Savant mélange de rituels préhispaniques et catholiques, les traditions de la Toussaint se transmettent de génération en génération au sein des familles mexicaines. L’État du Michoacan, visité par le photographe Jeoffrey Guillemard, est situé à 350 km à l’ouest de Mexico. Fréquentée par des milliers de touristes à cette époque, cette splendide région de lacs et de montagnes était appelée « porte du ciel » par les Indiens tarasques. C’est le berceau historique de la Fête des Morts, célébrée chaque année avec ferveur, bien avant la conquête espagnole. Lorsque les franciscains, puis les jésuites évangélisèrent la région à partir du XVIe siècle, les indiens commencèrent à célébrer la Toussaint selon les rites catholiques sans renoncer à leurs cultes ancestraux des morts. Dans la tradition tarasque, l’esprit des proches décédés continue d’habiter le présent et leur mémoire doit être entretenue par les vivants à travers des offrandes.
La veillée du 1er novembre est dédiée à petits anges, des enfants qui ont déjà quitté ce monde. La nuit suivante célèbre ceux qui sont décédés à l’âge adulte. Sur les tombes sont placés des serviettes brodées, des paniers débordant de nourriture et des pots en argile remplis d’eau. Au fil des siècles, cette fête populaire s’est répandue dans la plupart des États mexicains. Il est désormais inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.