L’élection de Donald Trump pourrait-elle ralentir la hausse de l’or ?
En 2016, la victoire du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine avait entraîné une baisse du prix de l’or de 100 €, passant de 1 180 € à 1 080 € dans les quatre semaines suivant l’élection :
Cette baisse a ensuite été totalement effacée début 2017 :
Aujourd’hui, l’once d’or est cotée à plus de deux fois et demie son prix de 2016.
Il faudrait que l’or subisse une correction de 250€ pour que l’on puisse parler d’une baisse comparable à celle de 2016 :
Cette correction ramènerait le prix de l’or au niveau qu’il avait atteint à la mi-septembre.
La correction de l’or par rapport au dollar est plus prononcée car le résultat des élections profite au billet vert à court terme.
Tout comme en 2016, la victoire de Trump a renforcé le dollar en raison des attentes de croissance économique rapide, de réductions d’impôts et de hausses de taux d’intérêt, rendant les actifs américains plus attractifs pour les investisseurs.
L’indice DXY a bondi depuis l’officialisation des résultats :
Le dollar se comporte exactement comme en 2016 : hausse par anticipation en octobre et flambée jusqu’à la fin de l’année.
Le dollar retrouvera-t-il cette hausse d’ici la fin de l’année ?
Si tel est le cas, cette décision constituerait une menace à court terme pour l’or.
Cependant, des facteurs internes soutiennent actuellement le prix de l’or et pourraient à terme empêcher une correction similaire à celle de 2016.
Dans le bulletin mensuel réservé aux clients d’Or.fr, je souligne la demande soutenue des investisseurs en octobre : les actifs des ETF or se sont envolés le mois dernier. Même avec la hausse des taux et du dollar, la performance de l’or en octobre a été historique.
Les records mensuels et trimestriels de l’or en euros sont encore plus spectaculaires :
L’or a gagné plus de 850 € en à peine douze mois !
L’envolée de l’or il y a un an avait été anticipée grâce à l’analyse graphique détaillée dans mon bulletin du 27 octobre 2023.
Il y a un an, j’écrivais : « L’or, pour sa part, dessine une très belle bougie globale en variation hebdomadaire, rebondissant sur sa moyenne mobile sur 200 jours. C’est un signe haussier qui va encore pousser les participants du COMEX qui défendent le seuil des 2.000 $ : ces vendeurs à découvert vont devoir travailler dur pour empêcher l’or de remonter dans son canal ascendant.
En variation mensuelle, on observe une grande bougie englobante. Ce type de signal haussier mensuel est très rare pour l’or :
La dernière fois qu’une bougie aussi globale est apparue, c’était en mai 1978, juste avant le grand décollage de l’or, après la cassure du troisième sommet à 180 $, et après quatre longues années de consolidation entre 1974 et 1978 :
Un an plus tard, on peut considérer que cette bougie englobante était bien un signal haussier, au même titre que celle de 1978 :
Ces achats d’ETF soutiennent le prix de l’or, mais les fondamentaux économiques sont également très différents de ceux de 2016.
La dette publique américaine s’élève désormais à 35 000 milliards de dollars, dont 10 000 milliards doivent être refinancés au cours des 12 prochains mois, un montant qui a doublé en seulement quatre ans. Le déficit a atteint 2 000 milliards de dollars, tandis que les intérêts sur la dette s’élèvent désormais à 1 000 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’il y a dix ans et deux fois plus qu’il y a trois ans. Ces remboursements absorbent 20 % des revenus, soit 3 milliards de dollars par jour.
La hausse des taux observée immédiatement après la victoire de Trump :
En 2016, les taux à 10 ans ont également fortement réagi à la victoire de Trump avant de se stabiliser autour de 2,2% :
Aujourd’hui, ces mêmes taux dépassent désormais 4,5%, et le service de la dette est bien plus lourd, avec une part importante de la dette à refinancer dans les prochains mois.
Le graphique des obligations à 10 ans est même en train de percer « coin défaillant » dans une configuration fortement baissière :
En 2016, ce billet s’était effondré, mais sa valeur était 40% supérieure à celle d’aujourd’hui…
Une correction de cette ampleur aurait des répercussions considérables sur le marché actions, notamment sur le marché des petites capitalisations. L’euphorie qui a suivi la victoire de Trump dans ce segment a été principalement alimentée par la promesse de réductions d’impôts. Mais la menace d’une hausse incontrôlée des taux d’intérêt pèse davantage sur ces entreprises, souvent lourdement endettées et confrontées à un mur de refinancement de plus en plus difficile à surmonter.
Non, la situation n’est pas identique à celle de 2016 !
Trump reprend le pouvoir dans un tout autre contexte.
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