Qu’est-ce que le no-landing, ce scénario économique qui commence à inquiéter la Bourse ?

Qu’est-ce que le no-landing, ce scénario économique qui commence à inquiéter la Bourse ?
Qu’est-ce que le no-landing, ce scénario économique qui commence à inquiéter la Bourse ?

(BFM Bourse) – Le « no landing », scénario où forte croissance américaine se conjugue avec une inflation persistante, a commencé à inquiéter les investisseurs il y a quelques jours. Parce que cela poserait un dilemme important à la Réserve fédérale américaine.

C’est une question qui revient fréquemment en bourse : comment va se comporter l’économie (notamment américaine) ? Les termes « soft-landing » et « hard-landing » sont donc régulièrement utilisés par les spécialistes du marché.

Ces anglicismes font référence à la manière dont l’économie se comporte lorsque l’inflation baisse. Les grandes banques centrales ont fortement relevé leurs taux directeurs pour freiner la hausse des prix en 2022 et 2023 puis les ont maintenus à des niveaux élevés jusqu’en juin pour la Banque centrale européenne (BCE) et en septembre pour la Réserve fédérale américaine (Fed).

L’« atterrissage en douceur » décrit un scénario dans lequel l’économie absorbe le choc des hausses de taux sans tomber dans la récession tandis que les banques centrales parviennent à contrôler l’inflation. Dans le cas d’un « hard landing », l’inflation revient certes à un niveau acceptable mais l’économie tombe en récession (pour simplifier).

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Un scénario où l’inflation repart

Depuis plusieurs mois, les marchés se concentrent sur le scénario d’un « atterrissage en douceur », qui semble en réalité le plus probable, tout en craignant un « atterrissage brutal ». Fin septembre, Bank of America notait que l’« atterrissage en douceur » était déjà pleinement intégré pour les marchés européens.

“La question qui se pose est la réaction de l’économie après cette période de taux élevés : va-t-on vers un ‘atterrissage en douceur’, le scénario le plus probable, ou vers une récession plus sévère ?” » a interrogé Arnaud Colombel, directeur général de Mandarine gestion, dans une note publiée lundi.

Mais un autre scénario pour l’économie américaine commence également à flotter dans les esprits : le « no-landing ». “Un atterrissage en douceur (ou pas d’atterrissage) aux Etats-Unis redevient le scénario de base, après que les craintes d’un ralentissement de l’économie américaine cet été ne se soient pas concrétisées”, a par exemple écrit Deutsche Bank lundi.

Ce scénario de « sans atterrissage » pour l’économie correspond au scénario où « la croissance économique américaine resterait solide, tandis que le ralentissement actuel en Europe s’inverserait », expliquait en mars John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud.

« L’inflation sous-jacente resterait stable, à un ou deux points de pourcentage au-dessus des objectifs de la banque centrale, ce qui encouragerait les responsables de la politique monétaire à continuer de maintenir les taux d’intérêt à un niveau bas. élevé », a-t-il poursuivi.

Des taux qui risquent de ne plus baisser

Le problème reste que ce scénario, s’il se réalisait, obligerait les banques centrales à réexaminer les cycles d’assouplissement monétaire qu’elles viennent d’entamer.

“Dans ce cas théorique également, la Fed serait amenée à gérer plus étroitement ses taux directeurs et nous pourrions assister, entre autres, à des bulles d’actifs et à des déséquilibres en matière d’emploi”, a souligné John Plassard.

Le spécialiste a souligné que dans un tel scénario, les obligations d’État souveraines constitueraient les actifs les plus à risque, avec un risque de fortes liquidations sur ces titres. Du côté des actions, la volatilité pourrait augmenter. “L’incertitude des marchés boursiers pourrait conduire à un comportement prudent de la part des investisseurs”, a jugé John Plassard.

Ce scénario de « no-landing » s’est renforcé en fin de semaine dernière, après le dernier rapport sur l’emploi américain, qui faisait état de créations d’emplois presque deux fois plus fortes que prévu par les économistes. au mois de septembre. Le chômage a également diminué et les salaires horaires américains ont repris leur hausse.

Cela a fait souffrir les obligations américaines. Le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans est passé d’environ 3,84% jeudi à plus de 4% depuis lundi. N’oubliez pas que les prix des obligations évoluent dans la direction opposée aux taux.

“Ce qui pourrait arriver, c’est que la Fed ne baisse plus ses taux, ou qu’elle se retrouve obligée de les relever à nouveau”, a prévenu George Catrambone de DWS America, cité par Bloomberg.

Le problème est que les investisseurs anticipent 50 points de base supplémentaires (0,5 point de pourcentage) de baisses de taux de la part de la Fed d’ici la fin de l’année, selon l’outil Fedwatch du groupe CME. Et 150 points de base d’ici fin 2025.

Jason Draho, de l’UBS, tempère toutefois les craintes. “Un scénario de non-atterrissage n’est un risque que s’il s’agit réellement d’un scénario de réaccélération de l’inflation”, explique le spécialiste. « Rien n’indique que cela se produise aujourd’hui, mais c’est un risque en 2025 », conclut-il.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

 
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