(Jérusalem) Israël a annoncé samedi le lancement de « frappes de précision » sur des cibles militaires en Iran, en représailles à des attaques contre lui, au moment où plusieurs explosions ont été entendues par l’AFP à Téhéran.
Publié à 19h45
Mis à jour à 21h41
Cyril JULIEN avec Ramin KHANIZADEH
Agence France-Presse
Les attaques israéliennes en Iran relèvent de la « légitime défense », selon la Maison Blanche.
“En réponse aux mois d’attaques continues du régime iranien contre l’Etat d’Israël, l’armée israélienne mène actuellement des attaques ciblées contre des cibles militaires en Iran”, a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.
« Le régime iranien et ses alliés dans la région continuent d’attaquer Israël depuis le 7 octobre. [2023] – sur sept fronts – y compris des attaques depuis le sol iranien (…). L’État d’Israël a le droit et le devoir de répondre. Nos capacités défensives et offensives sont pleinement mobilisées», a également assuré l’armée dans un communiqué.
Un journaliste de l’AFP présent dans le centre de Téhéran a entendu plusieurs explosions.
Les premières détonations ont eu lieu vers 02h15 heure locale (18h45 heure de l’Est vendredi), principalement à l’ouest de Téhéran, selon l’agence de presse officielle IRNA.
La télévision d’État iranienne a fait état d’au moins « six détonations » entendues près de Téhéran. Certaines explosions étaient dues à « l’activité du système de défense aérienne », a-t-il précisé, citant des sources sécuritaires.
L’Iran a lancé le 1ET Octobre environ 200 missiles sur Israël, dont plusieurs missiles hypersoniques pour la première fois. Israël avait promis de faire payer l’Iran pour cette attaque.
“Autodéfense”
« Nous comprenons que les attaques ciblées d’Israël contre des cibles militaires en Iran constituent des manœuvres d’autodéfense et surviennent en réponse à l’attaque de missiles balistiques iraniens contre Israël le 1ET octobre », a déclaré Sean Savett, porte-parole du Conseil exécutif national de sécurité des États-Unis.
Les Etats-Unis ont été informés au préalable par leur allié Israël de ces attaques, mais Washington n’a pas été impliqué dans cette opération, a indiqué un responsable américain de la défense.
La situation dans les deux aéroports de Téhéran est “normale”, a rapporté la télévision d’Etat dans la nuit de vendredi à samedi, et les vols se poursuivent “selon le calendrier prévu”, selon la même Source.
« Aucun incendie ni explosion » n’a également été signalé dans la principale raffinerie de Téhéran, a rapporté l’agence de presse locale Tasnim.
Les attaques interviennent dans un contexte de tensions régionales exacerbées il y a un an par la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, et par son extension au Liban voisin, où l’armée israélienne affronte le Hezbollah.
Ces deux mouvements islamiques s’opposent à Israël et sont soutenus financièrement et militairement par l’Iran, qui a fait du soutien à la cause palestinienne l’un des piliers de sa politique étrangère depuis la fondation de la République islamique en 1979.
Les lancements de missiles iraniens du 1ET Le mois d’octobre a été présenté par Téhéran comme des représailles aux attaques israéliennes au Liban, qui ont coûté fin septembre la vie à un général iranien et chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Ce dernier, qui dirigeait le mouvement libanais depuis plus de 30 ans, entretenait des liens étroits avec l’Iran.
Les responsables iraniens ont également justifié cette opération comme une réponse à l’assassinat sur leur territoire, attribué à Israël, d’Ismaïl Haniyeh, alors chef du Hamas.
Ces dernières semaines, l’Iran a joué à la fois la tension et la détente face aux menaces de représailles israéliennes sur ses tirs de missiles.
“Nous vous frapperons encore douloureusement” en cas d’attaque, a prévenu le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la révolution, la puissante armée idéologique chargée de défendre le régime de la République islamique.
Voyage diplomatique
Parallèlement, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi mène une intense campagne diplomatique.
En deux semaines, il s’est rendu dans tous les pays du Moyen-Orient, à l’exception d’Israël, pour tenter d’apaiser les tensions. Il s’est notamment rendu à Oman, qui sert généralement d’intermédiaire dans les négociations indirectes avec les États-Unis. Il s’est également rendu en Égypte, ce qu’aucun responsable iranien de son niveau n’avait fait depuis 2013.
« Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix », a insisté à plusieurs reprises Araghchi, assurant toutefois que l’Iran est « totalement prêt à affronter une situation de guerre ».
En avril, Téhéran avait déjà lancé des missiles et des drones contre Israël, lors d’une opération inédite après une attaque meurtrière contre son consulat en Syrie, imputée à l’armée israélienne.
Des détonations ont ensuite été signalées dans le centre de l’Iran, de hauts responsables américains évoquant dans les médias une réponse israélienne.
Israël, pour sa part, n’a jamais revendiqué la responsabilité de l’attaque.
L’Iran, de son côté, a minimisé ces détonations dont l’origine n’a jamais été clairement expliquée.
Attaque israélienne en Syrie
En Syrie, la défense antiaérienne de l’armée a été activée samedi matin pour contrer une attaque aérienne de “l’ennemi israélien”, a indiqué une Source militaire citée par l’agence nationale syrienne officielle SANA.
Vers 2 heures du matin (19 heures, heure italienne), « l’ennemi israélien a lancé une attaque aérienne avec des volées de missiles » tirés depuis le « Golan occupé » contre « des positions militaires au centre et au sud » de la Syrie, a indiqué une Source militaire citée par Sana. .
“Notre défense antiaérienne a fait face aux missiles ennemis et en a abattu certains”, a indiqué la Source, ajoutant qu’une évaluation de l’impact potentiel de “l’agression” était toujours en cours.
Auparavant, l’agence SANA avait parlé de “bruits d’explosions” entendus près de Damas, la capitale syrienne.
De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a assuré que “l’armée de l’air israélienne a ciblé une position de défense anti-aérienne de l’armée syrienne dans la région de Soueida”, au sud de la Syrie.
“La défense anti-aérienne a été activée” dans plusieurs régions du pays, notamment à Homs (Centre) et à Damas et ses environs, pour “tenter de toucher les avions israéliens qui traversaient l’espace aérien syrien”, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, une ONG qui dispose d’un large réseau de sources en Syrie.