Nous avons demandé aux Québécois comment ils vivent avec des prix toujours plus élevés pour l’alimentation, le logement et d’autres produits et services.
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Le choc : 85$ pour trois burgers et deux frites
À la tête d’une petite firme de génie-conseil, Karine Lebel gagne de bons revenus, mais elle est encore frappée par les effets de la forte inflation des dernières années.
“Cela n’a aucun sens, peu importe combien d’argent nous gagnons”, confie M.moi Lebel, 39, who is president of GéniCité, in Trois-Rivières.
Elle n’arrive toujours pas à croire la facture de 85 $ qu’elle a récemment reçue pour un repas de hamburger avec son partenaire et son neveu, taxes et pourboire compris.
Lait maternisé
Maman d’un nouveau-né, Karine Lebel s’étonne également du coût des préparations pour nourrissons.
« Nous en sommes à environ 300 $ par mois », dit-elle. Le prix des couches n’est rien comparé à ça.
En fait, le prix du lait maternisé a bondi de 30 % depuis septembre 2020, selon Statistique Canada.
Heureusement, Mmoi Lebel et son conjoint ont des horaires suffisamment flexibles pour pouvoir attendre que leur enfant ait une place dans un CPE ou une garderie subventionnée, ce qui leur permettra de faire de grosses économies.
«On va essayer de se passer de garderies à 80$ par jour», dit-elle.
Sa facture de déneigement a doublé
De nombreux Québécois ont, au cours des dernières semaines, renouvelé leur contrat de déneigement. Martin Tremblay en fait partie et il s’estime chanceux de payer « seulement » 20 $ de plus cette année.
« Je suis passée de 320 $ en 2019 à 610 $ en 2024, et pourtant mon entrée n’a pas grandi ! se demande-t-il.
Comme beaucoup, il pense parfois à sortir sa pelle.
« Mais je déchante vite quand je pense qu’il faudrait que je me lève aux petites heures pour aller pelleter afin d’être sûr d’arriver à l’heure au travail », raconte-t-il.
Les chasse-neige sont également victimes de l’inflation.
« Nous payons désormais deux fois plus pour les pièces de nos véhicules. Un tracteur pour déneiger coûtait 60 000 $ il y a cinq ans, et ce prix est tombé à 110 000 $. La main d’œuvre devient également de plus en plus chère car difficile à trouver. Et nous avons eu une augmentation de près de 30 % de nos assurances ces deux dernières années ! explique Stéphane, chasse-neige dans Lanaudière.
“Je pense que nous n’en sommes qu’au début.”
Cristina Talarico et son fils Noah, 10 mois.
Photo Sylvain Larocque
Jeune mère de deux enfants, Cristina Talarico trouve que l’augmentation des salaires est insuffisante pour couvrir les coûts toujours croissants de l’épicerie et du logement.
« Nous avons un 5 1⁄2 et nous payons 1 850 $ par mois », explique M.moi Talarico, qui travaille dans le laboratoire d’une pharmacie à Montréal.
Le jeune homme de 24 ans ne s’est pas encore habitué aux prix élevés des supermarchés.
« Rien que les fruits et légumes peuvent nous coûter 100 dollars », illustre-t-elle.
« Cela ne fait qu’augmenter et cela va encore empirer. Je pense que nous n’en sommes qu’au début », déplore-t-elle.
Plus cher ici qu’aux Etats-Unis
Nicolas Tavares
Photo Sylvain Larocque
Nicholas Tavares a passé l’année à travailler aux États-Unis et estime que les prix sont beaucoup plus élevés ici que là-bas.
Il rit quand La Revue lui demande ce qu’il pense des effets de l’inflation.
« Les prix sont trop élevés, c’est sûr », dit-il spontanément.
Spécialisé en mécanique industrielle, M. Tavares traverse régulièrement la frontière pour installer des équipements de l’entreprise québécoise Carbotech pour des clients américains.
“Pendant toute l’année 2024, j’ai parcouru les Etats-Unis à pied, et les différences de prix [avec le Canada]c’est ridicule», déplore-t-il.
«Nous sommes simplement allés chez Subway et cela nous a coûté 30 $ à tous les deux», explique Nicholas Tavares.
Il faut dire que depuis le début de l’année, le dollar canadien a perdu près de 5 % de sa valeur face au billet vert, ce qui fait que, tout bien considéré, le pouvoir d’achat des Canadiens a diminué par rapport à celui des Américains.