le 6 juin 1944, que savaient les Rennais du Débarquement en Normandie ? – .

Le 6 juin 1944, 156 000 soldats, dont 23 000 parachutistes, débarquent sur les plages de Normandie. C’est le jour J, D-Day en anglais. Quel est le but d’Overlord, gigantesque opération aérienne, maritime et terrestre : chasser l’armée allemande qui occupe une partie de la France et libérer l’Europe occidentale.

Rennes est à 200 kilomètres de la côte où se déroule cette bataille unique à ce jour dans l’histoire de l’humanité. Quelques heures après l’engagement des premières vagues d’assaut, que savent les Rennais ?

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Des soldats allemands prenant un moment de détente à Rennes, pendant l’occupation. | ARCHIVES DU MUSÉE DE BRETAGNE
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Des soldats allemands prenant un moment de détente à Rennes, pendant l’occupation. | ARCHIVES DU MUSÉE DE BRETAGNE

« Près de Caen, on dit que la brèche est ouverte. Ils tiendront le coup et les Allemands seront contraints de battre en retraite. La TSF (radiotélégraphie sans fil) annonce qu’il y a des combats dans les rues de Caen. Nous essayons d’appeler Bayeux, mais nous répondons que Caen est coupé. Ce matin, c’est la panique, des tracts ont été retrouvés nous disant d’évacuer la ville… Mais finalement c’était une erreur, ils étaient destinés à des zones situées à 35 km de la zone côtière. Phew!! Ce n’est pas pour nous”, » écrit une Rennaise dans son journal personnel dans la journée du 6 juin 1944.

Des textes que Joël David, ancien responsable de l’odonymie à la ville de Rennes, spécialiste des noms de rues et de l’histoire locale, rassemble et compile depuis de nombreuses années. Des témoignages retrouvés aux Archives municipales de Rennes ou dans des documents qui lui ont été remis ou prêtés par des familles.

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« Dès le 6 juin, plusieurs de ces témoins, notamment des femmes à Rennes, notaient, dans des cahiers, leur quotidien en attendant la Libération qui pour elle ne pouvait plus tarder. Ils parlent de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils entendent »explique Joël David.

Certains écrivent avoir vu des soldats allemands quitter Rennes “même avec des vélos, ils trouvent”officiers « partir en voiture ou en camion en emportant des valises ».

« La journée est rythmée par des alertes successives, pas moins de sept. Méfiez-vous de nousen écrit un autre. Il n’est pas ordinaire d’avoir autant d’alertes. C’est parce qu’ils sont là, nos libérateurs, et pour nous ils sont plus proches à chaque instant. On entend des bombes au loin. De ce fait, les cérémonies de confirmation sont reportées à une date ultérieure. »

Joël David, grand connaisseur de l’histoire de Rennes, membre du Souvenir Français et du jumelage Rennes-Rochester. | OUEST-FRANCE
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Joël David, grand connaisseur de l’histoire de Rennes, membre du Souvenir Français et du jumelage Rennes-Rochester. | OUEST-FRANCE

Internée à la prison Jacque-Cartier, la résistante rennaise Françoise Elie a également noté dans un journal ce qu’elle percevait, depuis sa cellule, des premières heures de la Libération. « Dès 8 heures du matin ce 6 juin 1944, des rumeurs circulent rapidement dans la prison. Les Alliés auraient débarqué sur les côtes normandes. Il y a une explosion de joie, même si un garde nazi rétorque d’un air dédaigneux que ces envahisseurs seront rejetés à la mer d’ici trois semaines. Tout le monde rit, pleure, s’embrasse et saute de joie. »elle écrit.

Au lendemain du Débarquement, 74 Bretons, dont douze Rennais, sont arrêtés le matin du 7 juin 1944, à 7h30. « Ils sont internés dans un lieu où se trouvent déjà d’autres otages, au camp Margueritte. Ils rejoignent la « Caserne 14 », réservée aux otages dits privilégiés ou internés honoraires : médecins, professeurs, avocats, banquiers, policiers, se souvient Joël David. Parmi eux figurent les docteurs Pierre Le Damany et Arthur Quentin, les professeurs Dalbiez, André Meynier, Pierre Bouzat, Armand Rébillon et Yves Milon, le premier président du Parlement Ernet Kerambrun, le doyen Wolff, le directeur de la Banque de Bretagne Bodin, l’avocat Maître Baudet. et le commissaire de police Varshe, le maire de Vitré Marcel Rupied, etc….

Françoise Elie, résistante rennaise, est internée à la prison Jacques-Cartier le 6 juin 1944. | ARCHIVES JOËL DAVID
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Françoise Elie, résistante rennaise, est internée à la prison Jacques-Cartier le 6 juin 1944. | ARCHIVES JOËL DAVID

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« Ce jour-là, plusieurs événements ont probablement changé le cours de l’Histoire. Ce n’est qu’à 9 heures du matin qu’Hitler fut informé du Débarquement car la veille, s’étant couché tard, il prit des somnifères et donna l’ordre de ne pas le réveiller.se souvient Joël David. La veille également, le général Rommel, responsable de la défense des côtes de la Manche, qui était à l’origine de la construction du mur de l’Atlantique pour tenter d’empêcher un débarquement allié, partait en permission en Allemagne pour fêter l’anniversaire de son épouse. »

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Ce dernier a cependant l’intuition que s’il y avait une opération amphibie alliée, ce ne serait pas par beau temps et ce serait en Normandie. Autre fait notable à retenir : au soir du 5 juin 1944, une partie des Généraux de Division de la 7e L’armée allemande est déjà arrivée à Rennes, ou s’apprête à prendre la route de la capitale bretonne.

«Ils doivent participer à un Kriegsspiel, c’est-à-dire un exercice de simulation de combat sur carte en cas de débarquement. Ils sont réunis dans un hôtel, situé rue de Lanjuinais »explique Joël David.

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Lorsque les premiers parachutistes sont découverts, vers 1h45 le 6 juin, l’alerte est donnée et les généraux allemands repartent vers la Normandie.

« L’un d’eux qui se rendait à Rennes, le général Wilhelm Falley, voyant un grand nombre d’avions dans le ciel, a demandé à son chauffeur de faire demi-tour pour regagner son quartier général, près de Saint-Mère-Eglise, la situation ne semble pas normal pour lui. Ils tombèrent dans une embuscade tendue par des parachutistes américains, il fut le premier général allemand à être tué lors du Débarquement. »

 
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