à Gaza et en Cisjordanie, la récolte des olives se fait dans la peur de la guerre et des colons

“Nous sommes heureux que la saison des olives ait commencé mais nous avons peur car nous sommes en état de guerre”, explique Rami Abou Assad, propriétaire de champs à Deir el-Balah et vient presser ses olives au moulin à huile. Zawayda, à quelques kilomètres au nord.

Ses ouvriers, qui récoltent les olives à la main, entendent le moindre bruit d’avion de chasse qui pourrait bombarder les environs. “Il est clair que nous sommes des travailleurs et que nous ne faisons rien d’autre”, assure-t-il alors que les troupes israéliennes mènent une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon Israël, le Hamas tente de reconstituer ses forces.


La barrière de séparation israélienne passe par le village de Beit Awa, à l’ouest d’Hébron, en Cisjordanie occupée.

HAZEM BADER/AFP

L’offensive militaire israélienne à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, a dévasté des régions entières et provoqué une grave crise économique et humanitaire dans le territoire assiégé. Selon l’ONU, 68 % des terres agricoles ont été endommagées et les agriculteurs n’ont pas pu fertiliser ou irriguer leurs terres. “Le nombre d’oliviers restants est très faible et les coûts sont très élevés”, explique Rami Abou Assad.

Pénuries et hausses de prix

Jamal Abou Chaouich, ingénieur agronome, explique que cette année la production n’a pu atteindre que 15 000 tonnes, contre 40 000 tonnes les années précédentes. La pénurie et la destruction auront également un impact négatif sur la qualité de ces fruits, tandis que les prix du pressage sont exorbitants en raison du manque de carburant pour faire fonctionner les machines de tri des olives et de pressage de l’huile.

En Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, c’est la peur des attaques des colons israéliens qui empêche les Palestiniens d’accéder à leurs oliveraies, quand celles-ci n’ont pas été endommagées ou détruites. Khaled Abdallah ne récoltera pas d’olives cette saison sur ses terres proches de la colonie israélienne de Beit El. « Je n’ai même pas envisagé d’aller sur ces terres proches de la colonie car la situation est très dangereuse », a-t-il déclaré. Cette année, il se contente des olives de sa propriété située dans le village de Jifna, au nord de Ramallah.


Selon l’ONU, 68 % des terres agricoles ont été endommagées et les agriculteurs n’ont pas pu fertiliser ou irriguer leurs terres.

HAZEM BADER/AFP

Comme d’autres Palestiniens propriétaires de terres oléicoles à proximité des colonies, Khaled Abdallah s’est coordonné avec des ONG israéliennes pour obtenir des permis spéciaux pour ces cultures. Mais « il n’existe plus d’organisations de défense des droits qui puissent nous protéger des attaques des colons et il n’y a plus de coordination », dit-il.

Jeudi, une Palestinienne a été tuée par balle alors qu’elle cueillait des olives près de Jénine, près de la barrière de sécurité séparant Israël de la Cisjordanie. Selon sa famille, elle a été tuée par « un Israélien portant un uniforme militaire ».

Des heurts « tous les jours »

L’armée israélienne assure que tout sera fait pour “assurer la sécurité de la région et de ses habitants, tout en permettant aux résidents locaux de récolter leurs propres produits”. Pour de nombreuses familles palestiniennes pauvres, la saison des olives représente une Source de revenus essentielle, mais les oliveraies sont depuis des décennies une Source de tensions entre agriculteurs palestiniens et colons israéliens en Cisjordanie, notamment sur l’accès à la terre.

Et la violence s’est intensifiée depuis le début de la guerre à Gaza. Les attaques des colons ont augmenté « de manière significative » cette année, souligne l’ONG israélienne de défense des droits humains Yesh Din.


La récolte des olives est au centre de la vie et de la culture palestinienne, mais elle est également le théâtre d’affrontements permanents entre agriculteurs palestiniens et colons israéliens, avec des différends sur l’accès à la terre.

HAZEM BADER/AFP

 
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