Alors que l’examen du projet de loi de finances 2025 débute ce mercredi après-midi à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national a présenté en fin de matinée son projet de budget. Un projet de « rupture », comme l’a annoncé Jean-Philippe Tanguy, le député RN de la Somme, chargé des questions économiques. Un budget qui est aussi, selon lui, une réponse à la « trahison morale » des propositions de Michel Barnier.
Le RN dénonce une future hausse du coût du travail, avec les hausses de charges annoncées pour les entreprises, et des dépenses qui vont, affirme-t-il, « continuer à augmenter de 2,1 % par rapport à 2024 ». Quelques heures plus tôt, depuis le Mondial de l’Automobile de Paris, Jordan Bardella, le président du RN, avait affirmé qu’en l’état, son parti « ne votera pas le budget ». Cependant, que Michel Barnier opte ou non pour le 49-3 pour faire adopter son budget, sans la bonne volonté du RN, l’aventure pourrait prendre fin. En attendant, le RN continue d’avancer ses pions et augmente la pression.
L’immigration réduite de 4 milliards
Dans le détail, le RN propose un projet soutenu par « 15 milliards d’économies nettes ». Avec des différences notables par rapport aux propositions de Michel Barnier. Notamment sur les communautés. Alors que le gouvernement leur demande 5 milliards d’euros d’effort, le RN vise 1,3 milliard d’économies mais en concentrant ce tour de vis sur les régions et les plus grandes intercommunalités. Les communes et départements seraient épargnés.
Il veut surtout réduire le budget de l’immigration de 4 milliards d’euros, notamment en remplaçant l’aide médicale de l’État par une aide médicale d’urgence pour un gain de « 1,2 milliard d’euros ». Mais aussi en réservant l’hébergement d’urgence aux personnes en situation régulière (« 300 millions d’euros ») et la prime d’activité aux personnes de nationalité française (« 1 milliard d’euros »). Toujours en termes d’économies, le RN propose de réduire le « train de vie » de l’État de 600 millions d’euros et de rétablir « l’égalité des jours d’attente entre le public et le privé ». »
Réduction de TVA
Si le RN s’engage à maintenir les investissements dans la justice, à créer « plus de prisons », sur la sécurité et la recherche, il refuse en revanche la baisse des allègements de charges pour les entreprises proposée par Michel Barnier. Une disposition que souhaitent également annuler Gabriel Attal et Thomas Cazenave, l’ancien ministre du Budget, qui y voient un risque pour l’emploi.
Le RN promet aussi de « restituer 15 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français. » Pour y parvenir, il baisserait la TVA sur l’électricité et les produits de première nécessité et annulerait le décalage de l’indexation des retraites de janvier à juillet.
Spéculation dans le viseur
Enfin, pour assurer le financement de ce projet, le RN propose un « rééquilibrage fiscal » massif de plus de 20 milliards d’euros. « Les rentes, la spéculation et la fraude » seraient visées. L’une des mesures phares consisterait à taxer les rachats d’actions à 33%, soit bien plus que ce que propose le gouvernement.
Alors que ce dernier espère 200 millions d’euros de cette mesure, le RN en attend 9 milliards. « Nous voulons mettre un terme aux rachats d’actions », assure Jean-Philippe Tanguy. Une taxe sur les excédents de dividendes verrait également le jour pour un gain estimé à 750 millions d’euros.