Qui est le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof ? – .

Qui est le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof ? – .
Qui est le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof ? – .

“JEJ’ai quitté ma maison avec mon sac à dos, sans mon téléphone portable. De ma fenêtre, j’ai vu la montagne et les murs de la prison où je risquais de retourner”, raconte Mohammad Rasoulof, lors d’une conférence de presse à Cannes, entouré des actrices Mahsa Rostami et Setareh Maleki. Un exil forcé qu’il résume joliment : « J’ai quitté l’Iran géographique pour rejoindre un autre Iran au-delà des frontières. »

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Les traits tirés derrière ses lunettes noires, il raconte en farsi comment il a trouvé l’asile politique en Allemagne. Et comment il a créé en urgence son nouveau film Les graines du figuier sauvage, avec l’aide d’une petite équipe. Son œuvre raconte l’histoire d’une famille dont le père devient juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, au moment où un immense mouvement de contestation secoue le pays.

La métaphore d’une société et d’une jeunesse sous le joug de la dictature religieuse, mais toujours prêtes à se soulever. Graines de figuier sauvage illustre, selon lui, « un mouvement qui ne s’arrêtera plus ».

Montrer « l’endoctrinement de tout un peuple »

Arrêté à plusieurs reprises, notamment avec son compatriote Jafar Panahi, et incarcéré à deux reprises, Mohammad Rasoulof n’a pas pu intégrer le jury des longs métrages l’an dernier, à l’invitation du Festival de Cannes. Cette année, en montant les marches du Palais, il a montré des photos de deux acteurs restés en Iran : Missagh Zareh et Sohella Golestani. Tous deux risquent des représailles.

Le voici donc aujourd’hui sous les projecteurs, « le cœur lourd » mais toujours heureux de montrer au monde « la banalité du mal » et « comment la République islamiste est capable de tout pour se maintenir au pouvoir et contraindre, voire éliminer, ses opposants ». .

S’il est à la fois artistique et politique, son message est simple : « Je veux montrer l’endoctrinement de tout un peuple. Pour moi, le mot « endoctrinement » signifie : donner son cerveau à un autre. Ce que refusent de nombreux citoyens, pris en otages. Pour ceux qui sont au pouvoir, la religion devient le prétexte d’une arme politique. » Calme, déterminé, Mohammad Rasoulof n’a qu’une seule arme pour dénoncer cet immense lavage de cerveau : le cinéma. Ce qu’il fait depuis le début et qui lui a toujours valu des ennuis avec les autorités de son pays.

Des films redoutés par le régime iranien

Le cinéaste a été primé deux fois au Festival de Cannes, pour Au revoir (2011) et Un homme intègre (2017), présenté dans la section Un certain regard. À son retour en Iran, son passeport et ses effets personnels ont été confisqués à l’aéroport de Téhéran. Il avait été libéré sous caution.

Puis, le 9 juillet 2022, il a été de nouveau emprisonné après avoir signé une pétition demandant aux forces de l’ordre iraniennes de ne plus menacer les civils avec leurs armes, lors de manifestations suite à l’effondrement d’une tour. à Abadan, au sud-ouest du pays. Ses compatriotes et cosignataires, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi, ont également été emprisonnés.

Entre prison et exil, sa vie chaotique ne manque pas de l’inspirer. Il a aussi signé des films redoutés par « ce régime qui se présente comme le pouvoir suprême, mais a peur de nos histoires », constate-t-il. ” Après Le diable n’existe pas (Ours d’Or au festival de Berlin 2020), il m’a fallu quatre ans pour me lancer dans un nouveau projet. Au cours de ces années, j’ai écrit plusieurs scénarios, mais ce qui m’a finalement amené à Graines de figuier sauvage, c’est une nouvelle arrestation à l’été 2022. Je me souviens qu’un responsable m’a avoué qu’en regardant la grande porte de cette prison, il se demandait quel jour il se pendrait pour échapper aux questions de ses enfants qui lui demandaient constamment : « Qu’est-ce que c’est ? tu fais ici ? « Pour moi, c’était comme une étincelle qui a coïncidé avec le début du mouvement Femmes, Vie, Liberté en Iran. »

Tourné dans « l’angoisse d’une conviction nouvelle », ce film est, pour Rasoulof, une manière de contribuer à cet éveil du peuple iranien et au combat des femmes iraniennes. « Faire en sorte, dit-il, que les spectateurs occidentaux comprennent que ne pas porter le voile, qui peut leur paraître banal, est une victoire pour nous. » C’est aussi un message d’espoir pour les nouvelles générations de cinéastes iraniens indépendants.

« Je leur dis : n’ayez pas peur ! Ne vous laissez pas intimider par le régime qui fait tout pour vous contraindre moralement et physiquement. Croyez en la liberté », insiste le cinéaste, déterminé à se battre et à œuvrer librement pour toute la jeunesse iranienne qui ne se soumet pas. « Aujourd’hui, conclut-il, en cachette ou en exil, nous vivons comme des gangsters. Oui, des gangsters de cinéma. »

 
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