Près de Beyrouth, au Liban, des personnes déplacées tuées par une frappe israélienne

Près de Beyrouth, au Liban, des personnes déplacées tuées par une frappe israélienne
Près de Beyrouth, au Liban, des personnes déplacées tuées par une frappe israélienne

Dans son salon au mur percé d’un éclat d’obus, Moussa Zahrane déplore le sort de ses voisins, qui ont fui les bombes du sud Liban pour être tués dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

“Ils ont fui la mort, mais elle les a rattrapés ici”, a déclaré cet homme de 54 ans, les pieds en partie brûlés par la frappe.

Sa femme et son fils, blessés par la grève de mardi soir, sont toujours hospitalisés.

Les meubles de son salon ont été dispersés par le souffle de l’explosion, qui a endommagé un immeuble résidentiel à la périphérie de la paisible ville de Barja, à environ 30 kilomètres au sud de Beyrouth.

La frappe a touché le premier étage de l’immeuble où vivaient des familles ayant fui le sud du Liban, où Israël, en guerre ouverte contre le Hezbollah pro-iranien, a intensifié ses raids aériens depuis fin septembre.

Vingt personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire du ministère libanais de la Santé.

Mais un responsable local de la Défense civile sur place a déclaré à l’AFP que les sauveteurs avaient déjà retiré des décombres 30 corps, pour la plupart des femmes et des enfants.

Le Hezbollah visé

Selon une Source sécuritaire libanaise, la frappe a visé un responsable du Hezbollah, originaire du même village qu’une des familles des déplacés.

Mercredi, les sauveteurs déblayaient les décombres du bâtiment, construit sur une colline surplombant la mer, à la recherche d’éventuels survivants.

“Nous avons trouvé des corps d’enfants dans les escaliers […] et des morceaux de corps partout », a déclaré l’un d’eux.

L’un des sauveteurs ramasse des cartables remplis de manuels scolaires, dont un rose, tandis qu’un autre jette des vêtements.

A quelques pas, une grue tente de dégager les décombres qui ont bloqué le premier étage, où un trou béant dévoile le salon d’un des appartements.

Selon Hassan Saad, maire de Barja, localité sunnite située dans la région du Chouf, en dehors des fiefs chiites du Hezbollah traditionnellement visés par les frappes israéliennes, trois familles déplacées vivaient dans l’appartement visé.

Moussa Zahrane, dont l’immeuble jouxte celui touché, affirme que la plupart des habitants étaient des « familles » qui ont fui le sud il y a environ six semaines.

“Je leur ai donné des chaises, des matelas”, ajoute-t-il. « Ils sont tous morts. Je suis tellement triste. »

Moussa Zahrane remercie le ciel d’avoir épargné son fils unique, né après des années d’attente. “J’allais m’endormir et pendant que j’embrassais mon fils, tout a explosé autour de moi”, a-t-il déclaré.

« Les flammes ont atteint la plante de mes pieds […]. Mon fils et ma femme ont été blessés”, ajoute-t-il.

Semer la peur et diviser

Ce n’est pas la première fois qu’un appartement résidentiel est pris pour cible à Barja. Le 12 octobre, quatre personnes ont été tuées et 18 autres blessées lors d’un raid israélien similaire.

La cellule de crise de la municipalité de Barja a alors exhorté « toute personne ciblée ou en danger à s’éloigner de la localité », appelant les autorités à « calmer la situation, protéger les civils innocents et apaiser les tensions que l’ennemi israélien cherche à attiser ». .

Mercredi, le maire a réitéré cet appel à “ne pas mettre en danger nos habitants et nos invités”, la ville accueillant “plus de 27 000 personnes déplacées” ayant fui les bombardements israéliens.

Avant cet afflux massif de déplacés, Barja comptait 35 000 habitants, auxquels s’ajoutent environ 10 000 réfugiés syriens.

Israël mène occasionnellement des frappes meurtrières à l’extérieur des bastions du Hezbollah, prétendant cibler le mouvement libanais et frappant souvent des bâtiments abritant des personnes déplacées.

En octobre, 23 personnes déplacées ont été tuées lors d’une frappe contre un bâtiment où elles s’étaient réfugiées dans une ville chrétienne du nord du pays.

A quelques mètres de l’immeuble visé, Mahmoud, 54 ans, est assis avec sa famille devant leur maison dont les vitres ont été brisées.

Ce militaire à la retraite, qui a fui avec sa famille le village de Yarine, frontalier avec Israël, a confié à l’AFP : “Il n’y a pas de présence militaire ici, nous aurions dû nous sentir en sécurité, mais tout d’un coup tout a changé”.

« Voilà ce qu’est Israël : il veut semer la peur et diviser. “Vous n’êtes en sécurité nulle part.”

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