Un responsable de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens interdit par Israël de travailler sur son territoire, a déclaré mardi que l’organisation était “irremplaçable” car son réseau contribuait à maintenir la population de Gaza, ravagée par la guerre.
Malgré l’opposition de son allié américain et la mise en garde du Conseil de sécurité de l’ONU, le Parlement israélien a adopté lundi à une écrasante majorité (92 voix contre 10) un texte interdisant “les activités de l’UNRWA sur le territoire israélien”, y compris à Jérusalem-Est, une zone occupée et annexée par Israël.
Depuis plus de 70 ans, l’UNRWA fournit une aide et une assistance essentielles aux réfugiés palestiniens.
Israël, longtemps critique à l’égard de l’agence, a accusé des employés de l’UNRWA d’avoir participé au massacre perpétré sur son sol par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché des représailles israéliennes.
Ces derniers mois, l’armée a frappé plusieurs écoles de l’UNRWA à Gaza transformées en abris où opéraient, selon Israël, des combattants du mouvement islamiste palestinien.
Selon l’UNRWA, 230 de ses employés ont été tués depuis le début de la guerre.
“Irremplaçable”
Pour Jonathan Fowler, porte-parole de l’agence à Jérusalem, l’organisation est l’épine dorsale du travail humanitaire dans les territoires palestiniens, notamment à Gaza.
« L’Unrwa est irremplaçable, l’Unrwa est indispensable. Cela reste un fait quelle que soit la législation adoptée hier”, a déclaré M. Fowler, qualifiant le projet de loi de “scandaleux” dans un entretien à l’AFP.
Avec environ 18 000 employés entre la Cisjordanie occupée et Gaza, dont 13 000 enseignants et 1 500 agents de santé, l’agence apporte une aide aux réfugiés palestiniens depuis sa création en 1949.
M. Fowler a déclaré que l’Unrwa espérait que la décision serait annulée et que ce n’était « pas une option pour la remplacer ».
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“Il appartient à la communauté internationale et aux autorités israéliennes, en tant que membres de la communauté internationale, de dire ce qu’est le plan B” si la décision devait être effectivement mise en œuvre dans trois mois, comme l’a annoncé le Parlement.
Mais contrairement à d’autres agences des Nations Unies qui travaillent avec des partenaires externes tels que des écoles ou des hôpitaux pour fournir des services qu’elles financent et coordonnent, l’UNRWA emploie ses propres enseignants et personnel de santé, dont 13 000 dans le groupe. de Gaza.
« L’ensemble du système des Nations Unies et d’autres acteurs internationaux comptent sur les réseaux logistiques et le personnel de l’UNRWA pour faire le nécessaire pour tenter de maintenir la population de Gaza en vie. Nous en sommes l’épine dorsale », souligne M. Fowler.
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Jens Elder, porte-parole de l’Unicef, qui participe actuellement à une campagne de vaccination massive à Gaza avec l’Unrwa, a abordé la question logistique mardi lors d’un point de presse à Genève.
« Si l’UNRWA n’est pas en mesure d’opérer, le système humanitaire à Gaza risque de s’effondrer. L’UNICEF ne sera pas en mesure de distribuer des fournitures vitales », a-t-elle déclaré.
Tarik Jasarevic, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui soutient également la campagne de vaccination contre la polio à Gaza, a déclaré mardi à propos de l’UNRWA que « 3 000 de leurs employés sont du personnel de santé, c’est vraiment unique et aucune agence ne peut comparer, y compris l’OMS ».
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« Très, très sérieux »
Un deuxième texte voté lundi interdit aux responsables israéliens de travailler avec l’UNRWA et ses employés, ce qui devrait perturber considérablement les activités de l’agence, alors qu’Israël contrôle strictement toutes les entrées de cargaisons humanitaires à destination de Gaza.
“D’un point de vue coordination, c’est un problème très, très grave”, insiste M. Fowler.
Comme d’autres agences onusiennes et ONG internationales, l’UNRWA dépend des contacts avec l’armée israélienne ou avec l’organisme du ministère de la Défense qui gère les affaires civiles dans les territoires palestiniens, le COGAT, pour coordonner l’entrée des marchandises à Gaza, la sécurité des mouvements de ses personnel.
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“Dans une situation de guerre”, comme celle qui fait rage à Gaza depuis plus d’un an, “il est encore plus essentiel, la capacité de se déplacer et de faire notre travail dans une sécurité relative, risque d’être sérieusement entravée par l’impossibilité de désamorcer les conflits”. », selon M. Fowler.
De manière plus large, le porte-parole a exprimé sa crainte quant aux conséquences de cette décision sur l’avenir du multilatéralisme.
“C’est un coup porté au multilatéralisme (…) Ce n’est pas le seul endroit au monde où un gouvernement pourrait potentiellement souhaiter se débarrasser d’une Organisation des Nations Unies qu’il considère comme gênante.”