Il serait mort de causes naturelles. Mais André « Frisé » Sauvageau, un membre vétéran des Hells Angels, aurait été assassiné en avalant du fentanyl à son insu en prison en 2019. Le meurtre aurait été ordonné par le caïd Gregory Woolley et offert comme un « cadeau » au chef déchu des Hells Angels. les Hells Angels. gang de motards, Maurice « Maman » Boucher.
Il s’agit d’une des révélations explosives faites à la police par le tueur à gages Frédérick Silva lors du Projet Alliance, la plus grande enquête criminelle en cours au pays, ont appris l’Agence QMI et notre Bureau d’enquête.
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Les secrets révélés par Silva sur la mort de Sauvageau sont dignes d’un film d’espionnage.
André Sauvageau capturé sur place par la police lors d’une opération de surveillance à l’aéroport Trudeau le 13 février 2014
Photo de courtoisie
Surtout, ses confidences obligent les autorités à revoir cette affaire sous un tout autre angle, puisqu’un coroner avait conclu à une mort naturelle.
Et ce, malgré la forte concentration de fentanyl prélevée sur le corps du motard lors de l’autopsie, réalisée trois jours après le décès.
“Un cadeau de ma part”
Sauvageau, 59 ans, a été retrouvé sans vie dans son lit, dans sa cellule de la prison de Rivière-des-Prairies, le matin du 26 mai 2019. Les manœuvres de réanimation des agents correctionnels et des ambulanciers paramédicaux se sont révélées vaines.
La présence d’un liquide noirâtre ressemblant à du sang mélangé à du liquide gastrique avait été détectée sur la bouche, les draps et l’oreiller de la victime, a indiqué la coroner Julie-Kim Godin dans le rapport d’enquête qu’elle a signé le 27 janvier 2020.
Frédérick Silva a déclaré à la police que Sauvageau avait été assassiné avec la complicité d’un autre détenu et que son meurtre était un ordre du défunt chef de gang Gregory Woolley, qui était lui-même le meilleur client de Silva.
Silva (à gauche) a également été filmée par la police lors du Projet Magot avec l’influent chef de gang Gregory Woolley en décembre 2014.
Photo de courtoisie
«Veux-tu dire à maman que c’est un cadeau de ma part», aurait plus tard demandé Woolley à Silva, alors que cette dernière allait être transférée au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines après sa condamnation pour meurtre, le chargeant d’en parler à Maurice Boucher. l’actualité, selon nos sources.
L’ancien chef des Hells purgeait alors une peine d’emprisonnement à perpétuité dans l’unité à sécurité « supermaximum » de Sainte-Anne-des-Plaines pour avoir ordonné le meurtre de deux agents correctionnels en 1997.
Woolley était resté fidèle à Boucher, qui l’avait recruté dans le milieu des gangs de rue pour faire partie des Rockers de Montréal, le club scolaire le plus violent des Hells à l’époque de la guerre des motards qui fit plus de 160 morts au Québec à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Années 1990.
En 1998, Woolley est devenu la première personne noire à obtenir un statut officiel au sein de l’organisation des Hells Angels.
On voit Gregory Woolley à droite de Maurice « Mom » Boucher lors d’un rassemblement pendant la guerre des motards.
Photo d’archives
Haine viscérale
Après la condamnation de Boucher en 2002 et son expulsion de l’organisation des Hells Angels en 2014, lui et Woolley ont continué à communiquer en s’écrivant des lettres.
Dans le livre Le salonnotre Bureau d’enquête a fait état de la haine viscérale que Boucher éprouvait envers Sauvageau, un ancien membre de Rock Machine qui faisait partie des ennemis de Maman lors de la guerre des motards.
“Frisé” a changé de camp après que les deux gangs aient conclu une trêve en décembre 2000.
Maman n’aurait pas aimé que Sauvageau ose partir en voyage dans le sud en compagnie de son ancienne maîtresse, Louise Mongeau, en février 2014.
Les Hells Angels André Sauvageau, un ex-Rock Machine surnommé « Frisé » qui a changé de camp lorsque les deux gangs ont conclu une trêve dans la guerre des motards, en décembre 2000, en compagnie de Louise Mongeau, qui était la concubine du leader des Hells Maurice » Maman” Boucher à l’époque de la guerre des motards. Ils ont été photographiés par la police lors d’une opération de surveillance menée dans le cadre du projet d’enquête Magot, à l’aéroport Trudeau, le 13 février 2014, alors qu’ils revenaient d’un voyage dans le sud.
Photo de courtoisie
Les policiers avaient enregistré une conversation animée entre Boucher et sa fille, Alexandra Mongeau, qui lui rendait visite au pénitencier cet hiver-là, lors du projet d’enquête Magot, alors que l’ancien chef guerrier des Enfers faisait l’objet d’une enquête pour complot de meurtre.
« Vous savez quel est le lien ? Maman ne le dira pas là-bas. Elle vous dira : “Eh bien non, eh bien non… Nous sommes juste amis.” Mais avez-vous un ami qui a emmené une femme faire un voyage comme celui-là, juste pour […] manger des chips ensemble ? Hein ? Boucher avait dit à sa fille sur un ton amer, après avoir laissé entendre que Sauvageau était un « hypocrite » et un « draineur ».
Une séquence policière montrant Gregory Woolley, l’ex-garde du corps de Mom, et la fille de l’ancien chef des Hells, Alexandra Mongeau, qui ont tous deux été accusés de complot de meurtre avec Boucher avant d’être libérés.
Photo de courtoisie
Boucher est décédé d’un cancer de la gorge lors de sa détention en juillet 2022, tandis que Woolley a été tué par balle devant sa femme et leur bébé, près du CLSC de Saint-Jean-sur-Richelieu, le 17 juillet 2023.
Maurice Boucher en 2015
Photo de courtoisie
Hémorragie digestive
Dans son rapport d’enquête, la coroner Julie-Kim Godin écrit que Sauvageau « est probablement mort d’une hémorragie digestive ». […] dans le cadre d’une cardiopathie athéroscléreuse sévère. Elle s’appuie sur l’avis du pathologiste qui a pratiqué l’autopsie le 29 mai 2019.
Trois jours après le décès du motocycliste, une concentration de 14 ng de fentanyl a été mesurée dans son organisme, selon des analyses toxicologiques réalisées au Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal.
“M. Sauvageau n’avait pas d’ordonnance de fentanyl mais cette substance a néanmoins été retrouvée dans son sang. […] Aucune autre substance [drogue usuelle ou abus d’alcool] a été détecté », a mentionné le coroner Godin, sans conclure à une surdose de cet opioïde jusqu’à 100 fois plus puissant que la morphine.
Selon le Département américain de la Sécurité intérieure, une concentration supérieure à 3 ng de fentanyl peut suffire à provoquer un décès par surdose.
Le coroner Godin a précisé que la veille de son décès, Sauvageau « présentait un état général diminué […]”Il semblait fatigué, avait peu d’appétit” en plus d’avoir écarté l’idée de consulter un médecin.
Hells Angels André Sauvageau, surnommé « Frise », sur une photo non datée de la police. Sauvageau a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Rivière-des-Prairies le 28 mai 2019, où il était en détention provisoire en attendant son procès pour gangstérisme et complot pour trafic de drogue, après son arrestation dans le cadre de l’enquête du projet Magot. COURTOISIE
Photo de courtoisie
65 intrigues élucidées ?
Le jour des funérailles de Sauvageau, des centaines de personnes des Hells Angels et de leurs clubs de soutien, du Québec et d’autres provinces canadiennes, sont venues lui rendre un dernier hommage à Montréal, le 20 juin 2019, croyant que leur camarade avait succombé à une crise cardiaque.
Le comble de l’ironie est que lorsque la crise du fentanyl a commencé à faire des victimes à Montréal parmi les consommateurs de drogues, les Hells Angels eux-mêmes se sont impliqués en ordonnant que les trafiquants incriminés soient battus afin qu’ils arrêtent de mélanger cet opioïde dangereux avec des drogues comme l’héroïne et la cocaïne, a rapporté Le Journal de Montréal en décembre 2017.
Silva, reconnu coupable de trois meurtres et d’une tentative de meurtre, collabore depuis maintenant deux ans et demi avec la Sûreté du Québec et la police de Montréal.
Le tueur à gages Frédérick Silva, photographié en mai 2017 lors d’une surveillance policière. Silva a commencé à travailler avec la police à l’été 2022 et a présenté Gregory Woolley comme son meilleur client.
Photo de courtoisie
Ses aveux pourraient permettre aux forces de l’ordre d’élucider pas moins de 65 meurtres et complots d’assassinats au sein du crime organisé québécois au cours des vingt dernières années.
Empoisonné au cyanure : le clan Rizzuto aurait ordonné l’assassinat du mafieux Giuseppe De Vito
Le seul autre meurtre par empoisonnement en milieu carcéral de l’histoire contemporaine du Québec aurait été commandité par le clan Rizzuto.
Le tueur à gages Frédérick Silva a confirmé cette hypothèse aux policiers en leur racontant ce qu’il savait de l’assassinat du mafieux Guiseppe De Vito, empoisonné au cyanure le 8 juillet 2013 au pénitencier de Donnacona.
Une photo de prison du patron Giuseppe De Vito, prise suite à son arrestation en octobre 2010, au terme d’une cavale de près de quatre ans. Surnommé « Ponytail », le mafieux a été empoisonné au cyanure lors de son incarcération au pénitencier de Donnacona en juillet 2013. COURTOISIE
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Les révélations de Silva dans le projet d’enquête Alliance impliquent également au moins un prisonnier complice, selon des sources de notre Bureau d’enquête et de l’Agence QMI.
Silva, qui a exécuté plusieurs contrats d’assassinat pour le clan Rizzuto jusqu’à son arrestation à l’hiver 2019, n’aurait cependant pas participé au complot visant celui surnommé « Ponytail ».
De Vito aurait avalé des somnifères contenant le poison mortel, selon des rapports publiés en avril 2015 dans Le Journal de Montréal.
Il purgeait alors une peine de 15 ans de prison pour gangstérisme et importation de cocaïne à la suite de l’Opération Colisée, menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 2006.
Le dangereux caïd n’a été capturé qu’à l’automne 2010 et il aurait profité de sa longue cavale pour éliminer les membres du clan Rizzuto qu’il tenait pour responsables des preuves incriminantes que la GRC avait amassées contre lui.
Des policiers de Montréal ont trouvé un pistolet dans l’appartement où se cachait le mafieux fugitif Giuseppe De Vito en octobre 2010.
Photo de courtoisie
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