à Garissa, les inondations « ont tout englouti »

à Garissa, les inondations « ont tout englouti »
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“Comme si c’était la fin du monde” : assis au bord d’une route, à proximité d’abris de fortune, Abdi Hussein évoque l’inondation qui a frappé sa région, à l’est du Kenya, faisant monter “les eaux encore et encore, jusqu’à tout engloutir”. .

Cet homme de 32 ans contemple l’eau couleur rouille ainsi que les abris faits de bâches et de ficelles en plastique, refuges pour ceux qui, comme lui et sa femme, ont tout perdu.

La ville de Garissa a déjà connu des catastrophes liées aux conditions météorologiques, mais jamais une telle catastrophe, affirment ses habitants.

Femmes dans un camp pour personnes ayant dû quitter leur domicile à cause des inondations, à Garissa, dans l’est du Kenya, le 8 mai 2024. / LUIS TATO / AFP

Cette année, la saison des pluies a été intensifiée par un épisode du phénomène climatique El Niño qui a débuté mi-2023. Des semaines de pluies torrentielles ont entraîné des inondations meurtrières : 257 personnes sont mortes dans ce pays d’Afrique de l’Est. Des villages entiers ont été submergés, des routes coupées et près de 55 000 familles déplacées.

Les pluies ont inondé cinq barrages, provoquant des débordements massifs d’eau en aval sur Garissa, la rivière Tana et Lamu – une région qui abrite plus de 1,5 million d’habitants.

« Nous n’avons pas vu beaucoup de pluie nous-mêmes, mais notre plus grand malheur est de vivre en aval », a déclaré Mwanajuma Raha, dont la maison a été détruite par les inondations.

Des approvisionnements difficiles

A 27 ans, Suleiman Vuya Abdulahi a déjà été déplacé sept fois par des inondations depuis sa naissance. Mais cette fois-ci fut sans doute la pire : le jeune agriculteur qui ne savait pas nager a dû passer plusieurs jours sur le toit de sa maison en attendant les secours.

Il venait tout juste de se remettre de son dernier exil involontaire, après avoir été déplacé pendant trois mois en novembre.

“Citoyens ordinaires comme nous, nous sommes vraiment en difficulté”, dit-il à l’AFP.

Vue aérienne de Garissa, dans l’est du Kenya, inondée après de fortes pluies. 8 mai 2024. / LUIS TATO / AFP

Certains refusent de quitter leur logement, par peur des pillages, préférant camper sur le toit, quitte à nager pour trouver de la nourriture.

Garissa est approvisionné avec beaucoup de difficultés : la route principale a été coupée et l’approvisionnement de cette ville commerçante proche de la frontière somalienne se fait désormais par avion ou par bateau, ce qui a provoqué une flambée des prix.

Fatigue et faim

De petits bateaux à moteur – à l’origine des bateaux de tourisme sur le lac Naivasha, à plus de 400 kilomètres de là – sont constamment sollicités pour transporter des personnes et de la nourriture indispensable.

Parfois, le voyage se termine tragiquement : un bateau bondé a chaviré le mois dernier. Les corps de sept personnes, dont une écolière, ont été retrouvés mais une dizaine de personnes sont toujours portées disparues.

Omari Ramadan, 36 ans, nettoie une chaussure, près de motos immergées, dans son magasin de Garissa, dans l’est du Kenya, inondé après le mauvais temps. 9 mai 2024. / LUIS TATO / AFP

Depuis, les autorités veillent à l’embarcadère à ce que tous les passagers portent un gilet de sauvetage et que le bateau ne soit pas surchargé.

Mohamed Mansur Ali, batelier de 36 ans, souligne la difficulté de sa tâche : « On dort à peine, on arrive à 6 heures du matin et on termine à 18 heures. Mais alors que tu pourrais te reposer, ils t’appellent pour un patient qui a besoin de se reposer. aller à l’hôpital.”

La crise que traverse le pays pourrait encore s’aggraver avec la poursuite des pluies. Dans le centre du Kenya, l’immense barrage de Masinga a déjà atteint des niveaux « historiques ».

Par ailleurs, selon Daud Ahmed Shalle, le coordinateur régional de la Croix-Rouge kenyane, la situation est « désastreuse » dans les 11 camps qui abritent près de 6 500 familles du comté de Garissa.

“Nous avons beaucoup de gens dans les camps dont le besoin fondamental, ou le besoin le plus urgent en ce moment, est le manque de nourriture”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Les ONG ont appelé à un financement accru pour faire face à la crise et ont souligné que les populations les plus touchées sont celles les moins responsables des événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique.

« L’impact du changement climatique… sur les populations est irréversible et ne fera qu’empirer, entraînant une augmentation continue de la demande mondiale d’aide humanitaire », a déclaré Melaku Yirga, directeur régional pour l’Afrique. Afrique de l’Est et australe de l’association caritative américaine Mercy Corps.

 
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