18 milliards d’euros, c’est le déficit de la Sécurité sociale en 2024. L’objectif est de le réduire un peu en 2025 à 16 milliards. Pour ce faire, il y avait déjà ce que l’on savait : pas d’indexation des retraites sur 6 mois, allègement de charges réduit pour les entreprises, moindre remboursement des consultations médicales. Et maintenant se dessine une autre mesure qui va faire du bruit, le durcissement des conditions d’indemnisation des arrêts de travail dans la fonction publique.
On envisage trois jours de carence, c’est-à-dire des jours non payés en cas d’arrêt, il n’y en a qu’un aujourd’hui. Rémunération à 90% du salaire au lieu de 100%à l’exception des maladies professionnelles, des maladies de longue durée et des pathologies liées à la grossesse, est également prise en compte.
En fait, nous dit le gouvernement, ce n’est jamais plus queun alignement du régime public sur celui en vigueur dans le secteur privé. Le secteur privé fonctionne effectivement selon ce régime, mais de nombreux employeurs compensent, notamment dans les grandes entreprises. En réalité, 75 % des salariés du privé ne paient pas leurs jours d’attente.
La mesure est-elle justifiée ?
La mesure est justifiée. Il y a aujourd’hui des arrêts de travail dans la fonction publique de près de 15 jours par an. Dans le privé, c’est un peu moins de 12. Mais au sein de la fonction publique, il existe de très grandes disparités. Dans la fonction publique nationale, par exemple, il y a environ 10 jours d’arrêt maladie, soit moins que dans le secteur privé.
En revanche, le sujet central, ce sont les collectivités locales avec 17 jours d’arrêt de travail, un chiffre qui a augmenté de plus de 12% depuis 2022. Par ailleurs, 40% des agents s’absentent au moins une fois par an. et il y a près de deux arrêts par an et par agent. Le gouvernement attend un milliard 200 millions d’euros.
L’objectif est de limiter la croissance de ces arrêts maladie qui ont augmenté de plus de 10% l’an dernier. L’expérience montre encore qu’il faut être prudent car lorsqu’on a introduit pour la première fois cette journée de carence, c’était sous l’ère Sarkozy en 2012, on a vu qu’en réalité, les agents compensaient en allongeant la durée moyenne de leur arrêt. Ce qui montre bien que le problème central reste celui du management.
Organiser une deuxième journée de solidarité
Avec cette mesure, nous impliquons les entreprises, les retraités, les actifs, puis les assurés de l’assurance maladie. C’est ce qui a amené certains parlementaires à proposer une bonne idée. Plutôt que de diminuer les protections offertes par notre système social, disent-ils : il vaudrait mieux travailler davantage avec une deuxième journée de solidarité. Bref, cela reviendrait à travailler un jour de plus pour le même salaire.
Chaque entreprise réduirait un jour de congé pour ses salariés, soit un jour férié, soit un jour de RTT. C’est ce qui a été fait pour la première journée de solidarité, il y a 20 ans, en supprimant le lundi de Pâques. À mesure que les salariés travaillent davantage pour le même prix, les entreprises gagnent davantage et paient en retour. une cotisation spéciale à la Sécurité Sociale d’un peu plus de 2 milliards par an. Cela permettrait soit d’être un peu moins sévère sur les mesures envisagées, soit de réduire davantage le déficit de la Sécurité sociale.
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