(Avis) Une application éducative sans IA est-elle dépassée ?

(Avis) Une application éducative sans IA est-elle dépassée ?
(Avis) Une application éducative sans IA est-elle dépassée ?

Par Michèle Potvin, orthopédagogue à la retraite qui s’est lancée dans la conception d’outils numériques d’évaluation des apprentissages avec rétroaction détaillée et instantanée, afin d’aider encore plus d’élèves à s’améliorer.

L’intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres ! C’est un outil qui change déjà notre façon de travailler… et d’aborder l’avenir. C’est la voie de l’avenir, c’est indéniable ! Dès que nous disons à quelqu’un que nous souhaitons développer une application, on nous demande si elle comportera de l’IA.

Si vous souhaitez concevoir une application pédagogique, vous devrez effectivement vous poser la question : l’IA est-elle essentielle en éducation ?

Les concepteurs de technologies éducatives voudront peut-être intégrer l’IA dans les outils de conception numérique… pour être dans le mouvement, gagner en popularité, ne pas rater le coche… C’est tellement tentant !

Oui, mais…

Si nous choisissons d’intégrer une IA qui apprend à partir des données, nous devons d’abord disposer de centaines de milliers de points de données. En éducation, ces données ne sont pas toujours disponibles. Il faudra beaucoup de temps pour obtenir un résultat satisfaisant.

Il faut également penser aux ressources financières et à la consommation énergétique du projet. Socialement, cela risque de coûter bien plus cher qu’on ne le pense, que ce soit en subventions gouvernementales (c’est notre argent après tout !) ou en énormes ressources énergétiques, à l’heure du réchauffement climatique. D’ailleurs, Le Devoir rapportait récemment que l’IA avait provoqué une augmentation de 48 % des émissions de carbone, en cinq ans, rien que pour Google. De son côté, le Dr Sascha Luccioni, chercheur qui a concentré ses travaux sur l’interaction entre l’IA et l’environnement, a calculé que la recherche avec l’IA émet 30 fois plus de carbone que la recherche avec un moteur de recherche. recherche classique.

De plus, en intégrant l’IA, on devient dépendant d’une entreprise, comme OpenAI pour ChatGPT, qui pourrait modifier son business model en supprimant la version gratuite, en fixant des prix exorbitants, en réservant ses services aux grandes entreprises !

Est-il vraiment indispensable d’intégrer l’IA dans la conception des applications ? Comme le dirait Pierre-Yves McSween, comptable bien connu au Québec : « En avez-vous vraiment besoin ? « .

Derrière l’IA, il y a l’intelligence humaine… Il a fallu développer des algorithmes pour concevoir l’IA, car non, l’IA n’est pas intelligente. Et l’IA est entraînée pour une seule tâche. Vous devez recommencer l’entraînement pour une tâche complètement différente.

En revanche, si l’on peut développer des algorithmes pour concevoir l’IA, on peut donc développer des algorithmes tout aussi efficaces qui reproduisent la pensée d’un expert dans son domaine. C’est ce que nous appelons un système expert, considéré comme le niveau principal de l’IA. Il est efficace et ne nécessite pas des milliers de points de données ni des tonnes de gigaoctets pour traiter ces données afin d’entraîner l’IA. Bien que plus exigeante en ressources cognitives humaines, elle ne l’est pas plus en temps et nous sommes plus assurés de produire des réponses adéquatespuisque nous les aurons analysés et prédits.

Alors, l’IA qui apprend à partir des données est-elle essentielle pour créer un outil numérique performant dans l’éducation ? Nous devons faire face au fait que la réponse est NON !

Qu’il y ait ou non de l’IA, l’important est d’avoir un outil qui accompagne les enseignants dans leur enseignement, soit en les corrigeant, en analysant les résultats, en leur donnant des orientations de travail… et qui, en plus, soit motivant pour les étudiants, étant numérique. et proposer des défis personnalisés sur lesquels ils peuvent travailler pour s’améliorer…

EvadiGraph (NDLR : application créée par l’auteur du texte), c’est tout ça… sans l’empreinte environnementale de l’IA. C’est le fruit d’une collaboration entre un orthopédagogue et un programmeur, la rencontre de deux cerveaux bouillonnants. À partir de zéro, ils ont disséqué le dictionnaire, le Bescherelle et la grammaire pour développer des algorithmes capables d’analyser le phonétiquele segmentation des motsjeorthographe habituelle et l’application de règles grammaticales.

L’application dicte le texte, analyse les réponses et produit immédiatement un rapport très détaillé des forces et faiblesses en orthographe, précisant à l’élève les règles grammaticales sur lesquelles il doit travailler pour améliorer son orthographe.

L’outil ÉvadiGraphe est en développement continu depuis 2017 où le contenu a été validé par la recherche, avec une forte corrélation entre le résultat de la dictée et le résultat de l’écriture dans le bulletin, permettant d’affirmer que le résultat de la dictée est représentatif de l’écriture de l’élève. compétences. L’application est devenue de mieux en mieux grâce aux commentaires des utilisateurs.

En 2023-2024, 22 400 élèves répartis dans 54 écoles l’ont utilisé et ont contribué à son perfectionnement. C’est un peu comme entraîner une IA après tout.

C’était un travail difficile, mais cela en valait la peine.

Finalement, ÉvadiGraphe est la preuve qu’on peut encore développer des outils performants en utilisant notre cerveau, sans recourir à l’IA et en économisant des centaines de milliers de dollars !

 
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