TEL-AVIV | “Je suis toujours à Gaza, je ne suis pas partie”, déclare Aviva Siegel, otage du Hamas depuis 51 jours et qui attend le retour de son mari Keith, toujours captif dans la bande de Gaza.
Keith et Aviva Siegel, la soixantaine, ont été capturés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre sur le kibboutz Kfar Aza (sud d’Israël), théâtre d’un massacre commis par des commandos du mouvement islamiste palestinien.
“Je suis tout le temps en esprit avec Keith, je ne supporte pas de penser que lui et les autres otages sont à 40 mètres sous terre, qu’ils n’ont pas d’air à respirer, qu’ils n’ont rien à manger, ils n’ont rien de bon», a-t-elle déclaré à l’AFP.
Libérée lors de la seule trêve de la guerre qui a permis à 105 otages de quitter Gaza fin novembre en échange de la libération de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël, Mme.moi Siegel a été l’une des premières ex-otages à raconter son calvaire.
“J’ai souhaité mourir tant de fois” en captivité, dit-elle, la voix brisée par l’émotion. “Quand je suis sorti, j’avais perdu 10 kilos, je pouvais à peine marcher, manger ou boire, je ne veux pas imaginer la situation dans laquelle se trouve Keith.”
M.moi Siegel dit qu’elle est venue peu après sa libération aux rassemblements hebdomadaires organisés à Tel Aviv par le Forum des familles d’otages pour exiger que les autorités israéliennes signent un accord de trêve avec le Hamas qui permettrait la libération des otages.
“Impardonnable”
Evoquant le tunnel au sud de la bande de Gaza où l’armée a retrouvé fin août les corps de six otages, abattus selon Israël par leurs ravisseurs, elle se souvient du sous-sol dans lequel elle a été retenue pendant des semaines avec son mari. “Keith est toujours là”, a-t-elle déclaré à l’AFP en marge d’une de ces manifestations.
“Je viens [à ces rassemblements] parce que je vois Keith devant moi, je vois les jeunes femmes [otages]Je pense à eux tout le temps et je me demande ce que je peux faire de plus […] il faut les éliminer, c’est trop cruel […]c’est insupportable et impardonnable », proteste-t-elle.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 97 sont toujours otages dans la bande de Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Comme Mmoi Siegel, Raz Ben Ami, a été libéré lors de la trêve de novembre. Son mari, Ohad Ben Ami, 55 ans, avec qui elle a été capturée au kibboutz Beeri, est toujours détenu à Gaza.
“Cruel”
M.moi Ben Ami a beaucoup de mal à quitter la maison, selon sa fille, Ella Ben Ami. Mais la découverte récente des six otages tués l’a poussée à appeler à la libération de son mari.
Mi-septembre, lors d’une manifestation à Tel-Aviv, elle a pris la parole, vêtue d’un T-shirt avec la photo de son mari.
“J’en ai marre, j’ai passé 54 jours en captivité […]J’en ai marre que mon gouvernement n’en fasse pas assez pour ramener les otages […] Je suis fatiguée de ce cauchemar qui me ramène chaque jour à Gaza », a-t-elle déclaré : « Je suis fatiguée d’enterrer les otages qui sont revenus dans des cercueils. […]Le Hamas est cruel et ne nous les ramènera pas, mais le gouvernement peut et doit les ramener. »
Habituée des manifestations du samedi soir à Tel Aviv, Bat-Sheva Yahalomi y participe en brandissant le portrait de son mari, Ohad Yahalomi, capturé blessé chez eux au kibboutz Nir Oz, dans l’espoir qu’il pourra la voir de Gaza et garder « espoir ».
Bat Sheva Yahalomi
PhotoAFP
Mais pour cette Franco-Israélienne, mère de trois enfants, dont l’aîné, Eitan, 12 ans au moment de son enlèvement, a passé 52 jours en otage à Gaza, « nous sommes encore le 7 octobre ».
« Ce qui me brise, c’est le désespoir, l’idée que [les otages] « Perdez espoir et ne croyez pas qu’ils seront un jour sauvés », dit-elle dans le salon de sa nouvelle maison dans un kibboutz du centre d’Israël.
“Je préfère espérer”
“Je pense aussi que la dernière chose qu’il a vue, c’est notre enlèvement, et il ne sait probablement pas ce qui nous est arrivé”, a-t-elle déclaré à propos du moment où des hommes armés l’ont emmenée, elle et ses trois enfants, alors qu’il gisait blessé mais conscient à l’entrée du bâtiment. leur maison.
M.moi Yahalomi a réussi à s’enfuir avant d’être emmenée dans la bande de Gaza et est revenue à Nir Oz avec ses deux filles, âgées de 10 ans et demi, apercevant au loin son fils partir vers l’inconnu à moto. de ses ravisseurs.
Sur le réfrigérateur, en plus des habituelles photos de famille des temps plus heureux, se trouve un portrait de son mari, surmonté de l’inscription « Bring Them Home ».
Ohad Yahalomi, 50 ans, employé de l’Autorité des Parcs et de la Nature, “aime la famille et la nature”, selon son épouse qui, discrète sur ses propres difficultés de la vie depuis le 7 octobre, préfère parler de celles de ses enfants, qui en parlent souvent. leur père, demandant s’il est vivant.
“Je leur dis la vérité”, témoigne-t-elle : “Je ne sais pas, mais je préfère espérer qu’il est vivant.”
Lorsqu’elle imagine son retour, elle dit espérer qu’« il ne soit pas l’ombre de lui-même. Mais si parfois je crois à son retour, je ne suis pas sûr qu’il soit encore en vie.