Soupçonné du meurtre d’un militaire tchadien, un infirmier militaire français s’est suicidé en prison

Soupçonné du meurtre d’un militaire tchadien, un infirmier militaire français s’est suicidé en prison
Soupçonné du meurtre d’un militaire tchadien, un infirmier militaire français s’est suicidé en prison

Que s’est-il passé exactement au centre médical du camp militaire français de Faya Largeau [Tchad], le 5 septembre dernier ? Selon les explications données à l’époque par les autorités locales, un militaire tchadien venu se faire soigner aurait donné à l’infirmière militaire française qui l’examinait un coup de scalpel à la poitrine, à la tête et au cou, obligeant cette dernière à utiliser son arme pour se défendre.

“Un militaire tchadien, qui n’était pas dans un état normal, est allé se faire soigner dans la base militaire de l’armée française, a pris un scalpel et a blessé une infirmière militaire française”, a rapporté le général Ali Maïde Kebir, gouverneur de la région du Borkou. dont Faya-Largeau est la capitale. “Infirmer a utilisé son arme à feu et l’a tué”, a-t-il ajouté.

Cette version des faits a été corroborée par une Source militaire française. “Nous ne connaissons pas les raisons de l’attaque”, a-t-elle admis, avant d’insister sur le fait que l’infirmière [un adjudant] a dû se défendre. Et de préciser qu’une enquête, menée conjointement par les forces françaises et tchadiennes, avait été ouverte.

Cet incident dramatique a ensuite donné lieu à une manifestation hostile à la présence française devant le camp de Faya Largeau, ainsi qu’à la propagation de rumeurs malveillantes sur les réseaux sociaux.

Cependant, cette affaire a récemment connu un rebondissement, la version de l’adjudant-infirmier, aux états de service impeccables, ayant été remise en cause par l’expertise réalisée à la demande de la section militaire du parquet de Paris, selon laquelle, rapporte Le Dans le Parisien, les “blessures mineures de l’infirmière pourraient avoir été auto-infligées, le patient tchadien n’ayant aucune trace de sang, et seul le profil génétique de l’accusé ayant été retrouvé au bistouri”.

Toujours selon la même Source, le militaire tchadien n’était pas armé et “sa formation militaire spécifique laissait également penser qu’il possédait une expertise qui n’était pas compatible avec les griffures constatées sur l’infirmière”. De plus, poursuit-elle, « le Tchadien décédé a clairement été victime de coups mortels dans le dos et alors qu’il se dirigeait vers la sortie ». Enfin, un médecin-chef et un adjudant-chef ont émis des doutes sur la version du sous-officier qui a tiré les coups de feu… Mais ils n’étaient pas présents au moment des faits.

À son retour du Tchad, suivi pour syndrome de stress post-traumatique après avoir survécu à l’explosion d’un engin explosif improvisé lors d’une mission au Mali, l’adjudant infirmier a été hospitalisé en psychiatrie. Puis, sur la base des informations recueillies au cours de l’enquête, il a été placé en garde à vue le 26 avril, avant d’être mis en examen pour « assassinat » par un juge d’instruction de Paris.

Alors que le parquet avait requis son placement en détention provisoire pour « risque de trouble à l’ordre public, nécessité de conserver les preuves et de protection de l’intéressé contre lui-même », l’adjudant-infirmier a été placé sous contrôle judiciaire. Mais suite à un recours du procureur de la République, il est finalement incarcéré à la prison de Fresnes le 14 mai.

Ce que ce sous-officier, qui maintenait toujours sa version des faits, ne pouvait supporter. « Je ne comprends pas ma présence en prison, je me suis défendu uniquement dans le cadre de mon service en France. Ici, je suis placé à l’isolement car plusieurs détenus ont appris que j’étais militaire. […] S’il vous plaît, essayez de faire quelque chose pour me sortir d’ici, je ne pense pas que je pourrai tenir longtemps », a-t-il écrit à ses parents.

Malheureusement, quatre jours après son arrestation, cet adjudant infirmier de 33 ans a mis fin à ses jours. Mais l’affaire ne s’arrêtera pas là, ses proches ayant porté plainte contre X pour « homicide volontaire » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Elle a également demandé au ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, de saisir l’Inspection générale de la justice.

Interrogé par l’AFP, l’avocat de la famille du sous-officier, Me Patrick Ramaël, a exprimé son indignation. « La principale raison pour laquelle la détention a été demandée était de l’empêcher de se suicider. Et pourtant, c’est cette incarcération qui l’a tué », a-t-il déclaré. Et de constater « d’éventuels dysfonctionnements dans le traitement judiciaire de cette affaire ».

Par ailleurs, Me Ramaël a donné d’autres détails sur les événements survenus à Faya Largeau. Ainsi, selon le récit qu’il a raconté à ses proches, l’adjudant infirmier a « appelé au secours » par talkie-walkie alors qu’il venait d’être agressé, tout en pointant son arme sur le militaire tchadien. Malgré les avertissements, il s’est alors emparé d’une « paire de ciseaux ». Le sous-officier aurait tiré à ce moment-là… Et un autre militaire, « venu à la rescousse », aurait fait de même.

Photo : illustration

 
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