Course cycliste de référence en Afrique et épreuve de classe 2 inscrite au calendrier de l’Union Cycliste Internationale (UCI), le Tour du Faso a été retiré de ce calendrier UCI (parapluie des fédérations cyclistes, comme la FIFA pour le football) en raison de la participation de l’équipe russe du CSKA Moscou (club lié à l’armée russe). En effet, les équipes sportives russes et biélorusses font toutes l’objet d’une sanction internationale (suspension des équipes sportives de plusieurs compétitions, toutes disciplines confondues) en raison de la guerre en Ukraine. Présent à Koudougou pour l’arrivée de la troisième étape, le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, a indiqué que le Burkina Faso n’a à recevoir d’injonctions d’aucun pays pour le choix des pays participants au Tour du Faso. Pour lui, ce n’est ni le Tour de l’Europe ni celui des Etats-Unis ; c’est d’abord le Tour du Faso. Et donc, le Burkina Faso est libre d’inviter qui il veut.
Le Burkina Faso a dérogé aux règles ad hoc de l’Union Cycliste Internationale (UCI), en raison de la participation de l’équipe russe du CSKA Moscou (sous sanction internationale) et voit le Tour du Faso retiré du calendrier UCI, selon un communiqué. de l’organisme qui chapeaute les fédérations nationales de cyclisme. « L’UCI a immédiatement adressé aux organisateurs une lettre officielle leur demandant notamment d’interdire la participation de l’équipe, en application du règlement ad hoc UCI relatif aux mesures contre la Russie et la Biélorussie (Biélorussie). Cependant, malgré cette directive, l’équipe a débuté l’épreuve ce (vendredi) matin”, a indiqué l’autorité dans un communiqué. “En conséquence, l’UCI a immédiatement retiré l’épreuve du calendrier international UCI et étudie actuellement les conséquences disciplinaires liées à la participation de cette équipe.”
Pourquoi une telle décision de l’UCI ?
Le règlement de l’Union Cycliste Internationale est clair : pas d’équipe russe ou biélorusse au départ d’une course UCI. Une mesure en vigueur depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a plus de deux ans et demi. L’article 4 de ce règlement précise : « Les équipes nationales de Russie et de Biélorussie ne sont pas autorisées à participer aux épreuves du calendrier international UCI, y compris aux épreuves UCI telles que les coupes du Monde UCI (y compris la Coupe du Monde UCI). des nations piste UCI) ou les championnats du monde UCI. De même, les équipes composées de coureurs de nationalité sportive russe ou biélorusse ne peuvent pas s’inscrire à une épreuve ou à une compétition basée sur un classement par équipe et ne peuvent en aucun cas s’inscrire en équipe mixte. du calendrier international UCI.
Pourtant, le CSKA Moscou, club russe, a été invité par les organisateurs du 35e Tour du Faso. Une équipe très performante sur les routes burkinabè avec des points chauds glanés et une troisième étape remportée à Koudougou. Ce qui a donc mérité cette sanction, ce retrait du calendrier UCI.
Ayant constaté la présence effective de l’équipe russe, l’UCI a rappelé son commissaire qui était président du jury de ce 35ème Tour du Faso. Selon nos informations, le commissaire UCI est parti très tôt ce dimanche 27 octobre 2024 dans la matinée, bien avant la fin de la 35e édition qui bat actuellement son plein.
Outre la radiation du calendrier UCI, d’autres sanctions disciplinaires pourraient suivre pour le Burkina Faso. Avec ce retrait, le Tour du Faso devient comme « un tour amateur », un tour national et risque de perdre sa notoriété et sa crédibilité, qui attiraient des dizaines de pays d’horizons divers. Les cavaliers professionnels ne participeront plus à cette tournée, selon certains experts.
« Le Burkina Faso est libre et souverain d’inviter qui il veut »
Présent à Koudougou pour l’arrivée de la troisième étape du Tour du Faso 2024, le ministre d’État, ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, n’a pas fait grand chose pour critiquer cette décision. Il a suggéré que le Burkina Faso est libre et souverain d’inviter les pays participants au Tour du Faso. Pour lui, tout pays qui magnifie l’humanisme, la solidarité et respecte la souveraineté du Burkina Faso peut être invité au Tour du Faso. Il a invité notamment les pays occidentaux à se ressaisir, car, pour lui, la souveraineté et l’indépendance du peuple burkinabè se situent à tous les niveaux : social, économique, politique, militaire, sportif, etc.
« À tous les pays qui n’ont pas encore compris notre orientation vers notre souveraineté, notre indépendance, que ce ne sont pas des rêves, ce ne sont pas des cauchemars. Nous invitons ceux qui dorment encore à se réveiller. Ce n’est pas à un pays de nous dire qui nous devons inviter, qui nous ne devons pas inviter, qui doit participer, qui ne doit pas participer. Le terme est Tour du Faso, ce n’est pas Tour de l’Europe, ce n’est pas Tour des États-Unis ; c’est le Tour du Faso. C’est donc d’abord le Burkina Faso avec tous ses amis. Celui qui veut venir respecte nos règles, celui qui veut venir pour qu’ensemble nous magnifiions l’humanisme, la solidarité, la cohésion, nous voulons sincèrement inviter tout le peuple burkinabè à l’accueillir de plein droit et à faire en sorte que son séjour soit véritablement magnifié”, a-t-il déclaré. .
« Je voudrais féliciter tous les pays, leur réitérer notre gratitude et inviter tous nos frères et sœurs sur tout le territoire, partout où se déroulera la tournée ; qu’ils se mobilisent, qu’ils leur réservent un accueil suffisamment chaleureux. A tous les FDS, le VDP mobilisés pour sécuriser le Tour, je tiens à les féliciter, qu’ils tiennent le coup. C’est tous ces éléments, les uns dans les autres, qui indiquent qu’un pays est vivant, qu’un pays avance. Tout pays souhaitant nous rejoindre lors des prochains tours sera le bienvenu. La porte du Burkina est très ouverte mais nous n’allons pas nous laisser dicter la voie ou les positions à prendre ou à ne pas prendre. (…) Donc, de ce point de vue, nous avons le chemin à parcourir. Celui qui vient, qu’il respecte nos caractéristiques. Félicitations à tous les représentants des médias, c’est grâce à vous que le monde sait que nous sommes véritablement sur le chemin de notre victoire dans tous les domaines », a insisté Bassolma Bazié.
Des décisions guidées par des calculs politiques
Visiblement très vexée, Bassolma Bazié a également dénoncé la politique de deux poids, deux mesures de certaines puissances occidentales, promptes à fouler aux pieds les règles qu’elles prétendent elles-mêmes défendre. Celles-ci incluent la non-ingérence de la politique dans le sport. En effet, pour Bassolma Bazié, cette décision de suspendre les athlètes russes et de retirer le Tour du Faso du calendrier UCI est guidée par des calculs politiques.
« Un label de moins pour le Burkina Faso qui n’est plus dans l’UCI ? Tout dépend ; nous n’acceptons pas les étiquettes pour les accueillir. Tout label qui doit contribuer à faire respecter notre souveraineté, notre indépendance, la solidarité et la liberté du peuple burkinabè, ce label est le bienvenu. On ne remplit pas d’étiquettes, on remplit des étiquettes qui magnifient l’humanisme et c’est ce qui compte. Même si c’est avec un label unique qui était là pour magnifier la résilience du peuple burkinabè, nous considérons que l’objectif a été atteint. C’est pourquoi j’invite tout le monde à se réveiller. On ne rêve pas et on ne joue pas au théâtre quand on parle de souveraineté, d’indépendance du peuple burkinabè. Donc de ce point de vue, un label en moins, des labels en plus se présentaient. Nous tenons à féliciter et à indiquer notre disponibilité à accueillir toutes les personnes qui souhaitent venir rejoindre le peuple burkinabè. D’ailleurs, ceux qui ont récupéré l’étiquette, ce n’est pas le peuple burkinabè qui est en confrontation avec son peuple. Ce sont eux qui aiment dire qu’il ne faut pas inviter la politique dans les milieux sportifs mais que quelqu’un fait des calculs politiques en disant qu’il retire son étiquette, en tout cas, vous voyez avec moi très heureux, qu’on est debout et la tournée ça se passe très bien», a déclaré Bassolma Bazié, à l’issue de la troisième étape du Tour du Faso.
Toujours selon nos informations, en réponse à cette décision, le ministère des Sports et la Fédération burkinabè de cyclisme préparent un communiqué commun. Donc à suivre…
En attendant, malgré cette sanction, le Tour du Faso 2024 continue de battre son plein. Ironiquement, la troisième étape courue ce dimanche 27 octobre 2024 a été remportée par le Russe Anton Popov qui porte le maillot de vainqueur d’étape, sponsorisé par l’Union européenne. Quant au maillot jaune de leader, il reste sur les épaules du Marocain Mohcine El Kouraji.
Mamadou Zongo
Lefaso.net