En Ukraine, la résistance aux antimicrobiens a augmenté avec l’invasion russe, selon le représentant de l’OMS à Kiev.
Dans ce contexte, des milliers de soldats ukrainiens revenant du front ont vu leurs blessures s’infecter.
Certains hôpitaux voient leur charge de travail décupler.
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Guerre en Ukraine : un conflit sans fin
Un nouveau défi de guerre. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, des drones explosifs et des tirs d’artillerie s’abattent sur l’est du pays, blessant des militaires qui saturent les hôpitaux. Mais des milliers d’autres soldats revenant du front ont vu leurs blessures infectées par des micro-organismes résistants à plusieurs antibiotiques.
Selon l’OMS, la résistance aux antimicrobiens (RAM) est responsable de plus d’un million de décès chaque année dans le monde, et de près de 5 millions indirectement. Ce phénomène mondial est accéléré par l’utilisation massive d’antibiotiques pour soigner les humains, les animaux, mais aussi l’alimentation. Cependant, en Ukraine, le problème s’est aggravé avec l’invasion russe, selon le représentant de l’OMS à Kiev, Jarno Habicht, pour qui la cause première “c’est la guerre en cours.”
Des blessures « sales, décomposées »
Dans ce contexte, certains hôpitaux, comme l’hôpital Metchnikov de Dnipro, voient leur charge de travail décuplée, constate Serguiï Kossoulnykov, responsable d’un service de chirurgie. « Chaque explosion est une plaie ouverte, et toute plaie ouverte est une infection. » explique-t-il en faisant défiler des photos de lésions purulentes sur son ordinateur. Lorsque des soldats blessés arrivent, leurs blessures sont souvent « sale, décomposé, avec des tissus et des os nécrotiques et plein de micro-organismes agressifs difficiles à combattre », selon ce médecin.
Les drones explosifs notamment, sur le front, empêchent les ambulances d’évacuer rapidement les blessés, les laissant sans soins pendant des périodes parfois prolongées. Une fois à l’hôpital, les équipes n’ont d’autre choix que d’injecter des antibiotiques puissants, sans attendre les résultats d’analyses qui détermineraient la nature de la bactérie pour un traitement adapté. « Il est impossible d’imaginer tout cela sans une augmentation de la résistance bactérienne. » explique le docteur Kossoulnykov à l’AFP, car « Plus on essaie de tuer un micro-organisme, plus il se défend. »
Des antibiotiques toujours plus puissants pour sauver des vies
Ce processus pousse les médecins à utiliser des antibiotiques toujours plus puissants pour sauver la vie de soldats pauvres, ne s’accrochant qu’à l’espoir qu’un remède fonctionnera. Mais selon Serguii Kosoulnykov, environ 50 % des soldats blessés admis dans son service ont développé une résistance aux antimicrobiens avant même de commencer le traitement.
L’Ukraine est en effet connue dans la communauté scientifique pour ses taux élevés de RAM car les antibiotiques étaient, jusqu’en 2022, accessibles sans ordonnance. Le chirurgien suggère comme autre explication que les batailles de tranchées statiques, similaires à celles de la Première Guerre mondiale, pourraient contribuer à l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens. « Lorsque nous avons une concentration de personnes en un seul endroit, cet endroit va être très infecté » dit-il.
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Mais pour Jarno Habicht de l’OMS, les causes de la résistance aux antimicrobiens doivent faire l’objet d’études plus approfondies. L’Ukraine a augmenté le nombre de laboratoires surveillant les bactéries résistantes aux médicaments, a-t-il déclaré, passant de trois en 2017 à 100 actuellement.
Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies ont noté que « Des bactéries agressives se propagent désormais au-delà des frontières » du pays.