Le meilleur buteur de l’histoire du Nîmes Olympique est décédé samedi 9 novembre des suites d’une longue maladie. Il avait 89 ans et était marocain. Deux glorieux anciens, Alain Garnier et Michel Mézy, se souviennent de Hassan Akesbi, joueur majeur des Crocodiles dans les années 50. L’âge d’or du club.
« Dans cette équipe, j’étais le plus jeune, et maintenant je suis le plus vieux… Plus ça avance, plus mes anciens coéquipiers disparaissent… » L’octogénaire Alain Garnier a appris avec tristesse le décès de Hassan Akesbi, décédé samedi 9 novembre des suites d’une longue maladie à l’âge de 89 ans. Information rendue publique par la Fondation Mohammed VI des Champions sportifs.
149 buts en 250 matches avec NON, un record qui « ne sera peut-être jamais battu » selon Michel Mézy
L’attaquant était une légende du Football marocain. Il est aussi, et restera longtemps, le meilleur buteur de l’histoire du Nîmes Olympique (devant Rahis, Vergnes et Cubaynes, NDLR). “Il ne sera peut-être jamais battu”prédit Michel Mézy, autre grand nom du Gard rejoint ce dimanche.
Alors combien de buts Akesbi a-t-il marqué au cours de ses six saisons avec le NO, de 1955 à 1961 ? Les chiffres diffèrent… Jean-Charles Roux, auteur de l’ouvrage “The Jean-Bouin stadium: the golden age of Nîmes Olympique” (Éditions Atelier Baie, 2021), a fait le calcul : 119 buts en 204 matches de championnat, et 149 en 250 matches toutes compétitions confondues (Coupes de France, Drago…).
«Cette équipe» qu’évoque Alain Garnier, c’est celui de l’âge d’or du club des crocodiles. La plus belle période de son histoire, la plus régulière, la plus aboutie, avec trois places de vice-champion de France en Ligue 1 (1958, 1959, 1960) et deux finales de Coupe de France perdues (1958, 1961).
Lorsque le Renaud Ripart de l’époque, transporté à tous les postes, rejoint l’équipe première à la fin des années 50, « Hassan Akesbi était déjà là. Il n’avait pas de surnom, on l’appelait Hassan. C’était une personne très gentille, très distinguée dans son discours. Il avait tout d’un prince arabe ! Je l’ai vu pour la dernière fois lors de l’inauguration du stade des Costières, en 1989. Nous avons pris un repas ensemble, parmi des personnes âgées. Il m’a ensuite invité au Maroc où il avait pris sa retraite, mais j’étais assez fatigué. et je n’y arrivais pas. Il était aussi bien dans la vie que sur le terrain. (Kader Firoud l’appellera « seigneur » sur et en dehors du rectangle vert, NDLR). C’était un filou à partir de 16 mètres, il était toujours aux aguets, il bloquait les petits buts. Dans la surface, c’était virement de bord, virement de bord, but. Il n’a pas eu une frappe puissante, mais il a eu un coup de pied majestueux.
« Skibakesbi » entre dans l’histoire
Au sein de l’attaque la plus prolifique du NO, son entente avec le franco-allemand Henri Skiba a fait des merveilles. Le journaliste de France Football Roger Chabaud a inventé le terme « Skibakesbi » pour le décrire. «Je m’en souviens, dit Michel Mézy. J’avais 10 ans et j’allais les voir jouer. Et à l’époque, les joueurs se retrouvaient parfois au café de mes parents au Grau-du-Roi : Akesbi, Skiba, Charles-Alfred, Bettache… J’avais pour eux les yeux de Chimène. C’étaient mes idoles. Ils font partie de ceux qui m’ont transmis l’amour de ce club. Akesbi était un vrai buteur, assez atypique, insaisissable. Dans le coin, il était souvent là où on l’attendait le moins. Avec une élégance… C’était un échassier, un danseur, un artiste, maigre mais aérien. A Nîmes, ce fut une totale réussite.
Kader Firoud le signe
Durant ses six saisons à Nîmes, il termine… six fois meilleur réalisateur du club, marquant entre 15 et 24 buts par exercice et les célébrant comme peu de joueurs auparavant. C’est Kader Firoud, devenu entraîneur des Crocodiles en 1955, qui le recrute en provenance du FUS Rabat. “J’avais à peine 19 ans lorsque j’ai commencé à recevoir des offres de clubs espagnols et français, mais j’ai fini par choisir le Nîmes Olympique. Je n’oublierai jamais mon club Fussistes qui m’a laissé partir sans la moindre indemnité de transfert, ni aucune compensation financière. J’ai signé à Nîmes pour un salaire de 6 500 francs français (environ 1 000 €, NDLR), accompagné d’une prime à la signature de 5 000 francs.raconte alors le natif de Tanger (en 1935) au Midi Libre.
Hassan Akesbi logeait chez M. Réquier, ancien joueur du NO, route de Beaucaire. Il adorait passer ses vacances au Grau-du-Roi avec sa femme et ses enfants. La légende raconte que c’est là qu’il apprit que Nîmes avait trouvé un accord avec Reims pour son transfert dans le plus grand club français, en 1961. « Le transfert dont on parle le plus est enfin réalisé »titre le quotidien sportif L’Équipe. Montant, record pour l’époque : 55 millions d’anciens francs (1 M€ aujourd’hui en tenant compte de l’inflation), dont 10 pour l’international marocain.
Un transfert à Reims qui a fait du bruit
L’ancien successeur droit de Just Fontaine en Champagne (où il fut sacré champion de France en 1962) déclarait, toujours dans Midi libre : « Je quitte Nîmes parce que ma carrière de joueur m’y oblige : elle est très courte, et à 26 ans c’est normal de faire d’autres choix. Je suis ici depuis six ans. Il y a des gens dans le club et dans l’équipe une ambiance, une camaraderie que je ne retrouverai certainement pas ailleurs. Je laisse beaucoup d’amis derrière moi… » Et de superbes souvenirs pour les anciens élèves de Jean-Bouin.