le bassin de l’Adour voudrait se reconstruire encore mieux

le bassin de l’Adour voudrait se reconstruire encore mieux
le bassin de l’Adour voudrait se reconstruire encore mieux

Aidez-vous, l’État vous aidera. Cette maxime s’applique aux territoires du département des Landes couverts par l’expérimentation lancée en 2021 par l’État sous le nom de Mirapi, acronyme de Reconstruire en Mieux après les inondations. « Là où les maires mouillaient leurs chemises pour susciter l’adhésion des habitants, le système a atteint l’objectif »précise Etienne Capdevielle, chef du service des risques fluviaux de l’Institution Adour, syndicat paritaire actif dans les quatre départements du bassin de l’Adour (Hautes-Pyrénées, Gers, Landes et Pyrénées atlantiques).

Trois territoires pilotes

Victime de graves dégâts suite aux inondations de décembre 2021 et janvier 2022, l’aval du bassin de l’Adour, dans le département des Landes, a rejoint l’expérimentation initiée dans les vallées des Alpes-Maritimes suite à la tempête Alex. Le Pas-de-Calais offrait un troisième territoire test à Mirapi. Etienne Capdevielle résume l’objectif : « Parmi les sept axes obligatoires des plans d’action pour la prévention des inondations, la réduction de la vulnérabilité fonctionne mal. Le fonds Barnier intervient peu dans cet axe 5”. Résultat : les propriétés reconstruites à l’identique sont exposées à la reproduction des mêmes dégâts lors de la prochaine inondation.


Destiné à mobiliser les acteurs locaux des communes bénéficiant d’un décret catastrophe naturelle, le Mirapi des Landes a donné lieu à un taux de subvention de l’État égal à 80 % des sommes nécessaires aux études de diagnostic et à l’animation territoriale.. Pour ce dernier poste, le département a couvert les 20 % restants ; il partageait les frais de diagnostic avec les autorités intercommunales. Mais au final, l’objectif de plus de 50 % de diagnostics, parmi les logements exposés, ne s’est concrétisé que là où les élus municipaux ont été impliqués dans l’animation.

Résister ou céder

Le taux de transformation en œuvres a également été établi à 50%, sur 300 dossiers. L’Institution de l’Adour classe ces opérations en deux types : résister ou céder, c’est-à-dire installer des ouvrages de défense contre les crues les moins dangereuses, notamment des batardeaux, ou adapter les constructions, le plus souvent en surélevant des équipements. L’expérience a souffert de l’absence d’une stratégie clairement définie en amont, en fonction du degré de vulnérabilité.

L’évaluation critique amène également à s’interroger sur le périmètre de l’expérimentation qui inclut les territoires couverts ou non par des plans d’action et de prévention des inondations (Papi). « En l’absence de celles-ci, il a fallu fonder le diagnostic sur des données hydrauliques incomplètes », remarque Etienne Capdevielle. Une autre limite concerne le périmètre de l’expérimentation, limité aux logements, hors équipements publics et locaux professionnels.

Maintenir et généraliser

Plutôt satisfait malgré tout de cet appareil, l’Institution de l’Adour a volontiers répondu au questionnaire de la mission sénatoriale achevée en septembre dernier sur « le défi de l’adaptation des territoires aux inondations ». De quoi apporter de l’eau au moulin des rapporteurs Jean-François Rapin et Jean-Yves Roux : les sénateurs du Pas-de-Calais et des Alpes de Haute Provence préconisent de « pérenniser et généraliser le système « Mirapi », en fin d’expérimentation en 2026 .

Reconstruction par démolition : le levier manquant

“La réglementation ne s’adapte ni à notre territoire ni à notre porte-monnaie.” Cette réflexion désillusionnée d’un élu de la communauté de communes des Terres de Chalosse (Landes) s’applique à l’entretien des digues. La facture de 10 millions d’euros dépasse les capacités d’investissement des 34 communes et 18 000 habitants regroupés par l’établissement, qui a résolu de ne pas classer les 16 km de digues dont il a hérité, et qui protègent quatre villages.

La vulnérabilité de plusieurs habitations a conduit la communauté à prendre des mesures d’expropriation et de démolition pour cinq d’entre elles, après des épisodes délicats provoqués par des inondations : un bateau à moteur en panne, un kayak renversé… l’impasse financière se double d’un manque de moyens légaux : « Plus longtemps- À terme, un outil foncier permet le suivi des opérations de démolition et de reconstruction nécessitées par cette situation », remarque Etienne Capdevielle, responsable des risques fluviaux à l’Institution de l’Adour. Cet établissement multiplie les alertes à ce sujet, à destination des parlementaires et des ministres concernés, depuis l’entrée en vigueur de la compétence intercommunale de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations.

 
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