Journée surf, par Maylis de Kerangal

Dix ans après le magnifique Réparer le vivantMaylis de Kerangal semble avoir trouvé la clé du succès. Journée de surf ramène l’auteure française au sommet de son art, tant sur le fond que sur la forme – on saura d’ailleurs le 22 octobre prochain si le roman fait partie des quatre finalistes du prix Goncourt.

Une femme, la narratrice, reçoit un appel de la police du Havre, ville portuaire du nord de la France. Elle est convoquée au commissariat : un corps a été découvert sur la plage, avec un morceau de papier dans sa poche sur lequel est inscrit son numéro de téléphone.

Une histoire qui commence comme un thriller, avec une ambiance de roman noir, et pourtant Journée de surf ce n’est ni l’un ni l’autre. Il s’agit plutôt du voyage d’une quinquagénaire qui retourne dans les lieux de sa jeunesse, où elle n’avait pas mis les pieds depuis des décennies. Au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, « l’enquête » devient à la fois interne et externe, entre passé et présent, sociale et personnelle.

L’auteur aborde autant de sujets interdépendants dans ce roman dense, dense, à l’écriture serrée et aux phrases longues qui s’étendent parfois sur deux pages, sans jamais perdre le fil conducteur ni l’enjeu. On suit les pensées du personnage, on est fasciné par le vocabulaire toujours précis, on apprend beaucoup de choses. L’ensemble est parfois un peu agaçant, mais il reste surtout cohérent, brillant et enivrant, jusqu’à la dernière phrase.