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La Russie a annoncé avoir détruit 70 drones ukrainiens qui ont lancé une attaque sur son territoire ce dimanche 10 novembre. De son côté, l’armée de l’air ukrainienne affirme que le territoire de l’Ukraine a été survolé par 145 drones russes, dont 62 ont été abattus. , « un record ». Quatre points pour comprendre le rôle qu’ils jouent dans le conflit.
Les récents événements sur le front ukrainien ont remis les drones au cœur de l’actualité. La Russie a annoncé avoir détruit 70 drones ukrainiens qui ont lancé une attaque sur son territoire ce dimanche 10 novembre. Sur Telegram, le ministère russe de la Défense a indiqué que 34 d’entre eux avaient été abattus « au-dessus du territoire de la région de Moscou ». Il s’agit de l’attaque la plus massive menée dans cette région depuis le début du conflit. Une femme a été blessée, a reconnu le gouverneur de la région de Moscou.
Cette semaine, malheureusement, l’Ukraine a connu de brutales attaques russes contre Kharkiv, Donetsk, Soumy, Odessa et Zaporizhzhia. Presque chaque jour, nous sommes confrontés à des frappes de drones ainsi qu’à des frappes de missiles.
À chaque réunion, à chaque négociation avec des partenaires disposant de systèmes de défense aérienne, le… pic.twitter.com/UXVBEt1ruZ
– Volodymyr Zelenskyy / Volodymyr Zelensky (@ZelenskyyUa) https://twitter.com/ZelenskyyUa/status/1855310215865921965?ref_src=twsrc%5Etfw
De son côté, l’armée de l’air ukrainienne affirme que, dans la même nuit du 10 novembre, le territoire de l’Ukraine a été survolé par 145 drones russes, dont 62 ont été abattus, « un record ». Toutes les régions ont été ciblées, à l’exception de la partie la plus occidentale du pays. Mais comment comprendre cet usage de plus en plus récurrent de ces appareils ?
Une arme utilisée dans des proportions jamais connues auparavant
Dans les deux camps, nous mettons tout en œuvre pour que notre production de drones soit la plus cohérente possible. Fin 2023, Volodymyr Zelensky avançait par exemple l’objectif symbolique d’un million de drones produits en 2024. Le Kremlin revendiquait une multiplication par 10 de sa production de drones entre 2023 et 2024. Selon les chiffres avancés, il Il s’agirait désormais d’1,4 million de drones produits par an, un chiffre relayé par le magazine Grand Continent.
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Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre via son blog Ne souffre pas veut quand même tempérer ces chiffres : « il y a un aspect propagande, on utilise les chiffres pour impressionner l’adversaire ». Toutefois, l’ancien officier confirme l’ampleur prise par ces engins dans la guerre. « Nous sommes entrés dans une ère industrielle de production de drones qui permet d’en construire une très grande quantité relativement rapidement », explique-t-il.
Comment expliquer cette généralisation ?
Selon Guillaume Ancel, aujourd’hui, « le drone est le meilleur en termes de rapport qualité/prix ». Même si les chars, les obus et les avions de combat coûtent tous plus cher les uns que les autres, la plupart des drones sont abordables. Et c’est là que réside la nouveauté car, avant, « un drone coûtait presque aussi cher qu’un avion de combat ».
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Il joue surtout le rôle de « chaînon manquant ». Il banalise un type d’arme qui n’existait pas ou presque pas auparavant, une sorte d’entre-deux « entre les armes non guidées comme les obus et le missile téléguidé hyper sophistiqué et hyper cher ». Des actions précises réalisées à grande distance sont désormais possibles à un coût acceptable grâce aux drones.
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L’autre chose qu’il permet est un guidage avancé. Avant, « c’était un risque, ces opérations mobilisaient des équipes avec une espérance de vie très faible. Évidemment, on entendait les balles siffler», raconte le chroniqueur de guerre. Les drones permettent de sécuriser les opérations de combat essentielles.
Les différents types de drones et leurs rôles
Il existe deux « familles » de drones : les drones « kamikaze » ou « consommables » et les drones destinés à être réutilisés. Les premiers drones, pour la plupart dits « FPV », contiennent une charge et sont équipés d’un « système d’observation très simple destiné uniquement à guider l’appareil ». Ceux-ci sont presque destinés à être détruits lors de leur utilisation. «C’est une sorte de grenade volante qui voit», résume Guillaume Ancel. Les autres sont équipés « d’optiques beaucoup plus coûteuses et sophistiquées », peuvent être utilisés de nuit, manœuvrés dans des conditions difficiles, contiennent des systèmes de détection, etc.
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Ces deux types de drones sont les plus répandus mais on ne les retrouve pas dans les mêmes proportions. « Le FPV est le plus courant, on a un ratio entre 100 pour 1 et 10 pour 1 », estime le chroniqueur de guerre. Il existe également d’autres types de drones, plus spécifiques. LE Magura V5 C’est par exemple un drone naval d’une portée allant jusqu’à 800 kilomètres qui a permis à l’Ukraine de repousser la flotte russe en Crimée. La Russie, de son côté, a récemment développé un porte-drones FPV et l’a déployé sur le front. Ce porteur permet de contrer la courte portée du drone FPV classique, qui ne dispose que de 30 kilomètres d’autonomie en moyenne.
Une évolution qui change la manière de combattre
Déjà, le drone continue d’être une arme complémentaire. Malgré l’abondance que nous venons d’évoquer, il faut relativiser l’importance du drone comme arme. « Il n’a pas du tout l’aspect de saturation que permettent les bombardements d’artillerie », nous explique l’ancien officier. De par leur taille, ils contiennent « environ 40 kilos de charge au maximum », ce qui n’est même pas l’équivalent d’un obus.
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En revanche, cela a permis « le contrôle à distance de pseudo-missiles, que sont ces drones, par des militaires relativement mal entraînés ». Cette simplicité d’utilisation est incomparable avec les systèmes de lancement de missiles par exemple. « On peut le piloter depuis un téléphone portable, c’est incroyable, on n’a même plus besoin d’infrastructure », conclut Guillaume Ancel.
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Enfin, un drone d’observation, c’est la capacité de connaître les positions et les mouvements ennemis. Mais sur cette perte d’opacité de la guerre, l’ancien officier tempère : « avec les premières générations c’était tout à fait le cas, aujourd’hui, du fait de cette généralisation du drone, la lutte contre les drones a énormément progressé même si elle reste coûteuse.
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L’avènement du drone comme arme de combat a donc modifié la façon de faire la guerre, et notamment de frapper et d’observer son ennemi à distance.