Gfrayeur rosse mardi après-midi, au coeur du quartier des Chartreux. Vers 16h30, un incendie, d’origine inconnue, se déclare dans un appartement au rez-de-chaussée du bâtiment 73 de l’avenue des Lombards, en face de l’agence postale et de l’antenne de la police nationale.
Un bébé évacué par la fenêtre
L’incendie a ravagé la maison et généré des fumées toxiques qui ont rapidement envahi la cage d’escalier et les appartements de l’immeuble de quatre étages. Cette fumée provoquait des scènes de panique et révélait des gestes héroïques. Selon des témoins présents sur place, parmi les centaines de personnes rassemblées dans le quartier, plusieurs habitants ont escaladé la façade de l’immeuble pour aider une famille au deuxième étage. ” Ils formèrent une chaîne et se passèrent autour d’un bébé. C’était risqué mais ils ont réussi à le faire tomber. Ils ont également réussi à faire tomber une femme, probablement sa mère. », a confirmé mardi un membre de la police.
« Plusieurs jeunes du quartier ont crié pour avertir les habitants du danger. Ils ont sauvé des vies. Il faut les saluer ! », a rapporté un habitant de la tour située en face de l’appartement incendié. Piégé, un locataire a sauté directement du deuxième étage pour échapper aux fumées.
« Nous pensions que nous allions mourir. Nous étions coincés à la maison »
Blessé, il a été placé sur une civière par les secours. Certains habitants ont posé des matelas au sol pour tenter d’amortir la chute de ceux qui l’imitaient : « J’étais dans ma chambre, j’entendais les voisins crier. J’ai regardé dehors, j’ai vu beaucoup de fumée”a témoigné mardi un jeune habitant de l’immeuble, le visage encore noirci par la fumée. ” J’ai appelé mes parents pour évacuer, mais il y avait beaucoup de fumée dans la cage d’escalier. On ne pouvait pas sortir, c’était l’enfer. Nous attendions que les secours arrivent. Nous pensions que nous allions mourir. Nous étions coincés dans notre maison, il n’y avait aucune issue sauf les fenêtres. J’ai été évacué par la grande échelle anti-incendie. Il n’y avait plus d’air dans mes poumons, j’avais l’impression que ma gorge se desséchait ».
Hotte d’évacuation
28 pompiers ont été dépêchés sur place, appuyés par des policiers nationaux et municipaux. Leur action rapide a permis d’éviter la propagation des flammes à la cage d’escalier mais aussi d’évacuer les locataires en les équipant d’une hotte oxygénée pour laisser passer les fumées toxiques.
Les pompiers sont sortis du bâtiment avec de jeunes enfants dans les bras : « C’est la particularité de cet incendie. Plusieurs enfants étaient présents dans le bâtiment. Plusieurs ont été incommodés par la fumée mais aucun n’est dans un état grave selon les secours. », a souligné mardi Frédéric Serra, adjoint au maire de Troyes et élu cette semaine, qui évoque un « panique généralisée ».
Au total, près de 15 personnes ont été empoisonnées. Cinq ont été transportés vers le centre hospitalier voisin par les pompiers et le Samu.
Des prestations efficaces
Les autres résidents incommodés ou simplement évacués de l’immeuble ont été pris en charge par les services de la Ville de Troyes, expérimentés dans ce type d’intervention et efficaces. Ils ont été transférés à bord des minibus TCAT jusqu’au centre communautaire voisin. Sur place, des agents municipaux, notamment des travailleurs sociaux accompagnés d’élus troyens, du directeur de cabinet du maire, de la police, ont fourni des vêtements, des chaussures, de la nourriture aux familles, bien souvent d’origine étrangère et parlant difficilement français. Avec l’aide de Troyes Aube Habitat, bailleur social, les locataires ont été orientés vers deux hôtels de la région troyenne pour y passer la nuit.
Avant de quitter le quartier, plusieurs victimes ont demandé aux pompiers de récupérer leurs affaires à leur domicile. Notamment le lait infantile et les sucettes.