cylindrées, de mieux en mieux préparées, comme Brive qui a procédé à un recrutement XXL, avec notamment la signature de Courtney Lawes, la star anglaise.
Spitzer, l’architecte de l’ascension
Très modeste, Jean-Noël Spitzer, l’un des artisans de cette accession, a versé une petite larme. Il a tout vécu dans ce club, dont trois demi-finales perdues de Pro D2, en 2019, 2021, et 2023… Il a également été joueur, troisième ligne, puis entraîneur. Il dirige cette équipe depuis 2005. Au micro de Canal Plus, il a encore parlé de ce monde amateur : « Ce voyage est tellement incroyable, je pense à toutes ces années dans le monde amateur, aux kilomètres que j’ai parcourus, traversant la France pour rejoindre mon équipe tard dans la nuit du samedi au dimanche. Parce que je travaillais souvent le samedi, à Saint-Brieuc. Je pense aux accidents de voiture que j’ai eu avec mon préparateur physique. Je ne pensais pas être entraîneur de Top 14, je voulais entraîner, c’est un exploit. Maintenant, je veux boire des bières avec mon staff. » Un luxe pour lui.
Normalement, il rentre rapidement chez lui pour revoir le match, mais aussi d’autres matches. Celle-ci, la dernière d’une interminable saison, il attendra peut-être avant de la regarder. Ce match a été dur, intense, et comme à son habitude, Vannes s’est montré réaliste dans les deux zones de but, contrairement à Grenoble qui a gâché d’innombrables occasions, comme ce ballon perdu par Barnabé Massa, le talonneur, à la 20e. Une action qui symbolise parfaitement ce qui s’est passé lors de cette rencontre. Il y en a eu d’autres comme ça, avec des avancées incroyables, des passages à vide, voire de mauvaises décisions en supériorité numérique.
Nous avons été monstrueux en défense dans les rucks.
Maxime Lafage, pilote moitié de Vannes.
Comme la semaine dernière, à domicile contre Béziers, les Morbihannais ont souffert, ont parfois eu du mal à sortir de leur camp, mais ils se sont appuyés sur une excellente défense, infranchissable, c’est aussi la meilleure de Pro D2. En fin de rencontre, Maxime Lafage a eu un mot pour les gros, pour ce pack agressif dans la lutte, et le jeu au sol : « On a été monstrueux en défense dans les rucks, les gros ont fait un boulot de fou, ils s’envoyaient comme des ânes. »
Ils ont réussi, grâce à leur travail, à conserver l’avantage pris à la 11e, sur un essai de Romaric Camou (7-0). Ils auraient sans doute pu prendre le large mais ils ont été magnifiquement contrés en touche, et ont perdu quatre ballons dans des zones idéales pour marquer. Cette difficulté ne les a pas accablés. Ils ont même profité de la pause pour redresser la situation, et prendre moins de risques dans les alignements.
En seconde période, ils ont souffert, mais ont bien résisté, sans trop être pénalisés, empêchant Sam Davies, l’excellent ouvreur gallois de Grenoble, de briller. Pour Grenoble, il est désormais urgent de digérer ces occasions manquées. La saison n’est pas terminée. Dimanche 16 juin, Steeve Blanc-Mappaz et ses partenaires ont encore une chance de rejoindre l’élite. Il faudra battre Montpellier…
