L’ancien Premier ministre italien a publié début septembre un rapport pour relancer la croissance dans une Europe en panne par rapport aux Etats-Unis.
“Les recommandations contenues dans ce rapport étaient déjà urgentes, étant donné la situation économique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, elles sont devenues encore plus urgentes après les élections américaines”, a-t-il déclaré à son arrivée dans la capitale hongroise.
“Il ne fait aucun doute que la présidence de Trump fera une grande différence dans les relations entre les Etats-Unis et l’Europe”, a-t-il ajouté.
Le milliardaire américain a promis de s’attaquer à l’excédent commercial de l’UE en taxant les importations de produits européens.
Si elle n’apporte pas de changements radicaux, l’UE connaîtra « une lente agonie », avait déjà prévenu Mario Draghi en septembre.
L’Europe doit dynamiser sa croissance grâce à des investissements massifs dans l’innovation numérique, la transition verte et l’industrie de défense, estime-t-il dans son document de 400 pages.
La compétitivité est au centre du deuxième mandat d’Ursula von der Leyen, a réaffirmé cet été la présidente de la Commission européenne, qui a promis de s’inspirer des conclusions de Mario Draghi.
Mais entre intérêts divergents et désaccords idéologiques entre Etats membres, le succès du projet est loin d’être garanti.
Largement inspiré des idées françaises soutenues par le président Emmanuel Macron, le texte suscite quelques réserves en Allemagne.
Il contient « de nombreuses améliorations et innovations dont l’Europe a besoin », a salué vendredi le chancelier Olaf Scholz, sans éveiller aucun sentiment d’urgence.
“C’est un moment de réveil stratégique pour les Européens face à ce qui se passe aux Etats-Unis”, a déclaré le ministre français de l’Europe Benjamin Haddad, évoquant “une grande convergence” d’opinions parmi les Vingt-Sept.
– Un mur d’investissements –
Le tableau dressé par Mario Draghi est sombre : l’Europe connaît un déclin économique par rapport aux États-Unis et accroît dangereusement sa dépendance à l’égard de la Chine pour certaines matières premières et technologies stratégiques. Le revenu par habitant « a presque doublé aux États-Unis par rapport à l’Europe depuis 2000 », souligne-t-il.
L’ancien président de la Banque centrale européenne estime les investissements nécessaires sur le Vieux continent entre 750 et 800 milliards d’euros par an, soit plus que le plan Marshall américain qui soutenait la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Ce mur d’investissement représente un immense défi pour les 27 pays de l’UE qui cherchent à réduire leur dette et leurs déficits budgétaires.
“Le rapport Draghi constitue une excellente base” de travail, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel.
Les dirigeants de l’UE reconnaissent “l’urgence d’une action décisive”, dans un projet de texte qui reprend les principales voies avancées par Mario Draghi : approfondissement du marché unique, union des marchés de capitaux, mise en œuvre d’une politique commerciale qui défend les intérêts européens, simplification de la régulation. …
Mais ils restent vagues sur les questions budgétaires.
Les Vingt-Sept reconnaissent qu’il sera nécessaire de mobiliser « des financements à la fois publics et privés » et disent vouloir « explorer tous les outils et instruments », une déclaration controversée qui a suscité de longues discussions.
L’Allemagne et d’autres pays « frugaux » excluent en effet tout recours à une nouvelle dette commune, malgré le succès du plan de relance historique post-Covid de 800 milliards d’euros lancé en 2020.
Ils pourraient cependant envisager un financement public via le budget de l’Union européenne ou un recours accru à la Banque européenne d’investissement.
L’accent sera mis sur le financement privé, en mobilisant l’épargne des citoyens européens vers les besoins des entreprises et en éliminant les barrières nationales qui empêchent la création d’un véritable marché financier intérieur.
Au-delà de la déclaration de principes de Budapest, les pays membres risquent de s’enliser dans des débats interminables. Outre le problème du financement, leurs intérêts divergent sur l’union des marchés des capitaux, véritable serpent de mer des dirigeants européens. Même la création d’un syndicat des industries des télécommunications, de l’énergie ou de la défense est bloquée depuis des années.