C’est l’une des chansons les plus emblématiques du répertoire de Charles Aznavour. En 1971, l’artiste franco-arménien sort un album intitulé « Non, je n’ai rien oublié ». Parmi les titres de la tracklist figure « Mourir d’aimer », une chanson écrite par Charles Aznavour. Cette dernière, aussi magnifique qu’émouvante, trouve son inspiration dans une terrible affaire judiciaire que le réalisateur André Cayatte venait d’adapter au grand écran, dans un film éponyme mené par Annie Girardot.
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C’est une histoire qui a défrayé la chronique en France à la fin des années 1960. Celui de Gabrielle Russer, une enseignante d’une trentaine d’années, jugée pour avoir eu une liaison avec un élève mineur (à cette époque, la majorité en France est à 21 ans). En 1968, ce professeur de lettres, travaillant à Marseille, entame une histoire d’amour avec Christian Rossi, 16 ans. Les parents de ce dernier se sont immédiatement opposés à cette relation et, devant le refus de leur fils de la rompre, ont porté l’affaire devant le tribunal des enfants. Le corps judiciaire l’a envoyé dans un autre établissement, à Argelès-Gazost.
Une actualité marquante
Mais l’adolescent, qui ne supporte pas la séparation, tente de se suicider, puis s’enfuit de l’internat. Gabrielle Russer le rejoint et les parents de Christian Rossi décident alors de porter plainte pour détournement de mineur et enlèvement.
En décembre 1968, Gabrielle Russer est arrêtée et incarcérée à la prison des Baumettes. Christian Rossi intervient auprès du juge pour libérer le professeur qui ne reste que cinq jours en prison. Il est alors transféré dans un nouvel établissement. Désormais, les deux amoureux n’ont plus le droit de se rapprocher, sauf lors de rendez-vous convenus à l’avance.
Après quelques mois, les parents du lycéen l’envoient dans une clinique psychiatrique puis chez sa grand-mère. Christian Rossi s’évade une nouvelle fois et Gabrielle Russer se retrouve en détention pour avoir refusé de révéler la cachette du jeune homme.
Le procès s’ouvre en juillet 1969. Gabrielle Russer est condamnée à un an de prison avec sursis pour enlèvement et détournement de mineur, ainsi qu’à une amende de 1 500 francs. Mais une fois libéré, le parfum du scandale et les conséquences du procès de l’époque lui furent insupportables. Après une première tentative durant l’été, Gabrielle Russer met fin à ses jours le 1er septembre 1969. Elle est retrouvée morte dans son appartement après avoir allumé le gaz.
Quand le cinéma s’empare de l’affaire
Cette affaire n’a pas seulement inspiré Charles Aznavour. D’autres artistes s’en emparent, comme Serge Reggiani pour sa chanson « Gabrielle » (1970) ou Anne Sylvestre pour « Des fleurs pour Gabrielle » (1971). Enfin, en plus du long métrage d’André Cayatte, l’histoire de Gabrielle Russer est adaptée au petit écran à travers un téléfilm réalisé par Josée Dayan, avec Muriel Robin.