Même si plus d’un tiers des foyers français utilisent encore le gaz pour cuisiner, une étude indique que les cuisinières à gaz sont responsables de la mort prématurée de 36 000 personnes chaque année en Europe.
Un constat alarmant. Si la pollution de l’air extérieur est souvent citée comme la plus nocive pour la santé, celle émise à l’intérieur des habitations est tout aussi nocive. Telles sont en substance les conclusions d’une étude publiée en octobre 2024 par l’Université Jaume I et l’Université de Valence, en Espagne. Pour la première fois, des chercheurs ibériques ont analysé les risques liés aux émissions de dioxyde d’azote (NO2) des cuisinières à gaz.
Selon eux, l’exposition au NO2 dans les habitations serait responsable de 36 000 décès prématurés chaque année en Europe et d’une réduction de l’espérance de vie d’environ deux ans. Un nombre de décès “deux fois plus élevé que ceux liés aux accidents de la route”, souligne le journal britannique The Guardian.
« L’élimination progressive du gaz de cuisine est essentielle pour faire avancer les priorités de l’UE en matière de promotion de la santé, d’amélioration de la qualité de l’air et d’élimination progressive des combustibles fossiles », a déclaré l’Alliance européenne de la santé (EPHA) dans un communiqué de presse publié le 28 octobre.
La France, particulièrement à risque
Pour obtenir ces résultats, les scientifiques ont croisé des études de santé existantes avec des mesures de dioxyde d’azote dans les foyers européens. La France est l’un des cinq pays les plus touchés du Vieux Continent. Près d’un tiers des Français (31,7%) cuisinent au gaz, selon une étude réalisée conjointement par l’association française Respire et l’ONG CLASP en 2023.
Pire encore, plus de la moitié des foyers français (53 %) dépassent le seuil quotidien d’exposition au dioxyde d’azote recommandé par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans l’UE, un foyer sur trois utilise la cuisine au gaz. En Italie, en Roumanie, en Hongrie et aux Pays-Bas, 60 % des foyers sont équipés de ce mode de cuisson, tandis qu’au Royaume-Uni, ce chiffre s’élève à 54 %.
« 20 % plus susceptibles de souffrir de maladies respiratoires »
Ceux qui cuisinent au gaz s’exposent à des risques encore plus graves, car en plus du dioxyde d’azote, la combustion du gaz pendant la cuisson émet d’autres polluants nocifs.
C’est le cas du monoxyde de carbone, du benzène, du formaldéhyde et des particules fines.
L’OMS indique que les enfants vivant dans des foyers équipés de cuisinières à gaz sont 20 % plus susceptibles de souffrir de maladies respiratoires.