Quels autres éléments doivent encore être financés ?
Le deuxième point essentiel est l’adaptation au changement climatique. Et même ici, les moyens ne sont pas à la hauteur. Nous avions promis 100 milliards par an (en 2009, aux pays en développement, ndlr) mais nous n’y sommes pas encore. Enfin, le troisième point important est la question du financement de la transition énergétique des pays du Sud, pour laquelle les montants prévus sont totalement négligeables. Actuellement, la plupart des fonds sont investis dans les pays industrialisés et en Chine. Or, si l’on ne finance pas la transition dans les pays du Sud, le risque est réel que ces pays se tournent vers les énergies fossiles pour répondre à leurs besoins croissants d’électricité et de développement. La bonne nouvelle est que les investissements dans la transition sont principalement des investissements privés. La mauvaise nouvelle est que les environnements politiques et économiques des pays du Sud sont souvent considérés comme trop instables pour les investisseurs. L’un des enjeux fondamentaux est donc de rendre ces investissements moins risqués. C’est fondamental car si la transition énergétique n’a pas lieu dans les pays du Sud, nous risquons de saper les réels efforts de réduction des émissions menés dans les pays industrialisés.
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Le fait que la COP ait lieu en Azerbaïdjan, pays peu connu pour son respect des droits de l’homme, risque-t-il d’être un obstacle aux progrès ?
À mon avis, le principal obstacle réside dans le fait que l’Azerbaïdjan a eu peu de temps pour se préparer. Le pays a été désigné très tardivement et la préparation est un élément clé pour la réussite d’une COP. De plus, personne ne connaît les diplomates azerbaïdjanais, contrairement aux diplomates des Émirats arabes unis. Le fait que l’Azerbaïdjan soit un régime autoritaire peu respectueux des droits de l’homme n’affectera pas réellement la conduite des négociations elles-mêmes.
Et la société civile, qui sera moins cette année ?
C’est un flic très coûteux pour les participants. Les hôtels sont rares et très chers, les vols sont très compliqués. Cela signifie que la taille des délégations sera considérablement réduite et que la représentation des pays du Sud sera moins importante. Toutefois, la société civile peut influencer les négociations. On le sait, on dit de ne pas surestimer le poids politique du pays hôte. C’est comme l’arbitre d’un match de football : il peut influencer le déroulement du match mais ce n’est pas lui qui marque les buts.
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Les liens entre le président de la COP 29, Mukhtar Babayev, et l’industrie pétrolière ne risquent-ils pas de nuire à d’éventuels progrès ?
Dans de nombreux pays, le ministre de l’Environnement est également le ministre des Ressources naturelles ; et c’est pourquoi le ministre de l’Environnement a souvent des liens avec l’industrie pétrolière des pays producteurs de pétrole. C’est presque inévitable dans ces pays. Ce n’est pas parce que vous êtes ministre du Pétrole que vous êtes nécessairement un lobbyiste de l’industrie pétrolière. Si l’on regarde le sultan al Jaber (président de la COP 28 tenue à Dubaï, ndlr), qui avait des liens avec le secteur pétrolier, on voit que ces liens n’étaient pas vraiment un obstacle aux négociations. Il est possible qu’ils le soient cette année, mais c’est difficile à dire à ce stade.