Bibliothèques, marchés publics et prix unique

Bibliothèques, marchés publics et prix unique
Bibliothèques, marchés publics et prix unique

Du décret no. 2018-1075 du 3 décembre 2018, Les marchés publics de livres non scolaires bénéficient d’une disposition particulière : le seuil d’exonération procédurale des marchés publics est fixé à 90 000 euros hors taxes (au lieu de 40 000 euros après taxes) dans le cas de marchés publics de livres non scolaires agréés par leurs besoins. l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements d’enseignement, de formation professionnelle ou de recherche, les syndicats professionnels et les comités d’entreprise. Tant pour l’enrichissement de leurs collections, par des personnes morales qui gèrent des bibliothèques ouvertes au public.

Cette mesure découle du constat que le critère du prix, habituellement déterminant pour l’attribution des marchés publics, était quasiment inefficace dans le cas des marchés publics de livres non scolaires. L’objectif de la mesure était donc double. D’une part, mieux prendre en compte le cadre réglementaire relatif aux prix du livre dans la gestion des marchés publics ; d’autre part, garantir l’accès des librairies locales aux marchés des bibliothèques publiques, pour contribuer à maintenir un réseau de distribution du livre capable de garantir la diversité de la création et le pluralisme des opinions et des idées à travers l’accès au livre pour le plus grand nombre.

Les modalités de l’exonération de publicité

Dans ce type de marché public, le pouvoir adjudicateur n’est pas tenu de déclarer son intention de procéder à un achat en publiant dans le Bulletin officiel des avis d’appel d’offresau Journal officiel de l’Union européennesur son site Internet ou dans tout autre média. Il n’est pas tenu de mettre en œuvre une procédure formalisée ou adaptée d’appel d’offres entre opérateurs économiques propre à satisfaire ses besoins, telles que celles en vigueur par exemple dans le cadre des marchés publics par appel d’offres (MAO) ou des marchés publics à procédure adaptée ( CARTE).

Pour la fourniture de livres, les marchés publics prennent souvent la forme d’un accord-cadre conclu par des bons de commande, qui peuvent être attribués à un ou plusieurs fournisseurs. Si le pouvoir adjudicateur définit les lots par type de livres non scolaires (documentaires pour adultes, livres pour enfants, bandes dessinées, etc.) ou tout autre critère pertinent, chaque lot pourra être attribué à un prestataire distinct. Les adjudicataires s’engagent contractuellement avec le pouvoir adjudicateur à répondre aux commandes de livres qui leur seront adressées pendant la durée de l’accord-cadre. Ce contrat doit être sous forme écrite si l’accord-cadre répond à un besoin dont la valeur estimée dépasse 25 000 euros HT.

Une collectivité dont le besoin annuel en achat de livres non scolaires est estimé à 70 000 euros hors taxes, peut opter pour une procédure négociée sans publicité ni appel d’offres préalable si elle effectue ses achats sur une base annuelle. Si toutefois elle choisit de conclure un accord-cadre d’une durée de deux ans ou plus, elle devra recourir, selon les cas, à une procédure adaptée (MAPA) ou à une procédure formalisée, l’avis d’appel d’offres étant dans ce cas le dernier cas procédure de principe pour la fourniture de livres.

Toutefois, la possibilité de conclure des contrats sans publicité L’appel d’offres préalable ne dispense pas non plus le pouvoir adjudicateur du respect des principes fondamentaux des marchés publics.

jeliberté d’accès aux marchés publics

Tous les fournisseurs potentiels doivent pouvoir accéder à la commande, quels que soient leur taille et leur statut.

Égalité de traitement des candidats

Tous les prestataires de services potentiels avec lesquels le pouvoir adjudicateur traite dans le cadre du contrat doivent bénéficier du même traitement et recevoir les mêmes informations.

Transparence des procédures

L’acheteur devra informer le(s) prestataire(s) contacté(s) des conditions d’achat. Vous êtes tenu de conserver les documents (lettres, emails, fax, contrats, etc.) qui retracent les échanges avec le(s) prestataire(s) contacté(s) dans le cadre de l’achat. Il doit pouvoir justifier le choix de son prestataire et, le cas échéant, justifier le refus des prestataires retenus.

Le fournisseur désigné doit donc se conformer aux exigences du pouvoir adjudicateur et aura pour but exclusif de répondre aux besoins exprimés par celui-ci. Sans qu’il soit nécessaire d’organiser des appels d’offres, le pouvoir adjudicateur prendra en compte dans son choix les éléments essentiels à la fourniture des livres : niveau de remise proposé, délais de livraison, saisie des commandes et modalités de traçabilité. Vous pouvez également prendre en compte, en fonction de vos besoins et de votre politique d’achat, des éléments tels que le service après-vente, l’organisation du fournisseur et sa capacité de conseil, la performance environnementale, etc.

Le coût de la livraison

À ces dispositions s’ajoute la question des frais de livraison, notamment la concurrence d’Amazon et ses frais de livraison gratuits. En effet, le nouveau quatrième paragraphe de l’article 1ET de la loi no. 81-766 du 10 août 1981, introduit par la loi no. La loi n° 2021 1901 du 30 décembre 2021 visant à renforcer l’économie du livre et à renforcer l’équité et la confiance entre ses acteurs, a prévu le principe d’un « tarif minimum de livraison » pour l’achat de livres neufs : « Le service de livraison du livre ne peut en aucun cas, directement ou indirectement, être proposé gratuitement par le commerçant, sauf si le livre est retiré dans un point de vente de livres. Il doit être facturé dans le respect d’un montant minimum fixé par arrêté des ministres chargés de la culture et de l’économie sur proposition de l’Autorité de régulation des communications électroniques, du courrier et de la diffusion de la presse. L’article 3 de la même loi prévoyait cependant une dérogation en ce qui concerne les marchés publics du livre.

Cette dérogation de l’article 3 à l’intégralité du quatrième alinéa de l’article 1 de la loi no. La loi 81-766 du 10 août 1981 permet donc de considérer que les achats publics ne sont pas influencés par les dispositions relatives au tarif de livraison. Par conséquent, le prix de la livraison des livres sur les marchés publics du livre est gratuit. Quel que soit le montant du marché, l’acheteur public ne peut ni imposer des frais de livraison gratuits, ni exiger une facturation obligatoire pour cette prestation. En particulier, une candidature ne saurait être considérée comme irrégulière au motif que l’offre ne serait pas conforme aux dispositions du décret du 4 avril 2023 prévu hors du champ des marchés publics.

Ainsi, les fournisseurs de livres aux acheteurs publics, notamment pour enrichir les collections de leurs bibliothèques et médiathèques, conservent la possibilité de leur proposer un service de livraison gratuite quels que soient le montant du contrat et les modalités de livraison (subordonnées ou non), ou de leur facturer cette opération.

*Rés. min. N°11276 : JO Sénat le 11 juillet. 2024, p. 3025 et 3026 – Demande 18 avril 2024, Mme Laure Darcos

Alexandre Duval-Stalla

Olivier Dion-Alexandre Duval-Stalla

Alexandre Duval-Stalla Il est avocat au Barreau de Paris et écrivain. Ancien secrétaire du Congrès des Avocats de Paris (2005) et ancien membre de la commission nationale consultative des droits de l’homme, il est président fondateur de l’association « Lire pour sortir » qui promeut la réinsertion par la lecture des personnes détenues et du prix- livre primé d’André Malraux littéraire.

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