– Le président : «Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?“
– Georges : «Grmdbldrm“
– Vous avez commis un racket pour 110 euros en septembre 2023. Admettez-vous les faits ?
– Non. Et en plus, je ne comprends rien. Pourquoi la personne qui m’accompagnait a-t-elle fait classer l’affaire ?
– Il ne s’agissait pas d’un non-lieu mais d’une mesure d’internement, ce qui est bien différent. Que s’est-il passé ce jour-là ?
– On m’a demandé une petite faveur, je l’ai fait.
– Quelle prestation ? Marijuana? Vous parlez français, vous savez mettre les choses en mots !
– Nous avons accompagné le gars pour qu’il nous paye, mais ce n’est pas moi qui ai pris l’argent.
– Eh bien, c’est curieux, votre complice dit exactement le contraire ! Un mois plus tard, vous avez recommencé avec quelqu’un d’autre.
– J’ai demandé son sac au gars, je suis intervenu pour l’aider.
– Hé, tu es plutôt du genre gardien de la paix, toi !
– J’ai fait semblant d’avoir un couteau, mais je l’ai bien fait.
– Ah oui, de belles menaces, en effet !
Un trottoir, mais pas d’étang
Un autre jour, Georges s’en est pris verbalement, mais pas seulement, aux gardiens de la paix qui étaient intervenus lorsqu’ils l’avaient vu déranger une personne âgée pour lui extorquer quelques contraventions. “Ouais, j’étais énervé, je leur ai demandé ce qu’ils faisaient là et que ça ne les regardait pas.” Sur quoi Georges s’empara effectivement d’un pavé pour les menacer.
« Quand il frappe, ce n’est pas pour quelques gifles. Il a déjà envoyé des gens à l’hôpital.»
Plus récemment, notre prévenu s’est rendu coupable de coups et blessures volontaires sur sa petite amie de l’époque. Là, il reconnaît. “Oui, mais j’étais ivre. Comme elle, en fait. Sur quoi il est accusé de rébellion. “Ce n’est pas vrai, je me suis enfui.« Sauf qu’il a été rattrapé et que la rébellion a eu lieu précisément à ce moment-là. Par ailleurs, la victime a retiré sa plainte, mais les faits avaient entre-temps été constatés par la police…
Comme si cela ne suffisait pas, le juge constate que Georges a déjà été condamné en 2021 à 10 mois de prison pour des faits similaires. À l’époque, il avait bénéficié d’un sursis. “Je travaille illégalement dans un restaurant. C’est un arrangement avec le patron, puisque je suis sans abri.” “Avez-vous d’autres revenus ? «CPAS». « Alors vous recevez du CPAS, vous travaillez au noir et ça ne vous pose aucun problème ? Asseyez-vous, monsieur.
mouette« Face à l’accumulation des violences et à l’absence totale d’amendements, je demande une peine de trois ans de prison. »
Le procureur fait son travail : extorsions filmées par des caméras avec plusieurs complices, faits nombreux, récidives… »Face à l’accumulation des violences et à l’absence totale d’amendement, je demande une peine de trois ans de prison.“
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La formation, dernier espoir
C’est au tour de la défense de tenter de sauver ce qui peut l’être. Ainsi, sur la première accusation, Georges n’apparaît pas sur les caméras de surveillance, contrairement à son complice qui n’a jamais nié être là. Il faut lui accorder le bénéfice du doute. Restent les autres chefs d’accusation pour lesquels l’accusé avoue.
Mais que faire de lui ? « Lire son dossier est horrible. Il n’a connu que les institutions, depuis sa plus tendre enfance. Il souffre de problèmes psychologiques et a un syndic. Il n’a jamais eu personne.sécurisé” auquel il a pu s’accrocher. Il est rebelle, marginal, décrocheur scolaire mais n’a jamais eu l’occasion de développer son intelligence. Espérons-nous que la prison prenne le relais des institutions et les améliore ? Nous savons très bien que ce ne sera pas le cas.« Et de plaider pour une formation aux compétences sociales, accompagnée d’un sevrage alcoolique et d’un accompagnement. “Ce serait la première fois que quelqu’un prendrait soin de lui” soupire l’avocat. On saura dans trois semaines si elle a été entendue.